Chapitre 29

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- Tout le monde est prêt ?

Je hoche la tête de concert avec Marc, Luca et Doc. Il est encore tôt et nous devons en profiter pour arriver rapidement au théâtre. J'ai néanmoins peur de ce que l'on va y trouver.

Nous avons décidé d'être les plus discrets possible, aussi, pas d'engins à moteur. Marc passe en premier, son flair s'est affiné et sait comment éviter les hordes de crieurs. Et c'est avec une déconcertante facilité que nous arrivons dans la ruelle à côté de mon théâtre. Je jette un œil à Naël, il voit ce que cela représente pour moi d'y retourner. La dernière fois, nous étions en train de fuir main dans la main, dans la neige. Nous arrivons devant l'entrée des artistes qui est restée ouverte tout ce temps. Marc passe encore une fois le premier.

- C'est bon, personne, espérons que mes congénères n'aiment pas les pièces de théâtre.

Je ne suis pas bien sûr d'apprécier son humour, mais je m'avance juste après lui dans les couloirs. Je le guide vers l'arrière-scène et ne manque pas d'avoir des souvenirs douloureux à chaque recoin. Je tente de prendre sur moi, car je dois rester forte et si pour l'instant nous avons de la chance, il ne faudrait pas s'attarder. Marc n'hésite pas à parcourir la scène, les lumières sont encore allumées, mais je ne trouve pas cela étrange pour autant. Le voyant au beau milieu sous les projecteurs, il me fait clairement penser au fantôme de l'opéra. Il saute dans l'allée centrale d'un bond, sa cape le suivant au rythme du vent.

La vision est apocalyptique. La plupart des fauteuils sont démembrés, il y a du sang séché un peu partout, mais aucune trace de cadavres...

- Vous ne trouvez pas ça bizarre ?

Naël s'approche de moi.

- Quoi ?

- Tu te souviens du carnage... pas de cadavre, on dirait presque qu'on a nettoyé le théâtre.

Marc me répond d'en bas.

- Les crieurs mangent tout, non, je ne trouve pas ça si bizarre. Où est la loge ?

Je me place au bord de la scène, et pointe celle qui se situe en face de moi.

- Là.

- Parfait. Allons-y.

Nous fonçons aux escaliers et poussons la porte de la loge dédiée à Molière. Naël est le premier au balcon.

- Bon, j'espère que tu as raison. Où peut-il les avoir cachés ?

Je monte sur un fauteuil et me tourne vers les moulures. Je tape sur celles qui me paraissent les plus saillantes. Mais rien ne sonne creux. Les hommes m'imitent, mais nous faisons chou blanc.

- Merde !

Je commence nettement à douter de moi et de Franck. Aussi je redescends de mon velours rouge et décide de prendre de la distance en me plaçant dans l'allée centrale. Là, j'aurai une meilleure visibilité de la loge en question. Je me retrouve en bas seule, pendant que les hommes sont encore en haut à fouiller tous les recoins.

- Naël ?

Je le hèle d'où je suis.

- Regarde l'écusson.

- Lequel ?

- Celui qui porte les initiales JBP : Jean Baptiste Poquelin.

Il me sourit, comme il est beau, il se penche et l'inspecte.

- Je ne vois rien...

Mais...

- Attends, il y a comme un petit ressort sur le côté et...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now