Chapitre 23

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J'ai mal à la tête, putain...

J'ai l'impression d'avoir dormi des décennies... Où suis-je ?

Allongée sur un matelas, je contemple le néon qui m'éblouit au-dessus de moi. Mais il est impossible pour moi de bouger les bras. Alors je tourne doucement mon visage pour m'apercevoir que je suis menottée aux barreaux du lit. Je me contorsionne pour essayer de me défaire, mais ce n'est pas possible.

- Alors réveillée ?

Je redresse ma tête pour regarder à qui appartient cette voix. Je serre les dents de dégout et de rage, mais ne peux rien dire. Je sens poindre au creux de mes yeux des larmes.

- Bon, je suis certain que tu vas arrêter de faire chier. Surtout quand tu vas savoir ce qui s'est passé tout à l'heure, pendant ton petit somme...

Il s'avance et s'assoit sur une chaise.

- Les choses sont différentes maintenant, mais ce n'est pas moi qui vais te l'expliquer. Chef ! Elle est réveillée.

Soudain, la porte s'ouvre sur le Mamba et il daigne à peine me regarder.

- Déb, tu n'as pas été très sympa avec mon ami, en t'attaquant à lui sans raison...

Je fais non de la tête et essaye de dire quelque chose, mais je suis coupée, aussi il continue.

- Il parait que tu t'es jetée sur lui et que tu as voulu le poignarder ? Tu sais qu'ici, il y a des règles strictes, que j'ai mises en place pour le bienêtre de la communauté.

- Mais c'est faux, c'est lui...

- Tais-toi ! Tu pourras remercier l'écarteleur, car il souhaite finalement oublier tout ce qui s'est passé.

- De toute manière quand Naël sera là, il lui fera payer !

Ils se rient tous les deux, c'est incompréhensible.

- Naël ? Mais à l'heure qu'il est, il est mort, bouffé par les bestioles...

Mon cœur se décroche tout à coup, je crie :

- Vous mentez ! Il va venir me chercher !

Le Mamba se lève et me prend les deux joues d'une main.

- Il est mort, je l'ai vu de mes yeux tout à l'heure. Tu veux savoir ce qui s'est passé, hein ?

Des larmes coulent sur ses doigts.

- Lui, Luca et Doc sont arrivés sans Marc. Ils n'ont rien trouvé dans ce fameux labo, et ont demandé à ce que vous sortiez : toi, les filles... J'ai accepté, mais lorsqu'il ne t'a pas vu avec elles, il a commencé à nous menacer. Aussi je lui ai dit que tu étais morte, tu avais voulu t'échapper, que tu avais été dévorée par les crieurs !

Il me lâche au moment même où je perds totalement tout mon contrôle, mais il continue.

- Alors il s'est jeté sur la porte et a escaladé les murs de la prison, il a attiré des centaines de zombies. Les autres ont pu fuir in extremis, mais lui s'est fait attaquer de toute part.

Le hurlement de douleur que je fais est presque aussi fort que ceux des crieurs. Je veux mourir...

- Maintenant, deux solutions s'offrent à toi. L'écarteleur te propose de te garder sous sa protection rapprochée ou bien, on te prépare une petite cellule en sous-sol où tu accueilleras tous les mecs qui le souhaiteront.

Il se lève pour me libérer puis avant de quitter la chambre, fait signe à mon agresseur de le suivre.

- Tu as jusqu'à demain matin pour nous donner ta réponse. Tu vois comme je suis clément...

Ils me verrouillent à l'intérieur de la pièce.

Toujours dans la même position, et pourtant, maintenant détachée, je n'arrive pas à faire le moindre geste. Terrassée, perdue, je ne peux pas imaginer qu'il soit mort. C'est à cet instant que je prends conscience de tout l'amour que j'ai pour lui...

