Chapitre seize

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- Au moins, t'es pas dérangé par le bruit, fit Matteo en regardant les alentours déserts.

- Ça c'est le moins qu'on puisse dire.

Comme l'avait proposé son père, ils étaient allés voir des vaches qui étaient dans une ferme à moins d'un kilomètre. Mais Matteo n'avait pas pu s'approcher d'elles, ne supportant pas l'odeur qui en émanait. Son père s'était alors foutu de lui en le traitant de petite nature.
Cela avait été amusant, le brun était heureux de ce moment passé avec son père. Et puis, ce dernier avait l'air bien ici, alors Matteo était rassuré.

Sur le chemin du retour, il avait essayé de capter le moindre petit endroit où il y aurait du réseau, en vain. Aucune barre ne daignait s'afficher.

- Je vais préparer à manger, tu peux aller prendre ta douche si tu veux, l'informa son père.

Matteo acquiesça et se rendit dans sa chambre. Là-bas, il essaya d'appeler Alexia avant de soupirer en balançant son portable sur son lit quand il n'y arriva pas. Il prit quelques affaires et les mis dans la salle de bain, qui était directement reliée à la chambre. Il ferma la porte derrière lui et commença à enlever son t-shirt.
Le brun posa son regard sur le miroir face à lui et se regarda quelques secondes. Il n'était pas assez musclé, pas autant qu'il le voudrait. Pourtant, il se rendait souvent à la salle de sport, mais c'était sûrement son régime alimentaire qui ne suivait pas. Il faut dire, il n'aimait pas se priver.

Il passa une main dans ses cheveux en les ébouriffant avant de s'arrêter net en entendant une musique. Il l'écouta quelques secondes avant de se rendre compte qu'il s'agissait de son portable. Il sortit rapidement de la pièce et prit l'objet posé sur son lit. L'écran affichait un appel FaceTime d'Alexia, auquel il répondit aussitôt.

"Alex, putain, enfin !"

"Matt ! T'es où, que je vienne te sortir de ton trou paumé là."

Le brun rit en s'asseyant sur son lit.

"Attends. T'es à poil ?"

"Nan nan, juste torse nu. Désolé de te décevoir."

"Je suis aucunement déçue, t'inquiète. Bon, tu reviens quand ?"

"Demain en fin d'aprem."

Il vit la blonde acquiescer en s'allongeant sur son lit, tenant désormais le portable à bout de bras.

"T'as fait quoi de beau, aujourd'hui ?" lui demanda Matteo.

"Pas grand chose, j'ai glandé. Et toi, t'as vu des vaches ?" rit-elle.

Matteo leva les yeux au ciel en hochant la tête.

"Mais nan sérieux ?" pouffa la blonde.

"Bah oui, c'est la vraie campagne ici."

Matteo sourit en voyant Alexia rire, et hésita à poser une question qui le taraudait. Il passa sa main dans ses cheveux et baissa la tête, feignant l'indifférence.

"Mh, et sinon t'as vu Aron aujourd'hui ?"

"Ouais, vite fait."

La blonde ne lui dit rien de plus. Et Matteo était aussitôt soulagé. C'était évident que le châtain n'avait rien dit à propos de la soirée, sinon elle n'aurait jamais réagit comme ça.

"Cool."

"Ouais, et t-"

C'est à ce moment-là que le réseau décida de disparaître, puisque Matteo n'entendit jamais la fin de la phrase d'Alexia et la vit figée sur l'écran. Il soupira et se leva, marchant dans sa chambre avec le bras qui tenait le portable tendu vers le haut. Mais l'appel coupa quelques secondes plus tard.

Matteo reposa son portable sur son lit d'un air blasé avant de retourner dans la salle de bain. Il se déshabilla rapidement et fit couler l'eau chaude sur sa peau en soupirant de bien-être. Il ferma les yeux et passa son visage sous l'eau. Il se sentait mieux, et commençait à relativiser face à ce qui s'était passé hier soir. Il n'y avait pas repensé depuis qu'il était arrivé chez son père. Et cela avait dû lui faire du bien car, désormais, il voyait les choses différemment.

Sa culpabilité commençant à disparaître, maintenant il se posait des questions.
Le fait que jamais il n'avait embrassé de garçon, en ne comptant pas les gages lors de jeux débiles de soirée et que, hier soir, il l'avait fait volontairement. Il n'arrivait pas à comprendre comment, à un moment donné, il avait pu avoir envie d'embrasser un garçon. Ce souvenir était flou dans sa tête et il ne se rappelait pas de ce qu'il avait ressenti pour le pousser à faire cela, mais en revanche, il se souvenait très bien que c'était lui qui avait embrassé Aron, et pas l'inverse. Bien que le châtain y avait répondu, ce qui en y repensant, l'étonnait aussi.
Mais encore une fois, il mit tous ces comportements étranges sur le dos de ce qu'ils avaient fumés et bus.

Il se lava rapidement et sortit de la douche pour enfiler un jogging et un simple t-shirt noir. En sortant, il jeta un dernier coup d'œil à son portable sur lequel il ne vit aucune notification, ce qui ne l'étonna plus, et sortit de sa chambre.

En allant dans le salon, il vit son père sur le canapé, une bière à la main et la télévision allumée. Il s'assit à côté de lui et prit la bière qui l'attendait sur la table. Il se tourna vers lui et avança sa bouteille pour trinquer.

- Elle est bien ta télé, remarqua Matteo.

- Ouais, tout le budget est parti dedans. Mais au moins, je peux regarder Turbo dans de bonnes conditions.

Matteo tourna la tête vers lui en haussant les sourcils.

- Me dis pas que tu t'es mis à regarder ça ?

- Je m'ennuie tout seul, il faut bien que je m'occupe.

- Mais c'est un truc de beauf !

- Tu sais, j'habite à la campagne et il y a pas longtemps, j'ai acheté un marcel alors je crois que je suis déjà un beauf.

- Eh merde...

Son père lâcha un rire.

- En vrai, tu te sens pas trop seul, ici ? reprit Matteo.

Il l'observa boire une gorgée de sa bière et la poser sur la table avant de lui répondre.

- C'est sûr que ça fait bizarre de se retrouver seul au début. Mais bon, c'est comme ça.

Matteo acquiesça, voyant tout de même la tristesse cachée derrière le sourire de son père. Il imaginait bien que se retrouver seul d'un coup alors qu'il avait vécu avec sa famille pendant plus de dix-neuf ans devait être étrange.

- Mais ça fait du bien de te voir. Tu peux venir quand tu veux tu le sais, le prévient-il.

Le brun hocha vivement la tête.

- Bien sûr que je viendrai. Les vaches me manquent déjà.

Son père pouffa et Matteo reprit une gorgée de bière.
Il comptait bien profiter de cette soirée avant de devoir retourner chez lui, où il savait, il ne pourrait fuir la situation dans laquelle il s'était mise.

Best mistakeWhere stories live. Discover now