Chapitre 14

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Je me suis cloitrée comme une nonne dans sa cellule pendant quelques jours. Alex me donnait des nouvelles et de la nourriture. Quant à Naël, je refusais qu'elle me parle de lui, il est allé bien trop loin. J'ai dévoré ma pile de livres avec un mauvais gout amer dans la gorge, je repensais chaque fois à ce qu'il m'a dit.

Ce soir, je ne compte pas veiller, je m'apprête à me déshabiller quand un petit mot est glissé sous ma porte. Je m'avance, ouvre le papier et vais m'assoir pour le lire.

- Déborah, je ne sais pas comment faire pour m'excuser. Je t'ai provoqué l'autre jour et je n'aurais jamais dû dire ces monstruosités sur l'homme que tu aimes. Tu as raison, je suis un connard. Mais s'il te plait, laisse-moi une chance.

C'est plus fort que moi, mon cœur s'est mis à battre bien trop vite pour que son message ne m'ait pas touché. Je décide de lui répondre :

- Naël, je n'avais pas besoin de ça, je ne suis pas une guerrière, mais tu as raison sur une chose : j'ai peur.

Je replie le papier et sors pour le glisser sous sa porte, puis je retourne chez moi sans attendre.

Quelques secondes plus tard, un nouveau pli apparait, je patiente un peu, et finis par me lever pour le lire, la curiosité est bien trop grande.

- Rejoins-moi dans la bibliothèque, j'ai quelque chose à te montrer.

Mon coeur bat la chamade, je récupère en hâte ma veste puis me presse pour me diriger vers les escaliers. J'avoue que chaque pas que je fais me donne du baume au moral. Il m'a manqué, c'est indéniable et je suis follement heureuse de le revoir. Je ressasse dans ma tête ses propos : « l'homme que tu aimes ». Cette vision me rend triste, mais étrangement pas parce que Franck est parti, mais peut être plus parce qu'il est persuadé que je suis encore amoureuse de lui. Amoureuse : c'est un curieux mot, une formule qui veut tout et rien dire en somme. Qu'est-ce que l'amour ? Je suis maintenant devant la porte de la bibliothèque, il y a de la lumière et je l'ouvre avec une joie non dissimulée. J'avance et ne le vois pas, il ne semble pas être arrivé.

Soudain, la lumière s'éteint...

Je lâche un petit hoquet et l'appelle, mais il ne me répond pas. Mon sang se glace quand j'entends des pas dans mon dos.

- Naël ce n'est pas drôle ! Allume s'il te plait...

Rien, mais les pas viennent de s'arrêter.

Tout à coup, un éclair de panique me transperce, et si j'étais tombée dans un piège ? Ni une ni deux je cours à l'aveugle vers la porte, mais je suis bloquée dans mon élan, une paume se plaque sur ma bouche. Rapidement poussée vers un mur, j'essaie de me défaire de la personne qui me retient. J'entends qu'on coupe quelque chose et le temps de comprendre ce que c'est, je me retrouve avec un large sparadrap sur les lèvres. Je tente de le retirer, mais mes poignets sont eux aussi liés ensemble. J'ai beau crier, il n'y a que de faibles sons qui s'échappent de ma gorge. Alors qu'on appuie sur mes hanches, une main descend sous la ceinture de mon pantalon et trouve mon intimité. Je me débats comme je peux, mais je sens déjà avancer ses doigts dans mon corps. Je balance ma tête de tous les côtés et me prends une violente gifle. Le gout de fer que j'ai dans ma bouche me surprend tout autant que cette scène monstrueuse.

L'homme commence à ouvrir sa braguette, il faut que je parte d'ici.

Avec la force du désespoir et tout en oubliant la douleur qui me cisaille les poignets, je tire si fort sur mes bras que je parviens à tendre un peu le scotch. Je passe une main, puis l'autre, au moment où il me touche plus profondément encore, j'avale un cri.

Je plie mon coude et lui décoche un coup dans la mâchoire, puis un coup de pied bien placé et me défais de son emprise. Je cours vers une petite lumière qui filtre au seuil, il est sur mes talons, mais une fois dehors, il ne me suit pas. Je fonce à en perdre haleine dans les escaliers tout en retirant le bâillon, arrivée dans le couloir des VIP, je ne toque pas et ouvre la porte de la cellule de Naël complètement terrorisée.

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant