Coeur Turbulent

[Chapitre 26]

Au petit matin, Vanessa se réveilla avec un horrible mal de crâne. Complètement sonnée, elle attrapa ses cheveux et tira dessus avant de se mettre à tapoter sa tête. Si seulement elle pouvait ne pas avoir tant de mal.

Dandinant, elle arriva, malgré elle, à gagner la salle de bain au fond du couloir. Elle fut heureuse de ne pas rencontrer Carter. Elle ne voudrait pas qu'il l'aperçoive avec cette vieille image d'elle.

A peine la porte fermée, elle se précipita devant le miroir pour voir son reflet. Catastrophe ! Elle était affreuse. Elle espérait, au plus profond d'elle, qu'il ne l'avait pas vu ainsi la nuit dernière. C'était vrai. Avec le maquillage qui coulait ainsi et la trace de rouge à lèvres repartie de la pire des manières autour de sa bouche. Il y avait de quoi s'inquiéter. Vanessa commença à courir ses mains sur son corps, afin de s'assurer d'être tout entière. Elle se rappela alors de sa brûlure. Elle leva les yeux sur le miroir et dégagea ses cheveux. Sa cicatrice était encore recouverte de maquillage. C'était à peine visible, elle espérait l'être beaucoup moins hier dans la soirée.

Dans une agitation démesurée, due à son besoin de se rappeler des événements de la veille, Vanessa se lava. En se brossant les dents, des flaches de la soirée lui revenaient.
Elle se voyait attabler, à supplier de la laisser sombrer sans que les parents en connaissent la raison. Juste pour oublier les mots de Carter.

Dans le couloir, c'était le visage de Carter qui lui apparaissait, l'empêchant de boire. Et lui non plus n'avait fait part de ses raisons.

Totalement déconnectée, elle arriva dans sa chambre où elle s'habilla d'un pas d'escargot. Jamais, de sa vie, elle n'avait osé faire une telle folie. Pourtant, elle s'était promis de jamais toucher à un verre d'alcool dans sa vie, de peur d'arriver au même point que sa mère. Oui, c'était la première et la dernière fois, elle se promit.

Vanessa ferma la porte de sa chambre et prit les escaliers. Arrivée au salon, elle ne vit personne. Elle partit alors dans la cuisine, dans l'espoir de trouver quelqu'un, sauf Carter. Ce fut Elne qui l'accueillit les bras ouverts en lui déposant un bisou sur le front. Par la suite, elle lui tendit un verre et un comprimé. Elle la remercia et s'assit sur le tabouret.

— Tu te sens comment ? Je n'ai pas voulu te réveiller.

— Comme quelqu'un qui a tout un orchestre dans la tête.

— Tiens, mange ça, ça te fera du bien.

Vanessa prit l'assiette et se mit à l'attaque. C'était en voyant le plat que son ventre se raviva. Elle avait absolument rien dans la tête. Si ce n'était que Carter.

Dès qu'elle voyait le jour, elle l'avait en tête. Elle pensait déjà au bonheur que ça lui procurait et à la façon que ses journées s'illuminaient. Elle pouvait les passer juste en le regardant, oubliant tout ce qui se l'entourait. Elle le respirait et ne jurait que par lui à sa mère. Elle ne vivait que pour lui, à croire qu'il était son tout. Son univers.

Quelquefois, elle s'étonnait de voir à quel point elle s'y était accrochée. Ça l'effrayait presque, par moment. Elle l'idéalisait bien trop. De toute sa vie, depuis qu'elle le connaît, elle n'arrivait pas à s'imaginer vivre dans un monde sans lui. Rien que pour ça, elle n'osait se projeter au-delà du lycée.

— Tu sais, tu peux tout me dire, résonna la voix de la jeune maman qui quittait ses gants et son tablier de cuisinier. S'il y a une chose qui ne va pas, viens me voir et on trouvera une solution, ensemble.

Vanessa fronça des sourcils, ne comprenant pas.

— Je parle de ton état d'ivresse de la nuit dernière, Vanessa. Comme on est vendredi, j'ai parlé avec ta mère pour qu'elle te laisse te reposer. Je me sens coupable de t'être laissé te saouler, d'autant plus que tu ne tiens pas l'alcool.