Chapitre 6

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Une main vient de m'empêcher de crier... les yeux écarquillés, dans le noir complet, je n'entends que les battements anormalement rapides de son cœur. Puis, lentement, il s'avance pour me chuchoter :

- Deb, il y a quelque chose dans l'hôtel... Ne crie pas.

Je fais « oui » de la tête. Sa paume quitte ma bouche en caressant doucement ma joue, puis il se lève comme un chat pour rejoindre le chien qui est à l'arrêt devant la porte d'entrée. Je comprends qu'il faut que je me prépare, je jette un œil au téléviseur, il est 3h du matin... J'enfile la doudoune remplie du nécessaire et place un pull autour de ma taille. Il revient vers moi en me montrant le balcon. Nous ouvrons sans bruit la baie vitrée et le vent me glace instantanément. Il est déjà sur la rambarde et me demande de lui donner le chien, nous y arrivons sans encombre. Toujours en équilibre, il le guide vers le toit puis il se tourne vers moi pour me tendre la main. Je la saisis avec rapidité et me hisse vers lui, mais encore une fois mes baskets glissent sur le verglas. Il m'accroche pour ne pas tomber, mais ce faisant, il menace de nous envoyer tous les deux dans le vide. Naël me ceinture et parvient tant bien que mal à me tirer vers l'autre immeuble.

Sur la terre ferme, il ne traine pas et me confie le sac de nourriture. Je le suis, et disparais avec lui derrière une petite sortie de cheminée. Là, il y a une porte qu'il déverrouille avec facilité puis nous nous retrouvons dans un escalier. Comme toujours, il passe devant, toutes armes dehors et je marche dans ses pas le plus discrètement possible. Pour une fois, il semble que nous ayons de la chance ! Nous ne faisons pas de mauvaises rencontres, ni humaines ni bestiales. Et en ouvrant la porte qui mène au hall, nous sommes rassurés. Le plus dur reste néanmoins à faire, nous devons traverser le boulevard à découvert pour rejoindre tout à fait au bout l'entrée des catacombes.

Je ne fais que regarder Naël et attends ses ordres. Puis d'un coup, il tourne la poignée, je le sens fébrile, à cran, mais il démontre tout de même une facilité d'adaptation. À l'évidence, c'est un grand soldat. Nous longeons les murs et avançons dans la neige. Quelques cris venus de nulle part nous font comprendre que nous ne sommes pas seuls, mais pour l'instant, nous n'avons personne à nos trousses. Mon cœur bat à cent à l'heure, et j'attache mon regard sur notre arrivée en priant pour que tout se passe bien.

Peu à peu, et comme tout va bien, je reprends confiance, et si nous le faisions finalement sans encombre ?

Et lorsque notre objectif n'est plus qu'à quelques centaines de mètres, je respire de mieux en mieux.

Soudain, le chien se tourne vers une porte d'immeuble, et Naël se fige. À cet instant, un cri bien plus proche retentit et nous sommes surpris au même instant par l'arrivée d'une femme. Elle nous aperçoit et se dirige vers nous, mais elle n'est pas seule ! Elle est poursuivie par une bête bien plus grande et puissante que toutes celles qu'on a déjà vues. Elle hurle, elle pleure, elle court vers nous, elle veut qu'on l'aide, mais malheureusement elle attire l'attention d'autres monstres qui commencent à sortir des immeubles alentour. En un instant, la femme se fait rattraper. On vient de lui arracher le bras et trois zombies se battent pour avoir une partie de son corps mutilé. Naël me saisit la main et se dirige vers l'entrée des catacombes. Mais nous sommes maintenant poursuivis ! Je cours le plus rapidement possible et lorsque nous atteignons la porte en acier qui est ouverte, il me pousse dans les escaliers avant de se retourner pour donner un puissant coup de pied dans le ventre d'une de ces choses, tout en reculant il les lacère et finit par me rejoindre en descendant quelques marches. Puis d'un geste, il referme le battant sur les monstres qui deviennent de plus en plus nombreux. Il est toujours dans la même position, et reprend son souffle, on entend que les bêtes se projettent contre l'entrée. Puis doucement, les coups s'arrêtent, ils doivent partir un à un, abandonner leur proie. Lorsque le dernier coup vient d'être donné, et qu'il n'y en a pas d'autres, Naël se tourne vers moi et allume la torche du portable qu'il a récupéré.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now