Chapitre quarante-six

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Cela faisait plusieurs secondes que le poing de Matteo avait cogné contre la porte et depuis il se demandait s'il avait frappé assez fort pour que ça s'entende. Son bras se mit le long de son corps avant de remonter à nouveau vers la porte, mais il hésita. Peut-être qu'on l'avait entendu et que quelqu'un était en chemin pour lui ouvrir. Il y avait forcément quelqu'un, la voiture d'Aron était garée devant. Ce n'était pas le seul véhicule, d'ailleurs. Et s'il tombait face à un de ses parents ? Comment pouvait-il justifier le fait de venir ici à presque vingt heures sans que la personne qu'il souhaite voir ne soit au courant ?

C'était sûrement mieux finalement qu'on n'ait pas entendu son cognement, peut-être un signe du destin qui lui conseillait de profiter de cette occasion pour partir d'ici. Son bras se baissa une nouvelle fois. Puis il se retourna dos à la porte sans pour autant bouger ses pieds.

La rue était déserte. S'il partait maintenant, il aurait juste à prendre le bus qui l'avait amené ici et rentrer chez lui comme si rien ne s'était passé. Cependant, sa déception serait immense. Matteo préférait encore tomber sur un parent d'Aron plutôt que de rentrer comme ça. Il n'était pas venu ici pour rien.

Embêté, le brun se retourna vers la porte, décidée à cogner une seconde fois plus fortement, mais ne s'était pas attendu à tomber face à Aron. Il n'avait pas entendu la porte s'ouvrir ni ne savait depuis combien de temps elle l'était.
Matteo croisa son regard plus que surpris sans réussir à dire un mot.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Sa voix n'était ni dure ni douce. Elle dégageait juste beaucoup d'étonnement de le voir ici. Matteo baissa la tête vers ses pieds qui s'étaient mis à piétiner sur place avant de relever les yeux vers le châtain.

- Aron, je... j'aimerais te parler.

Il avait bégayé dès son deuxième mot, de quoi devait-il avoir l'air ? Il débarquait ici sans prévenir puis ressemblait à un garçon perdu, Aron ne devait rien comprendre. Et cela embêtait Matteo de montrer cette partie peu assurée de lui.

- Je pense pas que ce soit une bonne idée, marmonna Aron.

Il commença à refermer la porte. Matteo s'apprêta à la bloquer avec sa main mais se ravisa, ne voulant pas le forcer ou le brusquer. Il préféra user de sa voix pour le convaincre.

- S'il te plaît, j'aimerais vraiment m'excuser.

La porte cessa son mouvement et le châtain fronça les sourcils sans bouger pendant un instant. Finalement, il la rouvrit légèrement.

- Pourquoi maintenant ?

Matteo aussi se posait la question. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça ce soir, ni pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt. Et Aron devait voir son air perdu puisqu'il le regarda sans rien faire, attendant une réponse qui, il comprit rapidement, ne viendrait pas, avant d'ouvrir la porte plus grand.

- Attends qu'on soit dans ma chambre pour parler, lui demanda-t-il.

Matteo acquiesça, soulagé de pouvoir continuer la conversation, et le suivit dans la maison. Il était déjà venu ici une seule fois et il marchait derrière Aron même s'il aurait pu aller dans sa chambre tout seul. Il se souvenait d'où elle se trouvait. Sur le chemin, il entendit des voix venant de pièces voisines alors Aron pressa le pas. La présence du brun ne serait sûrement pas bien accueillie s'il était vu ici.

Quand ils entrèrent dans la chambre du châtain, un frisson de souvenir parcourut le corps de Matteo. La pièce sentait l'odeur d'Aron. Il rentrait une nouvelle fois dans son intimité et cela le rendait étrange.
Il entendit le châtain fermer la porte derrière eux.

Best mistakeWhere stories live. Discover now