Chapitre trente-cinq

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- Noah, ça fait longtemps que t'es là ?

Matteo le fixa, attendant sa réponse. Pendant plusieurs secondes, le blond se contenta d'hausser les sourcils, ses yeux se posant tour à tour sur Matteo puis derrière lui.

- Je viens juste d'arriver. T'étais pas censé être à la bibliothèque ? fit-il.

Matteo hocha la tête, réfléchissant rapidement à une excuse qui justifierait pourquoi il se trouvait ici.

- Si si mais en chemin j'ai vu Aron donc je suis allé le voir, expliqua-t-il.

- Pourquoi ?

Le brun haussa les épaules et fronça les sourcils, comme pour montrer à Noah que sa question était étrange et sans intérêt. Mais visiblement, il tenait à avoir une réponse.
Matteo se mit à marcher sans lui en donner vers le bâtiment de sa faculté et sentit Noah l'imiter à ses côtés.

- Alors ? insista-t-il.

- Je sais pas, parce que c'est un pote. Pourquoi cette question ?

Noah ne répondit rien mais Matteo sentait qu'il n'en avait pas fini.

- J'espère que c'est pas ce que je pense, lâcha-t-il soudain d'un air sérieux.

A l'entende de ces mots, le coeur du brun s'emballa aussitôt. Est-ce qu'il avait fait une gaffe ? Qu'est-ce qui l'avait trahi ? Il ne trouvait pas étrange d'aller voir un ami de la façon dont il venait de faire, même si ça avait été en cachette.

- Et qu'est-ce que tu penses ? demanda-t-il, d'une voix peu assurée.

- Tu sais j'ai réfléchi à ce que tu m'as dit la dernière fois, à propos du mec qui te plaît.

Sans qu'il ait besoin d'en dire plus, le brun savait qu'il était maintenant inutile de se justifier d'une quelconque manière. Il savait, il avait deviné et quand Noah avait une idée en tête, c'était impossible de la lui enlever à moins de lui montrer la preuve qu'il se trompait. En l'occurence, ce n'était pas le cas.

Son corps entier frissonna de peur en imaginant ce qui allait se passer dans les prochaines minutes. Il n'avait pas prévu que quelqu'un le découvre, pas aussi rapidement.

- Aussitôt, aussi bizarre que ce soit j'ai pensé que tu parlais d'Aron, j'ai remarqué que tu passes beaucoup de temps avec lui, pendant qu'on fait des soirées ou même en journée. Vous vous retrouvez souvent tous les deux et, en vous voyant là à l'instant, ça vient de confirmer ce que je pensais.

Les jambes de Matteo continuaient leur mouvement répétitif et pourtant son cerveau marqua, lui, un arrêt.
Il ne s'attendait pas à se faire cerner si facilement.

Noah n'ajoute rien et le brun ne sut pas ce qu'il était censé faire maintenant. Est-ce qu'il devait nier ou alors lui avouer toute la vérité ? Cette deuxième solution lui paraissait impensable.

- C'est n'importe quoi, lâcha-t-il sans grande conviction.

Noah n'ajouta rien, comme s'il ne l'avait pas entendu.
Ils entrèrent dans le bâtiment et Matteo aperçut aussitôt Alexia et Clémence au bout du couloir.

- Noah, vraiment c'est pas lui, tu te trompes.

Le blond ne répondît toujours pas. Matteo comprit qu'il s'était fait son idée et qu'il n'arriverait pas à lui faire changer d'avis. Il n'ajouta plus rien alors qu'ils rejoignaient les deux filles. Alexia sembla contente de retrouver le brun, auquel elle adressa directement un grand sourire.

- Salut toi, je t'ai pas beaucoup vu aujourd'hui, fit-t-elle en passant un bras autour de son cou. T'es parti quand je suis arrivée tout à l'heure, tu me fuis ?

