Chapitre 12

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Je viens de finir mon repas, je n'avais finalement pas très faim. Il doit être 22h maintenant quand on frappe à ma porte. Mon cœur bat plus vite, j'espère que c'est bien lui. Je me lève et ouvre directement, et oui, c'est Naël. Il est moins blanc que tout à l'heure, mais semble totalement épuisé. Je me pousse pour le faire entrer, mais il reste sur place, j'en serais presque peinée.

- Viens, je suis allée chercher à manger, il y a une part pour toi.

- Merci, mais j'ai besoin de prendre une douche. Je voulais juste savoir si tu allais bien.

Son visage s'illumine d'un magnifique sourire à mon attention et des frissons parcourent mon corps tout entier. Alors que je comprends qu'il ne va pas rester avec moi, je me renferme et croise les bras nerveusement.

- Tu as mal ?

- Heu non, ça va, j'ai mis de l'eau glacée tout à l'heure sur la bosse.

Il me juge un temps et finit par dire :

- Je reviens dans 15 minutes, si ça te va, car j'ai faim.

Je ne cache pas ma joie et lorsqu'il ferme la porte, machinalement je remets mes cheveux en place devant le miroir.

Naël n'a pas menti, pile-poil 15 minutes plus tard, il toque. Je le vois apparaitre en jogging et t-shirt. Il a dû faire la même démarche que moi et fouiller dans les placards. En revanche, il faut avouer que tout lui va bien mieux qu'à moi ! Je m'assois sur le lit pour lui laisser la chaise et il entame un sandwich que j'ai préparé sans dire quoique ce soit de plus. L'atmosphère est un peu lourde, il y a comme de la gêne entre nous, personne n'ose parler. Quelques minutes plus tard et le deuxième snack avalé, il se cale confortablement au dossier.

- C'était super. J'en avais bien besoin. Tu as bien fait d'aller à la cuisine, tu n'étais pas seule quand même ?

- Non, il y avait les filles avec moi.

- Bien, tout à l'heure j'étais tellement crevé que je serais allé me coucher sans manger. Au fait, Le Mamba m'a dit que tu l'avais impressionnée quand tu as frappé un de ses hommes.

Je me raidis tout à coup... mais ce n'est pas possible, il est déjà au courant de notre petite aventure en bas ? C'est du grand n'importe quoi... en même temps, il a l'air de prendre plutôt bien les choses, alors autant entamer cette discussion.

- Non, mais tu connais les mecs, faut toujours qu'ils fassent les malins quand ils voient des nanas seules...

Son visage se ferme d'un coup, mais qu'est-ce que j'ai dit encore ? Alors que je commence à regarder de droite à gauche nerveusement, il mord sa joue et me fixe.

- Déb, de quoi tu parles ?

Merde, mais de quoi parlait-il, lui, justement ? Mon esprit fait un flashback sur ce qui s'est passé... et ho putain ! Il doit parler de mon coup de tête dans l'infirmerie. Je place mes deux mains sur ma bouche.

- Déb ?...

S'il était fatigué il n'y a pas une minute, j'ai bien l'impression que maintenant il est totalement réveillé !

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Rien... tout va bien.

- Quand ? Où ?

- Non, ça va, j'ai géré ça toute seule...

Il se lève et manque de faire tomber sa chaise.

- Quoi ? Toute seule ? Mais tu m'as dit qu'il y avait les filles avec toi !

Sa voix était si forte qu'elle a fait écho dans les couloirs. Alors, je baisse le ton et tente de réfléchir à la meilleure manière de le raisonner.

- Naël, tout va bien. Il ne s'est rien passé.

- Donc, si je comprends bien, tu as frappé un mec à la cuisine ? C'est ça ?

Je hoche la tête timidement.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

- Rien !

Il pose ses mains de chaque côté du lit puis se poste à quelques centimètres de ma bouche.

- Rien ? Tu frappes des meurtriers sans raison ? Tu te fous de moi ?

- Non, enfin...

- Il t'a touché ?

- Non !

- Il t'a menacé ?

Je ne réponds pas ainsi, il prend ça comme un "oui" ferme.

- OK, son nom... Je vais régler ça !

- Non !

Des larmes commencent à couler sur mes joues et j'annonce faiblement :

- Non, je n'en peux plus... Je vais devenir dingue. Depuis quelques jours, je ne vois que des horreurs. Ne fais rien, s'il te plait. Il ne s'est rien passé, il ne m'a pas touché... je t'en supplie écoute moi...

Percevant ma soudaine détresse, il s'assoit à côté de moi et se ravise immédiatement.

- D'accord. Je ne ferai rien, mais dis-moi comment ça s'est passé...

- On est descendu avec les filles, mais il y avait des types dans la cuisine, une bonne dizaine. Ils ont juste fait des allusions, des bruits, des gestes...

- Et tu en as frappé un au hasard ?

- Non, pas vraiment, je lui ai demandé de nous respecter, d'arrêter. Alors il a surenchéri, en me parlant de la...

- De "la" quoi ?

- Enfin, de la dureté de... tu vois ce que je veux dire... et je lui foutu un bon gros coup de pied bien placé en lui disant que s'ils avaient un problème avec leur libido, qu'ils devaient baiser ensemble...

Il soulève nonchalamment un sourcil et sourit en paressant très amusé.

- Tu as fait ça ?

- Oui, et Le Mamba est arrivé...

- Et ?

- Rien. Ça s'est terminé comme ça. Je suis remontée avec le plateau dans la cellule.

Il se lève.

- Bon... je sais ce qu'il me reste à faire.

Alors, je lui saisis le bras en regrettant qu'il ne tienne finalement pas parole.

- Où vas-tu ?

Il s'en amuse.

- Juste prendre un verre d'eau. Tout va bien, je ne vais égorger personne ce soir.

Il boit et continue :

- Donnons-nous quelques jours et ensuite, je t'apprendrai à te défendre. Tu parais avoir quelques capacités intéressantes.

Son clin d'œil me bouleverse, et je deviens rouge comme une tomate, impossible qu'il ne l'ait pas vu... j'ai honte.

- Tu me pardonnes, mais j'ai besoin de me reposer.

- Heu, oui bien sûr.

- Bonne nuit.

- Oui, toi aussi.

Il repousse la porte derrière lui...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant