Chapitre 36

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Nous marchons côte à côte, guidés par des hommes en uniforme ultra protégé, comme si nous étions des pestiférés. Personne n'ose briser le silence. Puis on nous fait pénétrer dans une sorte de pièce munie d'un grand miroir. Il y a des chaises, du papier et un stylo. Je m'apprête à m'assoir, mais une main bloque mon coude.

- Déb. Il faut que je te parle.

- Je crois qu'on n'a rien à se dire...

- Si au contraire.

Je croise les bras devant lui.

- Je t'écoute, mais soit bref...

- Pourquoi tu es comme ça avec moi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?

- Tu essayes de...

C'est étrange, je ne me vois pas lui avouer ce qui me ronge depuis quelque temps. Le seul fait de parler de lui, de tout son manège pour me séparer de Naël est presque ridicule. En somme, le problème ne provient pas de lui, mais bien de moi. Je devrais continuer ma route sans me soucier de ce que pense ou croit penser Franck.

- De quoi ?

- C'est Naël...

Mais je ne sais pas quoi dire de plus, j'ai peur de m'enfoncer.

- Ha, Naël...

Il vient de soupirer en disant ces deux mots.

- Tiens, voilà c'est pour cette raison que je t'en veux... Tu ne fais que le provoquer, essayer de le faire sortir de ses gonds.

- Donc, tu avoues m'en vouloir à cause de Naël.

- Non, tu te mêles de ma vie.

- Je suis un homme de parole, et je l'ai donné à Franck. Je dois te protéger même si c'est de toi-même.

- Je n'ai pas besoin de toi !

- Sauf, que je sais des choses que tu ne sais pas.

- Aller c'est reparti ! Tu veux que je te dise Franck, il faudrait que tu m'oublies un peu, que tu changes de disque. Tout va bien, tout va bien se passer et dans quelques jours, on ne se verra plus. Je mènerai ma vie comme je l'entends avec qui je l'entends.

- Même si c'est une connerie ?

- Mais tu es bouché, ma parole ! Je te demande de me laisser tranquille !

Alors il s'avance vers le miroir et frappe dessus avant de dire :

- Envoyez-moi quelqu'un, j'ai une requête urgente et capitale.

Je le regarde faire, mais qu'a-t-il encore en tête ? Il va griffonner quelque chose sur un papier et le plie avant d'aller vers la porte qui s'ouvre devant nous. Il donne le message au militaire puis retourne vers moi sans un mot de plus, pourtant je ne l'entends pas de la même manière.

- C'était quoi ça ?

- Une surprise, mon ange.

- Arrête de m'appeler comme ça !

- Pourquoi, ça ne te plait pas ?

- Ferme-là.

- Tu vois, tu es crispée, tu es stressée dès que je suis là.

Je ne sais plus quoi dire. Il en profite pour poser sa paume sur ma joue, mais je la retire.

- Mais qu'est-ce que tu veux Franck !

- Je veux que tu ouvres les yeux, que tu te rendes compte que Naël n'est pas un mec bien...

- J'en étais sure, tu me fais le grand jeu, pour que je le quitte. Mais pourquoi, putain ! Pourquoi !

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now