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• Johnny ! S'il te plaît ! Attends !

Il s'arrête enfin alors qu'on a dû parcourir au moins un kilomètre depuis le magasin de jeux. Heureusement que je ne ressens pas la fatigue, je pense n'avoir jamais été aussi endurant qu'aujourd'hui. Je voulais à tout prix ne pas le perdre de vue, car il serait difficile de nous retrouver ensuite, sauf s'il décide de rentrer chez Jeno. Je m'approche de lui d'un pas incertain. Il ne semble pas encore totalement conscient de ce qui se passe d'après son regard perdu.

• T'es sûr que c'était vraiment lui ? je lui demande calmement, ne voulant pas le brusquer.

• Oui, complètement... Je me souviens de tout... De l'aéroport, de la valise, des cours de coréens, de Chittaphon...

Alors là, aucun doute, le collègue de Jeno était bel et bien son amant. Moi qui disais vouloir aider Johnny, eh bien je crois que c'est chose faite. J'ai juste peur qu'il m'abandonne désormais. Je sais que c'est égoïste de ma part de vouloir qu'il reste avec moi, que depuis un an il a erré dans la ville sans réellement se connaître et que tout ce qu'il souhaite, c'est sûrement de partir enfin. Mais même si un humain peut me voir, ça ne m'empêche pas de me sentir assez seul. Après tout, Jeno a mieux à faire que de parler avec un fantôme. Il a aussi une vie, un travail, et d'autres amis, alors que Johnny, je peux lui parler quand je le souhaite.

• Je crois connaître mon acte inachevé, il souffle, faisant mon cœur se serrer.

• Ah oui ? ... C'est quoi ?

• Je lui avais caché une chose énorme... Je pensais tout lui avouer après mon match ce jour-là mais... Mais malheureusement...

Tout cela a l'air personnel et je n'ai pas envie de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Maintenant, je dois juste me mettre en tête que Johnny pourra partir à tout moment, et que donc, je pourrai me retrouver seul à nouveau à tout moment. Je pourrai me trouver d'autres amis, mais ça m'étonnerait que je m'attache à eux autant que je ne suis attaché à Johnny aujourd'hui. C'est lui qui m'a tout appris, il est irremplaçable. Il occupe vraiment une place particulière dans mon cœur. C'est tellement niais que je me surprends moi-même.

• Je suis vraiment content pour toi, j'essaie de lui sourire. Tu dois avoir attendu ce moment depuis longtemps, non ?

• Oui c'est vrai... Mais c'est devenu un choix. Durant un an, j'ai détesté cette vie de mort. Certes, j'ai rencontré pas mal de personnes mais... Est-ce que je les qualifierai de véritables amis ? Durant un an, j'ai cherché un réel but à mon existence en tant qu'esprit. Maintenant, je me sens fier d'avoir pu aider un jeune garçon à communiquer avec celui qu'il aime. Je me suis enfin trouvé utile à quelque chose et j'ai commencé à prendre goût à être encore ici.

• Mais ?

• Mais il a fallu que je me rappelle de tout à ce moment précis. Il a fallu que je tombe sur celui qui a fait battre mon cœur autrefois... Au moment où je me suis fait un véritable ami et où j'ai pu revoir ma moitié, il va falloir que je m'en aille.

• T'es pas obligé de partir Johnny ! T'as qu'à... ne pas réaliser ton acte inachevé.

Je le vois sourire tristement, et cela ne fait que me fendre le cœur un peu plus. Ça ressemble à des adieux, mais je ne veux pas qu'on se quitte. Aucun de nous deux ne le veut. Alors pourquoi le faire ?

• J'aurai aimé que les choses se passent ainsi mais... Je pense que Chittaphon souffre toujours de ce que je lui ai caché tout ce temps. Et tu le sais aussi bien que moi : quand on aime quelqu'un, on ne veut que son bonheur. Sa souffrance est aussi la mienne. Je dois tout lui avouer.

• Johnny... Je veux pas que tu t'en ailles...

Je dois avoir l'air ridicule, à pleurer comme ça en pleine rue. Seulement, personne ne peut me voir, et c'est finalement un avantage. Johnny retient ses larmes du mieux qu'il le peut, lui aussi. Je n'aurai jamais pensé implorer une personne à ce point pour qu'elle reste. Moi, le délinquant insolent et au cœur de pierre.

• Je n'ai pas non plus envie de m'en aller, maintenant que je t'ai toi et Chittaphon. Mais si je décide de rester, ma conscience ne sera jamais tranquille.

• ... C'est vrai... Je suis qu'un égoïste... Mais c'est que j'ai peur de me retrouver seul... Toi, tu me comprends et...

• Tu ne seras pas seul Jaemin. Tu as Renjun avec toi, et surtout Jeno. C'est un garçon bien, tu as vraiment de la chance de pouvoir communiquer avec lui.

• Mais tu as dit que... Si j'arrive à lui parler, c'est parce qu'il a un rapport avec mon acte inachevé. Alors moi aussi, tôt ou tard, je devrai m'en aller.

• Tu sais, toute chose a une fin. Rien ne dure éternellement...

Ça fait toujours aussi mal quand la réalité me rattrape soudainement. Je suis un fantôme, je suis un presque-mort. Je ne dois pas l'oublier. Johnny essaie de me rassurer avec un sourire réconfortant alors qu'il pose une main sur mon épaule.

• Ne t'en fais pas, je ne partirai pas tout de suite non plus. Il faudrait déjà que je trouve un moyen de communiquer avec lui.

• Jeno pourra t'aider...

• Merci Jaemin... C'est grâce à toi que je l'ai retrouvé...

• Je t'avais dit que je t'aiderai, non ?

Il essaie de détendre l'atmosphère avec ses petites blagues à deux balles. Je sais qu'il veut juste que je me sente mieux et que je sèche mes pauvres larmes ridicules. Et bizarrement, ça fonctionne. Johnny ne partira pas tout de suite, on a encore du temps avant de nous échanger des discours émotionnels sur la vie et l'amour. Donc, ce n'est pas encore le moment pour les larmes. C'est encore trop tôt.

• Allez viens, on retourne au magasin, il me sourit gentiment.

D-D'accord...

Je me sens vraiment bien et en sécurité avec lui...

Johnny va me manquer...

Énormément me manquer...

𝑻𝒉𝒆 𝑮𝒉𝒐𝒔𝒕 𝑨𝒏𝒅 𝑴𝒆 •° ⁿᵒʳᵉⁿᵐⁱⁿWhere stories live. Discover now