Chapitre 5

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Un cri me fait ouvrir les yeux, je sais qu'il s'agit d'un des monstres. Naël est debout et observe d'un œil ce qui se passe dans la rue.

- Tout va bien, ce n'est pas dans l'hôtel.

Je me recroqueville sur la couette et j'ai des larmes qui pointent au creux de mes yeux. Le chien s'approche de moi et baisse ses oreilles, mais au premier de mes reniflements, Naël s'assoit à côté de moi et commence à me caresser le dos.

- Ça va aller...

Je fais non de la tête.

- Mais si, je suis un dur à cuire.

Le sourire qu'il m'envoie est sincère.

- Moi, non... et puis, il y a de fortes chances que tous les gens que j'aime soient morts à présent. Franck, mon fiancé, n'est pas combatif, c'est un calme, un contemplatif...

- Par expérience, je peux vous dire que certains êtres ont des instincts de survie insoupçonnés.

Je me redresse pour être à sa hauteur et je ne sais pas ce qu'il me prend, mais je me jette dans ses bras. Il est surpris, mais finit par m'enlacer.

- Merci...

- Je me voyais mal vous laisser tomber et ce n'est pas mon style.

- Vous auriez pu, j'ai été désagréable avec vous.

- À quel moment ?

- Quand je vous ai menacé d'appeler la police.

- Je n'ai jamais craint la police, de plus vous aviez raison, je vous ai suivis.

Je me détache de lui et le regarde un peu inquiète tout à coup, mais il continue :

- Non, ne vous méprenez pas, c'est juste que je me suis toujours demandé ce que vous faisiez dans la vie. Je vous voyais chaque jour, sans cesse en retard, et un matin, j'ai voulu en savoir plus. Et finalement, c'était une bonne idée...

Il me fait un délicieux clin d'œil. Je reste un temps à le fixer droit dans les yeux, je sens que mon cœur s'emballe dangereusement et je finis par déglutir. Je prends un peu de distance et change rapidement de sujet.

- Quelle heure est-il ?

- Heu, trois heures de l'après-midi, je crois...

- Il ne faudrait pas sortir le chien ?

Il plisse ses paupières et se lève.

- Oui, c'est évident.

- Comment comptez-vous vous y prendre ?

Il s'approche de la baie vitrée et tire les rideaux.

- On peut accéder à un toit-terrasse par là, j'aurais juste besoin d'un coup de main.

Je m'avance à sa suite et il ouvre doucement la fenêtre. Il monte sur la rambarde et s'accroche à une corniche, il est maintenant dans un équilibre précaire, et pose son pied droit sur la terrasse d'à côté puis me fait signe de soulever le chien. Ce que je fais avec précaution, il est sage et attend dans mes bras. Je m'avance et lui tends l'animal qu'il réceptionne tout en étant dans le vide. Puis d'un mouvement, ils sautent tous les deux sur le toit. Je joins mes mains, un peu anxieuse, pour l'instant tout va bien. Un cri lointain me rappelle à l'ordre, le monstre n'est pas dans le quartier, mais comment peuvent-ils hurler si fort ? Je ne quitte pas des yeux Naël qui arpente le toit suivi de son chien, il observe ce qui se passe aux alentours, quand je le vois disparaitre de mon champ de vision. Je m'avance et essaye de garder le contact, mais il est inaccessible. Toutes sortes de mauvaises pensées arrivent tout à coup dans mon esprit : et s'il se faisait tuer ? S'il tombait ? Si je restais toute seule en attendant de me faire moi-même tuer ? Mes doigts perdent leur chaleur...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now