Kingdom Hearts III Another Destiny: Tome 1: Les Pierres des Prophètes

23: Eclats de Vérité, partie 3

Suite et fin de la crise qui agite le vaisseau gummi.
Hayate, sous son masque de froideur, saura-t-elle rassurer Sora?

« Hayate ?! »

Lajeune femme se trouvait dans l'encadrement de la porte, derrièreeux. Il ne l'avait pas entendue arriver. Et vu la tête d'Iwako, ellenon plus... La défenseuse était en simple chemise de nuit blancheet les observait, ses grands yeux bleu ciel s'ouvrant tout à coup demanière démesurée.

« Qu'est-ceque tu... ? » commença Sora en essayant tant bien que malde cacher son mal-être.

Sansun mot, et avec une rapidité incroyable, Hayate courut lesrejoindre, se jeta à genoux et prit puissament le garçon dans sesbras. Sora ouvrit grands les yeux, surpris par le geste, et ne bougeaplus.

« J'aitout entendu...avoua-t-elle dans son oreille. J'aurais pas dûécouter... mais je suis tellement désolée pour toi,Sora... »

L'Elu,qui avait senti la sincérité dans sa voix, ne put même pass'énerver. Il se détendit un peu et posa sa tête sur l'épaule dela jeune femme, en fermant les paupières.

« C'estpas grave... dit-il doucement. Tout le monde allait bien finir parsavoir de toute façon... »

« Sic'est grave. C'est des choses qui arrivent parfois dans la vie, maisc'en est pas moins grave et difficile. Ça fait toujours mal deperdre quelqu'un qui t'est cher... C'est peut-être même plus durencore de faire le deuil d'une personne qui est toujours là, maisqui a décidé de partir. »

Sorasentit tout son corps se crisper violemment afin de retenir letremblement de son coeur emprisonné dans sa poitrine. Hayate seredressa soudain et le saisit par les épaules, pour le fixer droitdans les yeux. Sora se sentit passer aux rayons X. Il eut de la peineà soutenir son regard bleu cristallin et, sentant la pression desmains de la jeune femme autour de ses épaules, le garçon entenditun souvenir ressurgir clairement de sa mémoire :

Nepleure pas, sois fort... Ne pleure pas, sois fort !

Sora sentait quetout son corps le faisait actuellement souffrir... depuis combien detemps luttait-il pour ravaler ses peines et ses chagrins ?Depuis combien de temps n'avait-il pas laisser sortir des larmes dedétresse ? Depuis combien de temps avait-il essayé d'êtrefort ? Il soutint alors le regard célestine de Hayate et sepersuada qu'il arriverait à tenir à nouveau, comme il avait déjàréussi à le faire tant de fois auparavant. Mais contre touteattente, la manière que Hayate avait de le regarder le désempara:la couleur de ses yeux le plus souvent d'acier froid avait pris lateinte d'un ciel d'été ensoleillé dénué du moindre nuage, où serefletait une profonde tendresse.

«Sora, pleurs.Ce n'est pas une faiblesse... Tu as le droit de pleurer ».

Choqué,surpris, Sora sentit son souffle se couper, sa gorge se serrer et sesyeux s'écarquiller. Il observa ce visage rond en face de lui, àl'expression si douce en cet instant, un sourire étirant ses lèvresrouges. Et il entendit encore une fois cette voix si familière, lavoix de sa propre mère, rententir dans son âme :

Nepleure pas, sois fort... Ne pleure pas, sois fort !

Et il pleura.

Le flot delarmes accumulées depuis tellement d'années se deversa en lui telun ras de marrée et la tempête de ses émotions se brisa sur soncoeur comme l'écume des vagues sur les rochers. Pris d'une soudainefaiblesse, son corps ne supportant plus ce déluge de souffrances, ildut s'agripper à la chemise blanche de Hayate pour ne pas tomber etun long hurlement muet s'échappa de son corps dans un douloureuxspasme, une cascade de larmes s'échappant finalement de ses yeuxbleu océan. La jeune femme le serra contre elle tandis que les mainsdu garçon se resseraient désespérément autour du vêtement qui ladrappait. Le corps sécoué de violents sanglots, Sora s'abandonnadans l'étreinte rassurante de son amie, laissant sortir toute sapeine sous la forme de gémissements pittoyables dont le soufflebrûlait tout sur son passage. Il entendit vaguement Hayate chuchoterquelque chose à Iwako pendant qu'elle-même passait doucement samain dans les cheveux en pics de l'adolescent dévasté. Puis, peu àpeu, après un moment qui lui parut une éternité, les poignardsdans le coeur de Sora disparurent et son souffle se calma, tandisqu'une chaleur appaisante réchauffait sa poitrine glacée. Sesdoigts blanchis par la crispation se relâchèrent lentement et sesbras entourèrent le buste de Hayate dans une étreintereconnaissante. Il posa sa tête contre elle et les battementsréguliers du coeur de la jeune femme appaisèrent le rythme effrénéde celui, meurtri mais enfin libéré, de Sora.