Chapitre 11

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Clouée au sol, je ne sais pas si ce que je vois est le fruit de mon imagination. Je m'avance vers le brancard où ce corps mort est étendu. Je fixe le sang qui s'en écoule, et entends juste des pleurs. Naël est penché sur son chien, le prenant dans ses bras pour le bercer comme un enfant. J'ai la tête qui tourne tout à coup, la pression retombe, et je perçois des flashs dans mes yeux. J'ai chaud, j'ai froid... je fais un pas, mais je m'écroule presque aussitôt.

Je pose une main au sol, il est gelé, mais je sens une autre chaleur, tellement plus réconfortante... J'ouvre doucement les paupières et me rends compte que Naël me soutient, il est spectral.

- Déb ? Comment va ta tête ?

Lorsque je plonge mes iris en lui un long moment, je comprends que je me suis évanouie et je m'en veux terriblement.

Il me caresse le dos du crâne, et je plisse les yeux, une petite douleur montre que je suis bel et bien tombée sur la tête.

- Je suis désolée...

Alors qu'il me serre plus fort encore, il se remet à pleurer. Je n'ai jamais vu un homme pleurer, et le voir lui, cela me touche tellement plus. Il parait si fragile en cet instant...

- Il a donné sa vie pour moi. Je n'ai pas pu sauver la sienne...

Il respire l'odeur de mes cheveux et je me laisse faire avec une certaine satisfaction, mais surtout je suis rassurée.

Soudain, on frappe à la porte, c'est Luca et Alex, ils semblent finalement embarrassés de nous voir ainsi à même le sol, les yeux rouges de douleur.

- Heu, je suis navré, mais Naël, Doc voudrait te parler...

Il me quitte à contrecœur et suit Luca à l'extérieur de la salle. Seule avec Alex, elle s'accroupit pour être à ma hauteur.

- Marc est mordu...

Elle s'inquiète et je tente de prendre le dessus sur mes émotions.

- Tu penses qu'il risque de se transformer ?

- Je n'en sais rien, c'est bizarre.

- Tu sais ce qui est arrivé ?

- Oui, Luca m'a dit que tout s'est bien passé à l'aller, mais qu'au retour, c'était dur de protéger toutes les personnes en même temps, rapidement tout a dégénéré et les coups de feu ont alerté des dizaines de crieurs. Trois personnes sont mortes, et Hector...

Je regarde le cadavre du chien, peinée, je sais combien Naël l'adorait.

- Viens, je vais t'aider à te lever.

- Merci.

Lorsque nous retrouvons tout le monde, Doc est en train de parler à un Naël abattu de la personne mordue au visage. Ils ne cessent de se demander s'il faut oui ou non abréger ses souffrances. L'homme que je n'ai vu qu'une fois, respire avec tant de difficultés que j'ai mal pour lui. Quant à Marc, il se tient le bras... je m'approche de lui, Luca est à ses côtés.

- Comment vas-tu ?

- Comme un charme...

- Tu as mal ?

- Pas tant que ça, Doc trouve la blessure superficielle, on l'a cautérisée et désinfectée. Il parait que je suis en observation, je pense qu'ils ont trop vu de films d'horreur...

- Je me trompe peut-être, mais la maladie est fulgurante, tu devrais déjà être transformé non ?

Des pas se rapprochent de nous, c'est Doc.

- Tu as raison, mais peut-être qu'il y a deux formes, une avec et une sans incubation. Quoiqu'il arrive, tu vas devoir être à l'isolement même si tu sembles en pleine forme.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now