Chapitre 18

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Si j'avais su qu'un jour j'allais vivre un des plus beaux moments de ma vie dans une prison, menacée par des monstres, je ne l'aurais évidemment pas cru. Il est presque quatre heures de l'après-midi et nous venons encore une fois de faire l'amour. Mes cheveux comme les siens démontrent que la nuit que nous avons passée a été ponctuée de toutes sortes de plaisirs charnels. Je me cache pourtant dans un drap et le dévisage, lui, en revanche, est à moitié nu, son corps nonchalamment allongé sur les lits que nous avons rapprochés, il me contemple avec une étrange lueur dans ses pupilles.

- Naël ? Arrête de me regarder comme ça...

Dis-je en esquissant un malicieux sourire. Il ouvre la bouche pour me répondre, mais je ne comprends pas ce qu'il me confie, encore une fois il parle dans sa langue maternelle. Il me rejoint afin de m'enlacer et faire tomber le tissu blanc. Nos deux corps se lovent entre eux totalement et il enchaine.

- Je ne serai jamais rassasié de toi... mais j'ai maintenant une faim tout autre. Qu'en dis-tu ?

- Je vais m'habiller...

- Quel dommage... j'aimerais tant te voir nue pour le reste de ma vie.

Il embrasse mon cou avec délectation avant que je ne me détache lentement de lui.

- Qu'est-ce qu'on va dire aux autres ?

Il semble surpris.

- Rien de spécial, ça ne les regarde pas.

Nous nous habillons puis sortons les joues rosies par notre amour et main dans la main. Quand nous entendons du monde dans la salle des VIP, il n'hésite pas à rejoindre les personnes qui s'y trouvent. Pourtant je suis gênée lorsqu'il pousse le battant, car il n'y a plus aucune ambiguïté sur ce qui se passe entre nous. Les filles nous saluent de loin, mais une seule reste là les bras croisés. Belinda me regarde avec morgue et dégout, puis finit par quitter la pièce d'un pas qui ne présage rien de bon.

Luca s'avance et semble amusé de nous apercevoir ainsi. Quelque part, cela me rassure, je ne me voyais pas expliquer mon geste d'hier envers lui.

- Alors, c'est enfin clair entre vous ?

Naël me serre la main plus fort.

- Il parait...

- J'avais parié que vous seriez en couple de toute façon avant la fin de l'année.

Puis il se tourne vers Marc pour continuer.

- Tu me dois une cartouche mon grand !

Et c'est avec un magnifique bras d'honneur que Marc lui répond.

- Bien on va chercher à manger et on revient vous aider.

Pourtant, il y a quelque chose qui ne passe pas, j'ai comme un drôle de sentiment tout à coup.

***

- Laisse-moi faire Alex !

Comme toujours, elle n'en fait qu'à sa tête et soulève un banc d'un coup.

- OK, comme tu veux.

Elle a l'air énervée au possible ce soir, nous avons passé les derniers jours à organiser les pièces qui servaient de débarras dans notre "quartier".

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien !

Son « rien » était un peu trop urgent pour être anodin, aussi je pose une main sur son épaule, elle respire avec force, puis finit pas regarder Marc qui parle avec Naël.

- Putain, c'est la merde...

- Quoi la merde ?

Je ne comprends rien. Elle plonge des yeux presque terrifiés dans les miens avant de dire :

- J'ai du retard !

Alors, je retire ma paume comme si je venais de me faire piquer par une aiguille.

- Quoi ? Tu es sure ? Qui ?

- Marc bien entendu... mais pour qui tu me prends bordel !

- De combien ?

- Je suis réglée comme une horloge, sept jours...

- Oh putain de merde !

Je place instantanément mes mains sur ma bouche et alerte Naël qui me regarde de travers. Il s'avance vers nous, et Alex se penche pour me murmurer :

- Ne dis rien... s'il te plait. Personne n'est au courant.

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

- Ça va les filles ?

Alex prend la parole comme si de rien n'était, elle m'épatera toujours.

- Oui impeccable. Pourquoi ?

- Je ne sais pas... Déb ?

Il plante des yeux sombres et inquiets en moi.

- Non, rien. Alex m'a raconté une histoire où elle a failli y passer. Un accident de bagnole...

C'est étrange, j'ai l'impression que Naël ne me croit pas, pourtant il attend et finit par annoncer le plus naturellement du monde :

- OK, c'est bon. Nous avons eu une idée, nous allons organiser quelque chose. Nous devons rentrer en contact avec l'extérieur et avoir les moyens de nous faire entendre.

- Quoi donc ?

- Un plan. Il nous faut une sacrée monnaie d'échange pour négocier notre sortie et j'ai ma petite idée là-dessus.

Il m'envoie un sourire caustique, mais qu'a-t-il encore à l'esprit ? Puis il tourne les talons pour rejoindre la cellule en me lançant un faible mouvement de tête très explicite. Pourtant, je lui dis :

- J'arrive dans cinq minutes.

S'il avait des doutes sur mes réactions, le voilà complètement sûr que quelque chose se trame. J'ai à l'évidence mal joué mon coup, mais je dois m'assurer qu'Alex a une solution.

Naël me fixe comme jamais et quitte la pièce sans rien demander de plus. Aussi, je me tourne vers elle et l'entraine un peu à l'écart.

- Putain, Alex, tu vas faire quoi ?

- J'en sais rien !

- C'est délirant d'avoir un bébé dans ces conditions !

- Merci de cette intervention ! Je suis au courant !

- Alors faut voir avec le doc ! Si tu es bien enceinte, il va te le faire passer...

Mais une chose étrange se produit... elle semble tout à coup très affectée par ce que je viens de dire.

- Tu ne comptes pas le garder, quand même ?

- Et pourquoi pas ? Finalement, je suis bien avec Marc, ici, on se débrouille !

- Mais tu marches sur la tête, ma parole !

- Tu es bien mal placée pour me juger ! Tu ferais quoi si tu étais enceinte de Naël ?

- Ça n'arrivera pas !

- Mouais, c'est ce qu'on se dit toute !

- Non, ça n'arrivera pas, parce que j'ai un stérilet bordel ! Je ne fais pas l'amour sans avoir un minimum de précaution !

Elle tombe sur une chaise et prend sa tête en coupe, elle pleure, aussi je m'en veux.

- Alex, je suis désolée.

- Marc est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie. Je crois que je l'aime...

Alors je m'assois en face d'elle et n'ose plus rien dire.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant