Chapitre quarante-cinq

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Matteo n'arrivait pas à quitter ce banc depuis qu'il s'y était installé, surtout depuis qu'il avait vu Alexia qui se tenait juste en face, de l'autre côté du chemin qui les séparait.
Elle portait une robe aujourd'hui et pour cause, le beau temps commençait tout juste à arriver. Il ne savait pas si c'était à cause du soleil ou de sa tenue mais elle avait l'air radieuse, décontractée.
Leur regard s'étaient croisés plusieurs fois depuis qu'il était assis ici, sans que l'un d'eux ne bougent.

Matteo savait que c'était à lui d'aller vers elle mais ses jambes refusaient de faire le moindre mouvement. Pourtant, il avait des choses à lui dire. La simple idée de lui adresser à nouveau la parole après plus d'un mois lui faisait bizarre.
Il avait préparé un texte chez lui en ayant soigneusement choisi les mots qu'il emprunterait face à elle pour lui faire passer la nouvelle plus facilement. Maintenant, il devait juste avoir le courage de se lever.

Il jeta un coup d'oeil sur son téléphone pour regarder l'heure. Il restait à peine vingt minutes avant la reprise des cours et il ne savait pas si une occasion comme celle-ci se représenterait de sitôt. Alexia était seule, tout comme lui. Seulement quelques mètres les séparait. Cela semblait être le moment parfait pour faire un pas vers elle.

Alors d'un coup sans réfléchir, Matteo se leva et avança dans sa direction. Il ne mit pas longtemps à croiser son regard surpris de le voir s'approcher. Matteo s'attendait à l'éventualité qu'elle parte mais elle ne bougea pas.
Ce ne fut qu'une fois face à elle qu'il se mit à paniquer. Se retrouver aussi proche était étrange. Il perdit ses mots quelques secondes, lors desquelles elle ne manqua pas de le regarder de haut en bas.
Il racla bruyamment sa gorge avant d'enfin oser ouvrir la bouche.

- Salut Alexia... Est-ce qu'on peut parler cinq minutes ?

La blonde ne fit aucune des réactions qu'avait imaginé Matteo. Elle regarda rapidement autour d'elle puis hocha la tête doucement. Il aurait pensé à une réponse beaucoup plus directe et froide de sa part. Ça le rassurait juste un petit peu.

- Euh déjà, je voulais savoir comment tu allais ?

C'était peut-être déplacé de sa part de lui demander ça, sachant qu'il était la cause de sa tristesse, mais il avait besoin d'avoir une réponse. Il n'avait cessé de poser cette question par l'intermédiaire de Clémence, cette fois il voulait l'entendre d'elle-même.

- Ça va plutôt bien, fit-elle d'une petite voix.

- Ok... Je vais pas prendre trop de ton temps, je voulais juste te parler de quelque chose.

- Je te coupe tout de suite, l'interrompit-elle, je suis pas prête à te pardonner, si c'est ce pour quoi tu es venu.

Matteo fut légèrement pris de court. Au moins, ça avait le mérite d'être clair.
Cependant, il n'était pas venu la voir avec cette intention. Il savait très bien qu'Alexia ne voulait pas renouer le contact avec lui pour le moment. Il n'avait même pas eu la prétention de l'imaginer.

- Je vais demander à Aron s'il veut commencer une relation avec moi.

Matteo avait soufflé ça facilement, les yeux dans ceux d'Alexia. C'était ce qu'il voulait et il n'avait pas honte de le dire, même à elle. Le regard de cette dernière n'afficha pas le moindre étonnement. Soit elle s'y attendait, soit elle cachait vraiment bien ses émotions.
Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti, ne sachant sûrement pas comment rebondir sur cette information.

- Ne pense pas que je le choisis lui plutôt que toi, je...

- C'est l'impression que ça donne, pourtant.

Matteo haussa les sourcils, embêté. Il ne voulait pas qu'elle ait cette idée-là. Il était peut-être maladroit dans sa façon de lui dire les choses, et pourtant il avait préparé un texte à lui répéter mais comme à chaque fois, il oubliait tout une fois en action.

- C'est pas le cas. Alexia, tu seras toujours la personne la plus importante et ça peu importe si je compte plus pour toi. J'ai vraiment mal agi envers toi et c'est normal que tu m'en veuilles. Tu as le droit de m'en vouloir aussi longtemps que tu veux. Mais mon erreur, j'arrive pas à la regretter aujourd'hui.

Matteo fit une courte pause pour reprendre son souffle. Alexia, elle, l'écoutait attentivement sans rien dire.

- Je vais aller voir Aron. Il veut sûrement plus de moi et je fais peut-être n'importe quoi mais je dois essayer. En fait, je pense que je commence à tomber amoureux de lui, c'est la première fois que quelque chose comme ça m'arrive. T'as le droit de me détester encore plus après ça, mais je me devais te le dire en face.

Il marqua un second arrêt, laissant si elle le souhaitait, la possibilité à Alexia de l'interrompre, ce qu'elle ne fit pas.

- Tu passeras toujours avant tout le monde. Et si un jour tu as un problème, tu pourras venir me voir. Je serai toujours là pour toi, ok ?

La voix de Matteo faiblit sur la fin. Ses mots sonnaient comme une sorte d'adieux et son coeur se serra à cette pensée.
Il espérait du fond du coeur qu'Alexia arrive dans l'avenir à lui pardonner, mais cette décision ne lui appartenait pas. Il allait probablement lui falloir beaucoup de temps et quand bien même ça arriverait, Matteo savait qu'entre eux ce ne serait plus comme avant.

- Hésite pas à venir me voir quand tu veux, n'importe où. Je vais y aller maintenant. Merci de m'avoir écouté.

Matteo n'osa pas lui sourire et tourna le dos sans rien ajouter. Alexia n'avait pas dit un mot de plus, son visage était resté impassible. Peut-être qu'il lui fallait du temps pour digérer l'information. Ou peut-être que sa décision était déjà prise et qu'il lui adressait la parole pour la dernière fois. Il n'arrivait pas à déterminer où son esprit se situait.
Dans tous les cas, Matteo se sentait mieux maintenant. Cette fois, il avait été honnête avec elle.

Désormais, il devait aller à son cours qui commençait dans quelques minutes mais il décida rapidement de ne pas s'y rendre. A la place, il quitta le campus et prit place sous un arrêt de bus. Il ne souhaitait pas en prendre un, du moins pas tout de suite.

Il resta au même endroit pendant plus de deux heures. De nombreux bus étaient passés entre temps et la nuit avait commencé à tomber. Quelques messages s'étaient échangés entre Matteo, Noah et Antoine. Le brun avait récupéré les informations qu'il souhaitait.
Maintenant qu'il savait à quelle heure Aron avait fini ses cours, il attendait réellement un bus.

Peut-être que ce n'était pas très poli de se pointer à l'improviste chez quelqu'un après l'avoir supprimé de sa vie. Peut-être qu'il fonçait dans le mur et qu'il avait perdu Alexia et Aron depuis déjà longtemps. Dans ce cas-là, Aron le renverrait chez lui et alors il ne forcerait plus personne et n'aurait d'autre choix que de tourner la page. Mais il ne pouvait pas le laisser partir sans rien faire, pas sans essayer de se rattraper juste une fois.

Matteo soupira, une fois assit dans le bus, la tête tournée vers la fenêtre. Il était anxieux à l'idée de le revoir, surtout pour lui dire ce qu'il ressentait. Cette fois, il n'avait pas pris le temps de penser à comment lui présenter ses excuses, lui avouer ses sentiments, comment et dans quel ordre. A chaque fois qu'il y réfléchissait, il n'arrivait pas à encadrer ses idées. Alors il espérait juste que l'improvisation ne lui porterait pas préjudice et qu'il saurait trouver les bons mots au moment venu.

La nuit était définitivement tombée désormais. Matteo se retrouva un peu trop rapidement à son goût devant la maison d'Aron. Le vent était frais mais il le sentait à peine sur sa peau tellement ses pensées étaient occupées. Il avança doucement vers la porte d'entrée. Son cœur battait bruyamment sous sa poitrine, il l'entendait raisonner dans tout son corps.

Une fois devant, il passa une dernière fois sa main dans ses cheveux décoiffés par le vent, puis leva son poing vers la porte.

Best mistakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant