Chapitre 35

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Je commence à fatiguer, mais par où souhaitent-ils nous faire passer ? J'ai l'impression de parcourir tout le Louvre à un train d'enfer. Mon coeur me rappelle à l'ordre, bien sûr que je ne suis ni entrainée, ni championne de course ! Je ralentis, et Naël se fraye un chemin entre mes gardes du corps improvisés.

- Ça va ? Tu tiens le coup ?

Je n'ai plus la force de lui répondre, je fais juste "non" de la tête. Les militaires continuent d'avancer sans se soucier de moi. D'un mouvement, il me soulève pour me porter le temps que je reprenne un peu mon souffle. On dirait que plus la sortie se profile, plus les hommes accélèrent. Je ferme les yeux et attends de recevoir le soleil sur mon visage. Alors que nous sommes maintenant hors du musée, ils tirent sur tout ce qui bouge. Le bruit des armes, mêlé aux cris des monstres, est presque insupportable. Je me bouche les oreilles. Naël me dépose lentement avant de prêter main-forte à tous les autres. Tout n'est que chaos, je n'ai jamais vu autant de zombies, ils sautent sur les scaphandres qui semblent équipés de décharge électrique super puissante. Par chance, il y a toujours quelqu'un pour me protéger. Nous avançons lentement vers ce qui ressemble à des chars de combat. Puis arrivé devant, on me fait signe de pénétrer à l'intérieur. Ce que je fais sans réfléchir. Il y a d'autres hommes qui opèrent sur de nombreux écrans et commandes. Je me cale au fond avant de voir apparaitre plus rassurée que jamais Naël bientôt suivi par Franck et 8, toujours plongée dans un sommeil profond. Le char est vite rempli et refermé. Nous percevons les heurts des crieurs qui se jettent sur le métal par centaine. Puis nous entendons dans le cockpit :

- Attention, phase 4, tout le monde en position.

Aussi, tous les hommes se penchent en choeur vers l'avant, je les imite et l'on me tend un casque que je m'empresse de mettre sur mes oreilles.

- 5, 4, 3, 2, 1...

Une secousse semble soulever le char et malgré ma protection je perçois un bruit tellement fort que j'en suis presque sonnée. Quelques secondes plus tard, tout le monde se redresse et je retire mon casque. La première chose que j'entends, outre mes soudains acouphènes liés à la puissance sonore déployée, c'est : rien.

Aucun son, plus de cris... Un moment j'ai eu peur d'être devenue sourde, mais la douce voix de Naël me prouve le contraire.

- Tout va bien, c'est fini... Enfin pour l'instant.

Franck a toujours 8 sur ses genoux et retire son casque.

- Alors, impressionnée ?

- Par qui ?

Il s'amuse de ma réponse.

- Tu es drôle, par notre armée suréquipée... tu pensais à qui ?

Naël le fixe l'air mauvais.

- C'est un message subliminal ?

- Non il n'y a rien de subliminal, c'est juste une constatation. Tu es bien nerveux tout à coup.

Mais Naël ronge son frein, et refuse de lui répondre.

Le char avance maintenant sans encombre dans les rues de Paris, et nous sommes tous soulagés par le dénouement de la situation qui semblait il n'y a pas si longtemps terriblement critique. Les deux hommes ne décochent plus aucun son et je me sens tout de même mal à l'aise. Aussi, je me cale au creux de l'épaule de Naël.

Je croise le regard de Franck plus froid que jamais, et je détourne les yeux. La route parait interminable.

Au bout d'une bonne grosse demi-heure, l'engin stoppe. Nous sortons et enfin voyons l'extérieur, nous sommes après les remparts, de l'autre côté du mur. Je souris dans le vide avant de me jeter dans les bras de Naël. Franck s'avance, mais ne va pas bien loin, il y a une centaine d'hommes qui sont à bonne distance de nous.

- Ne bougez pas !

La voix était ferme, lancée par un genre de mégaphone. Franck dépose 8 au sol, et lève les mains.

- OK, on va se calmer, on est dans le même camp.

- Combien d'entre vous êtes malades ?

- Moi, le Syrien et 8.

- La fille a un antidote, il parait. Vous l'avez pris pour rester comme vous êtes ?

- Oui, et nous continuons à le prendre, mais il nous en faut plus.

- Tu es un des cobayes volontaires ?

Franck se tend.

- Excusez-moi, mais a qui ai-je l'honneur ?

- Un de tes supérieurs, alors, reste bien à ta place !

Naël me lâche la main.

- Tout va bien, nous sommes ici en paix et nous avons des solutions. Il y a des personnes qui ont reçu un vaccin, comme Déborah. Il faut aller les chercher.

Le silence est pesant tout à coup, puis la voix résonne de nouveau.

- Donnez-nous l'antidote.

Franck se rallie à la cause de Naël.

- Non, quand ils seront tous sortis d'affaire, oui.

- Tu es un mercenaire Tyler, ta réputation n'est plus à faire...

- Tant mieux, car c'est grâce à ma réputation que vous pourrez libérer Paris !

Le temps se suspend encore une fois puis :

- OK, indiquez-nous où sont ces personnes. En attendant, conduisez-les en cellule de quarantaines avec l'autre.

Je me tourne d'un coup vers Naël. L'autre ? Il ne peut s'agir que de Marc.

En effet, nous sommes guidés vers un dôme. Nous arrivons dans un sas et nous sommes désinfectés par une sorte de gaz, puis la porte s'ouvre vers l'intérieur qui est assez spacieux et lumineux. C'est bien Marc qui nous accueille, son état ne semble pas avoir empiré, mais il conserve toujours sa cape sur son corps. Naël se précipite sur lui pour le prendre dans les bras. Il nous a fait tellement peur.

Franck dépose avec précaution 8 sur une banquette et reste à l'écart.

Marc nous explique ce qui lui est arrivé. Par chance, il n'a pas servi de cobaye, il a vu par visioconférence des tonnes de professeurs, médecins, il a répondu à des questionnaires. On lui a demandé de monter sur un tapis roulant, de faire des exercices avec des électrodes sur le corps. Il a tout de suite parlé d'un vaccin, d'un antidote, prouvé qu'il était plus humain que bête et ça a marché. Il nous a expliqué que c'était bien 8 qui avait motivé les troupes à attaquer, la peur qu'on puisse passer de l'autre côté du mur et contaminer tout le monde. Ils avaient des ordres stricts.

Nous sommes encore en train de converser quand une voix nous surprend.

- Tyler et la fille. Allez dans le sas.

Naël se tourne d'un coup vers moi et hurle :

- Je viens aussi.

- Non juste eux deux. Amenez les documents dont vous avez parlé.

Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais quand je croise le regard de Franck, je comprends que nous n'avons pas le choix. Naël est fou furieux.

- Franck, c'est encore un de tes putains de coup ?

- Si je te dis que je n'y suis pour rien, tu ne me croirais pas de toute façon.

Il hausse les épaules et me fait signe. Naël m'agrippe le bras.

- Déb, si les choses tournent mal, cri, on t'entendra, moi ou Marc et je viendrais te chercher.

Je lui souris pour le rassurer.

- Tout va bien se passer, je te le jure.

Il est froid, blanc, et dévisage Franck comme pour le prévenir que s'il arrive quoique ce soit, il le pourchassera en enfer. Mais pour toute réponse, ce dernier récupère les documents de Doc et me fait un autre signe de tête avant de se diriger vers la sortie.

Je quitte Naël et le rejoins.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon