Chapitre 28

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Je suis assise depuis quelques minutes sur un petit banc extérieur et contemple le ciel étoilé. J'espère avoir raison, il faut que les remèdes soient dans mon théâtre, les hommes changent, Alex ne va pas tenir longtemps, c'est maintenant une question de vie ou de mort et le temps presse.

Quelqu'un me rejoint à pas feutrés, je n'ose pas me retourner, car je sais qui il est. Il souffre, ses mots sont comme ses maux.

- Déb. Ne me laisse pas comme ça...

Mais je n'avance rien de plus. Il se poste devant moi et finit par s'accroupir pour capter mon regard. Il respire avec force comme pour avouer quelque chose de terriblement difficile à dire.

- J'ai peur...

Alors d'un coup, mes pupilles se plantent dans les siennes.

- J'ai peur de moi, pour toi, pour nous... Le virus me transforme, c'est évident, mais ne crois pas qu'il est totalement maitre de moi. Dès le premier jour où je t'ai vu, j'ai été comme foudroyé par cette petite bourge qui me regardait de haut, ça ne s'explique pas, ça m'est tombé dessus sans crier gare. Alors oui, je réitère mes paroles et je ne suis pas sous l'emprise de quoique ce toi : je n'hésiterais pas à tuer pour toi. Je n'ai plus d'amis, je n'ai plus de famille, depuis que je t'ai rencontré, je n'ai que toi, il n'y a que toi qui combles mon existence, mon cœur... Je t'aime à en perdre la raison et je suis prêt à tous pour toi.

Je le laisse à peine finir sa phrase que je me jette sur ses lèvres qui s'étirent dans un incroyable sourire. Ce baiser passionné nous fait tourner la tête, me fait terriblement tourner la tête ! Comment ne pas mourir d'amour après une déclaration pareille, je suis de braise entre ses mains qui se faufilent déjà sous mon pull. Elles sont aussi brulantes que moi et me plaquent fort contre lui. Nous nous détachons quand un hurlement nous rappelle que nous sommes dans le jardin et même s'il est bien clôturé, il ne vaut mieux pas faire trop de bruits. Il entrelace mes doigts aux siens pour m'accompagner à l'intérieur, nous montons rapidement les marches afin d'arriver dans notre chambre, à peine la porte refermée, il commence à se déshabiller tout comme moi. L'urgence qui nous anime montre notre folle envie l'un de l'autre. Dénudée, je m'allonge sur le lit, il me rejoint juste un peu plus tard pour de me couvrir de son corps terriblement chaud. Je caresse un temps sa joue, ses lèvres et remonte vers sa barbe naissante divinement sexy. Ses iris brillent du feu de l'amour, je le reconnais, je sais ce qu'il pense et j'avoue éprouver la même chose pour lui. Délicatement, il avance ses doigts vers mes seins et dessine le contour de mes tétons qui sont tendus vers lui.

- Tu es sublime.

- Naël, je...

Mais il écrase sa bouche encore une fois contre la mienne ne me laissant pas le temps de continuer. Nos langues se chevauchent, se frôlent, sont avides l'une de l'autre et bien vite je suis à bout de souffle. Il descend son visage vers ses mains qui épouse le galbe de ma poitrine pour les embrasser avec fougue. Je me cambre de plaisir, je l'autorise à manipuler mes sens, il sait si bien s'y prendre. Je profite de chaque mouvement de sa part, de chaque effleurement avec délectation. Son corps se part de nombreux frissons quand je remonte mes paumes dans son dos. Je suis avide de lui et son désir ne cesse de grandir. Je le réclame si fort que j'ai mal, je le veux maintenant et sans tarder. Alors qu'il enserre fermement mes poignets, il accède à ma volonté langoureusement. Un gémissement simultané nous arrache deux incroyables sourires à la vie.

