Chapitre 9 : « Amour suicidaire »

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   Le samedi, midi, Vanessa n'osa pas sortir de son lit. Elle ne voulait pas quitter son matelas pour affronter la dure réalité que cette vie lui offrait. Encore moins pour devoir manger. Son chagrin était bien plus fort qu'elle ne l'avait imaginé.

   Vers quatorze heures, quand elle osa enfin à allumer son téléphone pour traîner sur les réseaux sociaux, elle vit énormément de notifications apparaître sur son appareil.

   La boule au ventre, elle les ouvrir.

   Les insultes fusaient et prenaient forme sous ses yeux. Les unes encore pires que les autres.

   « Tu n'es qu'une imbécile. »

   « Sale conne, à cause de toi Carter et Warren se sont battus ! »

   « Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait. »

   « Tu n'es qu'un boulet. Un déchet qui vient foutre le bordel dans la vie des gens. »

   Plus les insultes ravageaient sa messagerie, plus elle avait envie de balancer son téléphone. Pourquoi avait-elle faire ça ? Elle était folle à ce point-là ? Peut-être qu'ils avaient raison, elle était sûrement un déchet bon à jeter dans les bennes à ordures.

   « Tu as vraiment cru que Carter allait tomber pour toi alors que tu es toute moche. Tu mérites de crever, espèce de timbrée ! »

   Vanessa frissonna d'horreur.

   « Meurs, pauvre conne ! »

   C'était le message de trop.

   Elle balança (comme elle l'aurait dû le faire plus tôt) son téléphone qui se fracassa contre le mur avant d'atterrir sur le sol, dépourvu de toute vie.

   Peut-être qu'elle devrait « sauter » d'un pont comme lui avait conseillé un de ses camarades hier. Ça résoudrait sûrement tous ses problèmes. Elle n'aurait surtout plus besoin de revivre les événements de ces deux derniers jours.

   Vanessa se rendit dans la cuisine dans l'espoir que sa mère serait déjà au travail. Son vœux fut réalisé par le mot trouvé sur le réfrigérateur.

Ma chérie,

Je suis partie au travail, mais je n'y resterai pas longtemps. Normalement, je serai là pour 18h. Sinon, tu trouveras de quoi manger dans le frigo.

Bisous ma puce.

   Vanessa vit là une bonne opportunité réaliser son idée avant que Lana ne rentre.

   Elle se mit à fouiller les placards. Quelques minutes plus tard, elle saisit les allumettes qui se trouvaient dans un des tiroirs et l'apporta dans sa chambre.

   Tout allait s'arrêter !

   S'approchant à petits pas de la fenêtre, elle pensa à sa triste vie.

   Elle n'avait jamais voulu de tout ça. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'une personne ose l'aimer telle qu'elle était. Sans condition. Sans faire semblant d'être quelqu'un qu'elle n'était pas. Elle voulait vivre, mais pas ainsi. Elle essayait toujours de toutes ses forces, mais ça ne fonctionnait jamais, qu'importe ce qu'elle faisait. Aujourd'hui, elle ne voyait que du noir. Encore du noir. Toujours du noir. Les ténèbres l'engouffraient presque.

   Vanessa alluma une allumette. Elle se mit à regarder la flamme de ce bout de bois qui dansait devant ses yeux.

   Comment serait la vie si elle venait à disparaître ? Est-ce que les gens qui ont tant compté pour elle seraient en paix ? Est-ce qu'elle le serait avec elle-même ? Avec sa décision ?

   Toute sa vie, les personnes qui l'entourait la méprisaient. Quoique, depuis que sa mère s'était reprise en mains, elle lui montrait qu'elle tenait à elle. Que seule elle comptait pour elle !

   Peut-être qu'elle devrait vivre pour sa mère ?

   Sa mère ne l'aimait sûrement pas autant qu'elle lui faisait croire. Elle l'avait quand même délaissée durant une grande partie de sa vie. Alors pourquoi ça serait l'inverse aujourd'hui ?

   L'allumette finit de griller. Elle lui brûla les doigts, mais sa douleur mentale était tellement grande qu'elle ne ressentait rien. Vanessa en alluma même une autre, la contemplant autant que la première, fascinée.

   Si elle se laissait consumer par ces flammes, la vie serait plus paisible.

   Elle n'avait pas d'amie. Pas de père. Et il n'y a pas si longtemps que ça, pas de mère non plus. Pourquoi ne se laisserait-elle pas s'immoler une bonne fois pour toutes ?

   Par manque de courage ? Il se pourrait !

   Après une longue hésitation, elle éteignit l'allumette à moitié flambée.

   Le regard dans le vide, elle lâcha tout ce qu'elle avait dans les mains et partit se laver pour se changer les idées.

   L'allumette qu'elle avait laissé tomber ne s'était pas suffisamment éteinte et au contact des papiers étalés sur le parquet, elle se ralluma, plus vive que jamais.

   Chantonnant dans sa douche, Vanessa ne se rendait pas compte de ce qu'il se passait.

   A la sortie de la douche, ayant oublié ses affaires de rechange, elle s'enveloppa de sa serviette.

   La fumée de l'eau chaude l'entourait à l'aveugler mais, elle se sentait plus soulagée. Plus légère. Comme quoi, les douches faisaient des miracles.

   Elle tourna la poignet de la porte, mais ne réussit pas à sortir. La porte était bloquée par les affaires qui se consumaient de l'autre côté, lui barrant ainsi toutes sorties. Elle essaya une nouvelle fois pour le même résultat.

   Cogitant un peu, elle perça sa bulle de joie pour rentrer dans une bulle d'angoisse. Que se passait-il ?

   Elle frappa la porte toute en tournant la poignet. Rien.

   La fumée de l'incendie lui parvint.

   L'allumette !

   Merde !

   Elle se remit à taper de toutes ses forces, criant à s'enflammer la gorge, reprenant à chaque fois, ses mouvements de départ pour essayer d'ouvrir la porte. Elle n'allait tout de même pas mourir ? Si ? Sûrement pas ! C'était une blague qu'elle faisait. Elle ne pensait pas réellement à mourir. Elle voulait vivre !

   L'odeur persistante de brûlé dans le nez, l'odeur de la fumée de l'eau chaude savonneuse qui ne s'en allait pas et la fumée du feu qui continuait de rentrer par les battants de la porte la rendirent fébrile jusqu'à épuisement. Elle finit par s'évanouir.

 Elle finit par s'évanouir

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Coeur TurbulentWhere stories live. Discover now