Matteo essaya d'ignorer le regard insistant de Noah sur lui et esquissa un rapide sourire à son amie.

- Pas du tout, j'avais juste un truc à faire.

- Tu m'aimes plus, c'est ça ? marmonna-t-elle avec une moue.

- C'est ça, j'avoue.

La blonde frappa doucement son torse en pouffant. Matteo aurait aimé faire de même mais son esprit était trop préoccupé par Noah, qui les observait sans rien dire.

- Eh, souris un peu. On dirait que t'es sérieux, soupira Alexia.

- Mais je suis très sérieux.

- Pff t'es pas drôle, fit-elle en retirant son bras.

Matteo croisa enfin son regard et lâcha un petit mais vrai sourire. Il attira à nouveau la blonde près de lui et passa un bras autour de ses épaules.
Il aimait la tenir contre lui habituellement, mais là il se sentait juste mal d'être aussi proche de celle qu'il trompait derrière son dos. Et ça l'énervait d'être comme ça, parce qu'Alexia lui manquait. Leur complicité s'était détériorée uniquement par sa faute.

Ils marchèrent jusqu'à leur amphithéâtre, déjà quasiment plein lorsqu'ils entrèrent. Il n'y avait pas de place pour les accueillir tous les quatre au même endroit.

- On se met à côté ? proposa Alexia à Matteo.

Celui-ci allait accepter mais Noah le coupa.

- Non, faut qu'on parle de truc de mecs lui et moi. Viens Matt.

Noah attrapa son bras et le fit monter les marches pour aller en haut de l'amphi. Ils s'asseyèrent en bout de rangée et Matteo observa les deux filles s'installer quelques rangs devant.

Il savait que ce cours allait probablement être l'un des plus longs de sa vie. Il se doutait bien que Noah n'allait pas lâcher l'affaire et lui poser toutes les questions possibles et il n'avait aucune envie de ça.
Il commença à sortir ses affaires de son sac et les posa sur la table, sentant encore le regard pesant de son voisin sur lui.

- Mec, alors tu m'expliques ?

Matteo ferma les yeux en soupirant pour bien lui faire comprendre son mécontentement.

- J'ai rien à expliquer, Noah.

Il ne pouvait que nier, même si à ce stade c'était sûrement ridicule. Le blond semblait sûr de lui et au fond il avait raison de l'être.

- Je sais que j'ai raison, Matt. Rien qu'au sourire bizarre que t'avais quand il est parti me confirme que ce que je pense est vrai. Je te demande juste de m'expliquer pourquoi est-ce que c'est arrivé. Pourquoi Aron, sérieux ?

Si Matteo avait la réponse à cette question, son cerveau aurait été bien plus en paix toutes ces dernières semaines. Pourquoi Aron, le petit-ami de sa meilleure amie ? Il n'en avait aucune idée. Il avait appris à le connaître, peut-être un peu trop puisque maintenant il n'arrivait pas à être totalement serein quand il ne le voyait pas. Il n'avait pas fait ça pour blesser quelqu'un. Il tenait à Alexia plus qu'à n'importe qui. Et il n'avait aucune réponse à apporter à Noah puisqu'il ne pouvait pas se les apporter à lui-même.

- Matteo, je te jugerai pas t'es mon meilleur pote. Si tu veux en parler, je suis là.

Il ne lui répondit rien et regarda le professeur s'installer sur l'estrade. Il sentait que ces trois heures allaient être longues. Etonnement, la seule chose qui faisait battre son coeur autre qu'à cause du stress à cet instant était l'idée de voir Aron ce week-end. Et c'est en réalisant ça qu'il compris qu'il était vraiment piqué et qu'il ne pouvait plus le cacher.

- Je t'expliquerai plus tard, marmonna-t-il.

Il vit du coin de l'oeil Noah acquiescer sans rien dire. Matteo venait d'avouer indirectement qu'il avait raison et Noah ne montra pas le moindre étonnement.

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