Chapitre 4

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Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, chaque fois que j'essayais, j'avais des images horribles devant moi. Je pense que mon compagnon a réussi à dormir quelques heures, je me blottissais contre lui et j'avoue que je n'ai pas eu trop froid, je le regardais avec envie, comment a-t-il pu s'assoupir ? Il faut croire qu'il a l'habitude de le faire dans toutes les situations. Mon estomac me rappelle que je n'ai pas mangé depuis longtemps et finalement Naël ouvre ses paupières, rapidement il fait des mouvements pour se dégourdir les membres puis se lève.

- Alors ?

- Nuit blanche...

- Mouais, pas cool.

- Vous avez faim ?

- Oui.

- Bon, de toute façon nous devons sortir pour trouver des vêtements chauds, et de quoi manger.

Il récupère les deux couteaux pleins de sang séché et je détourne le visage de dégout. Le chien s'active devant la porte, lui aussi a hâte de partir. Il fait encore quelques mouvements pour s'échauffer et finit par dire :

- C'est bon ? On y va ?

Je hoche la tête.

- Vous restez bien derrière moi.

Mais il pose ses yeux sur mes chaussures avant de finalement se baisser pour me les enlever. Il ne compte tout de même pas me faire courir, pieds nus ? Mais d'un geste sec, il en casse les talons.

- OK, il faut qu'on trouve définitivement de quoi s'habiller. Attention, j'ouvre.

J'ai le cœur qui s'emballe et je regrette presque d'un coup de ne pas rester encore quelque temps dans notre local de survie.

Mais étrangement, aucun bruit... rien n'arrive jusqu'à nous. Est-ce rassurant ? Alors que j'étais prête à repartir du côté d'où nous étions venus, il se dirige au contraire vers l'intérieur du tunnel. Je le suis sans me poser de questions. Heureusement qu'il y a encore des lumières de signalisations de temps à autre, cela nous permet d'y voir un peu clair.

Ce silence est presque trop pesant. Nous progressons dans la peine-ombre, et arrivons quelque temps après à une sorte d'embranchement. Mais alors que j'aperçois au loin une vague lumière, il prend le tunnel le plus sombre. Aucun train, je me rassure en pensant que la RATP a du tout arrêté au plus vite depuis hier soir. Nous nous enfonçons toujours plus loin, mais tout à coup, je perçois un quai, on dirait qu'il est abandonné. Naël bondit sur le béton et m'aide à me redresser. Les courants d'air sont frigorifiant. Je détaille la station, elle est pleine de graffitis, c'est à l'évidence une des stations fantômes de Paris. Pour le moment tout va bien, si l'on peut dire, aucune âme qui vive. Nos pas résonnent contre les voutes, mon compagnon cherche un escalier pour rejoindre la surface.

- Bon, on a visiblement un peu de chance. On est les seuls.

- Peut-être, en attendant, je ne vais pas tenir longtemps avec ce froid.

Il me lance un maigre sourire et continue vers un petit couloir réservé aux anciens passagers. Il y a là aussi de la lumière, ce qui est engageant. Les murs sont couverts de faïences blanches, qui ne le sont plus vraiment avec toute la crasse accumulée durant des années. Quelques mètres plus loin, nous apercevons un escalier. Il resserre ses mains sur les manches des couteaux et avance le premier. Mais une fois en haut, une lourde porte nous barre le chemin...

- Et merde !

Il est furieux, pourtant nous voyons le jour qui passe juste en dessous. D'ailleurs, c'est quoi cette odeur de brulé ?

- Ça sent le cramé ? C'est bizarre non ?

- Oui, vous avez raison...

Mais tout à coup, il saisit le cadenas et semble réfléchir, il décide finalement de redescendre quatre à quatre les marches, en disant.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now