Chapitre 8

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Il est presque 16h quand nous entamons notre marche dans les catacombes, Marc a une carte et nous le suivons. Alex est scotchée à lui comme une bernique quant à moi, je suis derrière Naël. Hector est en première ligne et nous observons chacun de ses mouvements. Cela fait presque 30 minutes que nous avançons sans encombre et sans que personne ne dise quoique ce soit. De temps en temps, nous entendons des cris résonner, mais manifestement ils proviennent de la surface.

Je ne pensais pas qu'on était si proche de mon quartier, quand Marc nous montre l'escalier que nous allons emprunter, je suis surprise. Naël me prend par la main et je me laisse faire. Nous devons une dernière fois nous préparer avant de sortir, un check s'opère entre les hommes puis nous montons les marches lentement.

- Une fois dehors, tu pourras te repérer ?

- Oui, c'est mon quartier depuis des années.

- Parfait.

Marc déverrouille l'entrée, pendant que Luca et Naël le couvrent. Puis ils sortent les uns après les autres toutes armes dehors. J'attends comme Alex, puis ils nous font signe. Lorsque je suis dans l'avenue, il y a toujours une épaisse fumée qui donne cette étrange couleur orange au ciel. Je vois très bien où l'on est. Quelques mètres plus loin se trouve la bifurcation vers ma rue. Le sol garde les stigmates des nombreuses agressions qui ont eu lieu. Il y a des corps plus ou moins complets, ou mutilés, des morceaux un peu éparpillés partout. J'évite de fixer le bitume pour ne pas constamment me retrouver face à une horreur. Heureusement qu'il fait froid, sinon les odeurs auraient été démentielles. Naël baisse son arme et se penche vers moi.

- Où ?

Je lui fais un mouvement, sans rien dire pour ne pas nous dévoiler par inadvertance aux yeux des monstres, des hurlements nous prouvant sans discontinuer leur présence funeste.

Il hoche sa tête et fait signe aux autres de le suivre. Tout doucement, nous longeons les murs, la neige a cessé de tomber et le sol est maintenant verglacé. Nous trouvons au passage une boulangerie à la devanture défoncée, et Marc demande à Alex et à Luca d'aller chercher des victuailles. Ce qu'ils font sans rechigner. Nous partageons rapidement les croissants et des bouteilles d'eau, c'est étrange comme le cerveau parvient à faire abstraction des choses. Puis nous reprenons lentement notre route.

Arrivé à la bifurcation, aucune trace de crieurs, mais nous savons qu'ils sont là, tout proche. Je vois au loin mon immeuble et commence à stresser à ce que nous allons y découvrir.

Lorsque nous sommes à l'entrée, elle est complètement défoncée comme la plupart des autres que nous avons croisées. J'ai les mains qui deviennent moites quand nous montons les escaliers vers mon étage. Les portes des appartements sont toutes ouvertes avec plus ou moins de sang sur les chambranles ou aux sols, et je détourne les yeux pour ne pas tomber nez à nez avec un de mes voisins taillés en deux, ou dévorés à moitié.

Pourtant, je m'agrippe à Naël, car je commence à avoir le souffle court. Finalement, je m'arrête entre deux étages, il murmure.

- Déb ? Ça va ?

Je fais non de la tête. Aussi il fait un petit « psitt » aux autres qui se retournent, puis il me saisit le visage en coupe.

- Tu veux que j'y aille seul ?

Je comprends qu'il souhaite une nouvelle fois me protéger de ce qu'il y aura chez moi. Mais je dois prendre sur moi, ainsi, lentement je lui fais signe de continuer coute que coute. Nous passons finalement en premier juste après le chien. Et lorsqu'encore une fois une porte est défoncée, je reconnais mon appartement. Il est complètement ravagé et montre la violence des scènes qui s'y sont produites. Je crois perdre en un instant toutes les couleurs de mon visage et je cherche un peu de courage quand je pose un pied sur mon seuil.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant