Chapitre 15

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- Non, recommence !

- Je suis épuisée, j'ai faim !

- Plus tard, ton geste n'est pas efficace.

Je fais la moue et souffle, clairement agacée.

- Madame a des soucis de bourgeoise ?

Il croise les bras et penche une tête malicieuse vers moi.

- Donne-moi le bâton !

Il le ramasse et le jette dans ma direction, je le prends, mais lorsque je me redresse il a disparu. Tout à coup, je me fais bloquer par-derrière.

- Ne baisse jamais ta garde, ne quitte jamais ton adversaire des yeux...

Je remue comme un ver de terre, mais son emprise est trop forte.

- Alors ? Tu fais comment maintenant ?

J'essaye de le mordre, et il éclate de rire de plus belle.

- Déb, la tigresse ?

Je n'arrive à rien, il va falloir se calmer et ruser. Cela fait des jours que nous ne faisons presque que ça, le matin une séance de remise en forme avec Naël et Marc qui est enfin sorti de sa quarantaine, puis l'après-midi c'est séance self défense. Les filles sont assidues, Alex en particulier !

Nous nous habituons aux cris des zombies, les détenus nous évitent le plus possible. Les virées à l'extérieur sont de plus en plus rares, car nous nous organisons comme il faut. Pourtant, nous savons qu'un jour ou l'autre, il faudra aller faire un tour dehors, essayer de contacter le monde civilisé, au mieux partir d'ici. Naël et Marc ont ratissé les quartiers autour de la prison et ont laissé de grandes indications sur les murs pour que les survivants puissent trouver notre refuge, mais pour le moment personne n'a plus poussé la porte depuis des jours. Doc fait toujours ses expériences à l'infirmerie, il dit qu'il avance bien. Un matin, il m'a demandé de lui parler du colloque de ce fameux soir où tout a basculé. Pour lui, ce n'est pas un hasard si Franck travaillait dans un labo bactériologique et que le patient zéro était justement à ce colloque, dans mon théâtre. Il m'a posé des tonnes de questions sur lui, sur nous, sur ma santé... mais à l'évidence, je n'ai pas fait avancer les choses. Il a râlé et s'est de nouveau enfermé durant des heures.

Pour l'heure, Naël me serre fort et bloque le haut de mes bras, soudain je me rends compte que je tiens toujours le fameux bâton, aussi d'un mouvement de poignet, je le projette entre mes jambes pour l'atteindre là où ça fait très mal...

Touché ! Il me relâche d'un coup et je me tourne vers lui, un peu paniquée. J'ai peur d'avoir tapé trop fort. À l'évidence, oui, il est plié en deux... Je lâche le bois et prends son visage entre mes mains.

- Ho putain ! Je suis désolée ! Tu as mal...

Mais contre toute attente, il plonge ses iris sans les miens en disant :

- Bien joué ! Tu as faim ?

Mon Dieu qu'il est beau en cet instant, je quitte sa peau d'un coup et me raidis les poings serrés comme si je venais de tomber dans un piège. Ce piège je le connais, et il me hante chaque nuit... sa présence me rassure tout autant qu'elle me perturbe.

- Heu oui.

Je tourne les talons vitesse grand V, et disparais en le laissant me suivre vers la cuisine. Je sens son aura derrière moi, et je presse le pas d'autant plus comme si je voulais échapper à mes sentiments naissants pour lui. Une fois face à l'un des frigos qui nous est réservé, je l'ouvre et reste devant les étagères sans savoir quoi faire.

- Alors ?

Je me retourne vers lui.

- Quoi ?

MB MORGANE - Pari(s) Z [Terminé]Where stories live. Discover now