Puis j'apprécie ses coups de reins en les cherchant de mon propre corps. Toujours bloqué par sa passion dévorante, il manipule mon être à sa guise me procurant le plus incomparable des plaisirs. Je le laisse guider cette danse sensuelle, je me réjouis de tout ce qu'il fait, je ferme les paupières, et profite de l'instant avec bonheur.

Tous ses mouvements s'accélèrent au rythme de mes contractions et je sens que mon cœur va exploser entre ses mains. Je me cambre pour être plus en communion avec lui. Là où son plaisir se décuple, le mien se révèle en un million d'étoiles filantes au creux de mon âme. Ma jouissance est totale, je me laisse aller pourtant et profite toujours de mon orgasme quand j'ouvre les yeux pour le contempler dans le sien qui arrive.

Mais...

Je crie avec une telle intensité qu'il en est surpris. Il sait maintenant qu'il y a un problème. Il se retire de moi et touche son visage maculé de sang. Ses yeux suintent des larmes rouges et tout à coup, au moment même où je cherche à l'approcher, la porte de notre chambre est défoncée.

J'ai juste le temps de couvrir mon corps nu par les draps et je vois apparaitre Doc et Marc dans l'embrasure. Naël est comme assommé, il se précipite dans la salle de bain, suivi par le médecin. Marc s'avance et comprend aisément ce que nous étions en train de faire. Il récupère mes affaires et me les envoie sur le lit. Je les réceptionne et entreprends de m'habiller à la hâte quand il se retourne pour me laisser un peu d'intimité. Puis d'un bond, je me lève pour rejoindre l'homme que j'aime dans la salle de bain.

- Laissez-moi tranquille ! Tout va bien !

Doc est nerveux.

- Montre-moi !

- Laisse-moi.

- OK, Déb ? Je peux te parler ?

Naël est penché sur le lavabo maculé de taches de son sang, mais il me regarde à travers le miroir. J'ai l'impression qu'il ne veut pas que j'y aille, pourtant, je lui désobéis et décide de suivre malgré tout le Doc.

Une fois en bas, il commence à me dire d'une voix grave qui n'annonce rien qui vaille.

- Déb, c'est le médecin qui te parle, il faut pour toi que tu arrêtes de faire ça avec lui.

Je m'insurge, il se fiche de moi !

- Qui lui ? Tu parles de l'homme qui t'a sauvé la vie ? Tu parles bien de Naël ? C'est ça ?

Il ne pensait sans doute pas que j'allais mal prendre sa maladresse.

- Oui désolé, Naël. Vous devez arrêter.

- Doc ce que je fais avec lui, ça ne te regarde pas.

Il frappe la table du plat de la main.

- Mais il est gravement malade !

- Et j'ai eu un putain de vaccin !

- Ce n'est pas si simple... Tu risques des choses, tu risques...

- Quoi ? Je risque quoi ? Putain !

- Tu risques de devenir comme lui.

Je m'avance vers lui plus menaçante que jamais.

- Doc, un conseil ne fait pas chier ! Et demain, nous aurons un antidote de toute manière.

Je tourne les talons, mais avant de quitter la pièce plus énervée que jamais, il me répond.

- J'espère Déb que tu as raison !

Je claque la porte pour remonter, mais en haut des escaliers, je rencontre Marc sur mon passage.

- Pousse-toi !

Mais il se penche pour me parler à l'oreille d'une voix sifflante.

- Je suis bien content Déb, que tu te rendes compte de ce que l'on vit Alex et moi. Me comprends-tu maintenant ?

Je garde dans mon esprit ce qu'il vient de dire, et fonce dans la chambre pour rejoindre Naël.

- Comment vas-tu ?

Je le trouve assis sur le lit, la mine défaite, tenant une serviette rouge entre les mains, il est l'ombre de lui-même.

- Ça va, c'est passé. Je suis navré.

- Ce n'est pas de ta faute.

- On dirait que tout s'accélère.

- Demain, nous aurons les remèdes, je te le jure.

- Espérons.

Je l'enlace.

- Dormons, nous en avons besoin.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant