[Chapitre 11]

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La deuxième semaine, Lana prenait soin de sa fille. La soignait de ses blessures. La lavait avec attention pour ne pas infecter sa partie brûlée afin qu'elle ait la chance de se faire greffer.

Vanessa de son côté tombait pratiquement dans le déni, tenant tout le monde pour responsable. Son père. Carter. Sa mère. Elle se voyait comme la pire des monstres avec pour idée de terminer seule. Sans personne pour l'aimer comme elle l'aurait voulu.

Elle refusa de se regarder dans le miroir. L'unique image qui trottait dans sa tête était son corps bandé, la faisant passer pour une momie. Du coup, elle ne voulait plus avoir à faire face à cette jeune fille stupide et mal au point. Terriblement souffrante.

La troisième semaine, Lana était arrivé à la faire manger. Elle avait même réussi à arracher quelques mots de la bouche de sa fille. Elle la faisait même rire par moments.

Cependant, elle n'osait jamais lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Pourtant, ce n'était pas faute de pas vouloir savoir le pourquoi de son ajustement. Elle essayait pourtant de lui offrir tout l'or du monde... pourquoi avait-elle voulu mettre fin à ses jours ? Vanessa, tenait-elle si peu à elle pour penser à se suicider ? Ne l'aimait-elle plus ? Autant de questions sur lesquelles elle se retenait pour éviter de la peiner ou l'attriste plus qu'il ne le fallait. Bien qu'au fond, elle savait que si elle entreprenait cette conversation, sa fille la fuirait forcément, trouvant l'excuse idéale.

Un après-midi, alors que Lana avait rejoint Vanessa après avoir fermé la boutique, elle remarquait sa fille qui se tenait devant le miroir.

Elle fronça des sourcils et se plaça derrière elle. Légèrement, elle apporta ses mains sur ses épaules et massa l'épaule sans blessures.

— Ma chérie, est-ce que ça va ?

A travers la glace, Vanessa leva les yeux sur sa mère, la regardant sans rien dire.

— Tu ne te sens pas bien ? Tu veux que je t'amène quelque chose ?

Lana, habituée à l'indifférence de sa fille, garda tout son sang-froid et continua de lui parler dans le but de lui arracher une.

Elle lui prit les cheveux et les huma.

— Ma chérie, dit-elle d'un ton calme et posé, j'aimerais que tu recommences à me parler comme tu le faisais avant. Je voudrais que tu me dises tout ce que tu as sur le cœur. Ne t'enferme pas, s'il te plaît, ma belle.

Les larmes se mirent à couler des yeux de Lana, suivit de près par sa fille. Cette dernière se dégagea et retourna pour aller se coucher sur le lit. Lana regagna une place à ses côtés, voulant à tout prix que sa fille se livre.

— Vanessa... Parle-moi !

Lana leva la main pour toucher sa fille, mais elle recula, évitant une nouvelle fois son contact.

Apeurée, Lana ferma ses doigts en un poing ferme. Elle se contrôla un maximum, écartant tout débat et engueulades qui pouvaient survenir. Ce n'était définitivement pas le moment.

— Dis-moi ce qui ne va pas ma chérie. J'ai fait quelque chose de mal ?

A peine finie que Vanessa releva la tête. Lana comprit que ça ne pouvait être que ça et profita de l'attention qu'elle lui apporta pour l'encourager à se libérer de ses angoisses.

— Alors c'est ça ? J'ai mal agi, n'est-ce pas ? Peut-être que je t'ai fait mal en soignant tes blessures.

N'en pouvant plus entendre plus, Vanessa leva la voix en même temps qu'elle s'éloignait de sa mère.

— Justement, parlons-en des blessures. Je suis si monstrueuse que ça ?

Lana fronça des sourcils ne comprenant pas un traître mot.

— Maman, dis-moi, je suis si horrible que ça pour que tu n'arrives même plus à me regarder dans les yeux. Quand tu me soignes, tu me regardes avec cet air écœurer. Je te dégoûte à ce point-là ?

Vanessa suffoqua, prise de vertiges, elle s'adoucit et apporta sa main à son front.

— Mais non ma chérie, murmura Lana. Pourquoi tu dis ça ? Jamais je ressentirai une telle chose envers toi. Tu es ma fille !

Toujours sur le choc, elle ne s'était pas rendue compte de son comportement. Si elle détournait les yeux, c'était pour éviter que sa fille ne remarque sa culpabilité, pas qu'elle ait cette idée absurde.

— Ta fille ? La fille que tu tiens pour responsable de tes malheurs ? La fille dont tu n'avais que faire lorsqu'elle était livrée à moi-même ? La fille que tu as laissé souffrir, seule, quand elle avait besoin de toi pendant que tu saoulais ? Quelle fille, hein ?

Malgré la chute de sa tension, Vanessa ne pouvait se taire. Elle s'était bien tue durant ces dernières années. Elle ne faisait qu'encaisser. Maintenant qu'elle pouvait se libérer, elle ne se gênerait pas. Marre de ce cauchemar. Marre de cette solitude. Marre de cette vie.

— Je sais très bien ce que tu penses maman. Laisse-moi te dire que tu m'as abandonné. Je ne sais même pas ce que tu fais là, à faire semblant juste pour racheter ta conscience.

Vanessa s'éloigna le plus loin possible de sa mère. Les doigts comprimés dans ses paumes, elle bomba son torse et reprit son récit :

— Pour répondre à tes questions, oui j'ai tenté de me tuer. Oui, j'ai vu là l'opportunité de partir ailleurs et me libérer de ce monde... mais tu sais quoi ? J'ai commencé à penser à toi et à me dire que pour une fois ma mère essayait de prendre soin de moi, pourquoi pas rester et former une famille. Ma famille. Alors je me suis rétractée. Malheureusement, le feu s'est quand même manifesté. Mais, maintenant que je vois la façon dont tu me regardes, je me dis que ça aurait été mieux oui, si j'y étais passé.

Choquée, Lana ne sut pas quoi dire. Elle s'attendait pas à ce que ça soit si atroce. Si féroce.

 Si féroce

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Coeur TurbulentWhere stories live. Discover now