Les quelques heures qui ont suivi se sont passées au ralenti. Des minutes comme des heures, des secondes comme des minutes puis au beau milieu de la nuit, je me suis levée pour essayer d'apercevoir la lune, elle est voilée comme mon regard, j'ai tant pleuré. Si je pouvais mettre fin à mes jours maintenant, sortir pour me jeter du mirador... mais je suis bel et bien dans une prison et ma cellule est fermée. Je détaille ma chambre pour y trouver de quoi me pendre, même si j'ai peur de le faire, je ne vois pas d'autres choix. Définitivement, il n'y a rien, tout est évidemment bien prévu.

Le jour se lève sur ma nuit blanche, et je crains l'arrivée du Mamba.

Soudain, la porte se déverrouille et je me tends, n'ayant aucune envie de les accueillir si tôt. Mais c'est une chevelure blonde qui rentre sans faire de bruit tout en me disant de faire de même : Belinda est ici.

- Déb, pardonne-moi ! Je ne pensais pas qu'ils iraient jusque-là...

- Aide-moi à sortir Bé !

- Je ne peux pas... si je fais ça, ils me feront subir le même sort... Je sais pour Naël... Je suis désolée.

J'aurais tellement envie de lui dire que tout est de sa faute, qu'elle nous a trahis, mais tout cela est inutile.

- Bé, pitié ! Fais-moi sortir.

- Non, je suis navrée. Le Mamba serait furieux... je...

Nous nous tournons d'un coup lorsque de concert nous entendons une porte claquer. Elle se lève précipitamment et avant que je ne puisse partir m'enferme de nouveau.

- Fais chier !

Les pas se rapprochent et lorsque la cellule s'ouvre je reconnais Le Mamba et l'écarteleur, mais ils ne sont pas seuls, il y a avec eux quelques autres prisonniers.

- Bon Déb ? Quelle est ta décision ?

Je regarde droit dans les yeux l'écarteleur.

- Je choisis la cellule ! Il est hors de question que je sois le jouet de ce porc !

Le Mamba s'en amuse avant de pouffer de rire, quant à l'écarteleur il est fou de rage. Tant mieux, espèce de pourri !

- Bien, emmenez-là ! Les geôles en sous-sols feront bien l'affaire.

Conduite vers les étages inférieurs de force, je suis pourtant libre de mes mouvements, j'avance d'un pas nerveux et passe à côté des hommes qui se réjouissent à l'avance de ce qu'ils vont me faire dans quelques heures.

Au bout du couloir, je jette un œil sur le côté gauche et aperçois la porte de la cour ouverte.

Cette occasion ne se représentera pas, aussi je surprends tout le monde et me mets à courir comme une folle. Ils me poursuivent en me menaçant, mais je suis rapide et lorsque j'atteins l'extérieur, je bifurque vers les escaliers du mirador, je monte quatre à quatre les marches et arrive exténuée sur la passerelle.

J'enjambe le muret, je suis prête à le faire, je vais sauter !

Les crieurs en bas qui rôdent, m'attendent déjà avec impatience, ils s'amassent en petits groupes. Je me penche et me lâche dans le vide quand soudain je suis ceinturée par une poigne puissante qui me ramène vers le sol. Je me débats comme une furie.

- Lâchez-moi ! Au secours !

Mes hurlements qui résonnent se mêlent à ceux des monstres qui essayent en vain de grimper le mur pour nous rejoindre.

- Connards ! Lâchez-moi !

Mais on me retourne et l'on me gifle une fois, puis deux, je saigne de la bouche et manque de m'étouffer avec mon propre sang. Ce qui attire d'autant plus les zombies qui se rassemblent et qui se battent sous nos pieds, visiblement excités par l'odeur.

- Tu vas te calmer !

La Mamba me bloque toujours puis l'on saisit mes jambes pour me forcer à redescendre. Je deviens folle, hystérique, je n'arrête pas de les menacer, de hurler, de gesticuler, de tenter de les mordre et finalement on me pousse dans une cellule sans fenêtre pour m'y enfermer dans le noir le plus complet...

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now