Judicaël : La Morsure du Passé 🥀

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Mon esprit était plongé dans l'historique de la quatrième ère noire lorsque l'humaine me dérangea. Il me fallut un certain moment pour analyser sa question, sans doute parce que je ne m'attendais pas à autant d'audace. Pourtant, pourquoi cela m'a-t-il étonné venant d'elle ?

— Je vous demande pardon ? M'offusquai-je.

Je savais néanmoins que ma rebuffade ne serait pas assez pour la dissuader de continuer son interrogatoire. Elle manque trop d'éducation pour saisir des messages sous-jacents tels que ceux-là, hélas. Ou bien les ignore-t-elle délibérément ? La deuxième option me semble terriblement plus grave que la première...

— Écoutez, on va peut-être être anéantis bientôt. Je me disais juste que c'était le moment idéal pour se connaitre un peu mieux... surtout que nous sommes officiellement coéquipiers à présent ?

— Ma vie privée ne vous regarde aucunement et nous sommes ici pour étudier, répliquai-je.

— Vous aviez dit vous-même que je n'avais pas le droit de me mettre à votre place et caetera parce que je ne connaissais rien de vous, argumenta-t-elle en jouant avec le livre entre ses mains.

— Mademoiselle, je n'ai tout simplement pas envie de vous partager mon existence... et veuillez cesser d'agiter cet ouvrage de collection comme s'il s'agissait d'un manuel sans valeur ! La réprimandai-je en craignant pour la reliure de l'objet.

Elle reposa la chose sur la table et me sourit malicieusement, croisant les mains sous son menton.

— Judicaël, seriez-vous un célibataire de longue date honteux de sa solitude amoureuse ?

— Il n'y a que le travail qui soit important à mes yeux : je ne regretterai jamais la voie que j'ai prise, me défendis-je.

Au loin dans mon esprit, les blessures de mon passé s'approchèrent...

— Donc j'avais raison : vous êtes seul ! S'exclama-t-elle triomphante. Mais entre nous : j'aurais trouvé le contraire étrange, je vous l'accorde...

— Replongez vous dans votre ouvrage et arrêtez de m'importuner, la priai-je.

Cependant elle continue, ignorant que chacun de ses mots est un coup de poignard en plein cœur.

— Pourquoi être devenu majordome ? C'était une vocation ? Ou quelqu'un vous a influencé ? Ah, j'y pense ! Vous avez des parents ? Après tout vous avez une sœur donc...

Des ombres sanglantes dansèrent à l'intérieur de mon crâne. Ramenant mes ténèbres.

— Mademoiselle, ne dites plus rien ! C'est un ordre ! Tonnai-je.

Ma voix résonna contre les murs dans un écho lugubre. Eidjina, surprise par cet emportement soudain, murmure avant de reprendre sa lecture :

— D'accord, d'accord... ne le prenez pas si mal...

Je suis le symbole de l'impassibilité. L'emblème de la dévotion. Un majordome par choix. Quelqu'un qui a construit son futur non pas sur la base de la peur mais par conviction... Du moins, c'est ce que tout le monde voit. Ce que tout le monde croit ; car j'ai fait en sorte de parfaire cette image...

Je n'ai qu'une chose à dire :
Je suis un mensonge.

Je n'ai qu'une chose à dire :Je suis un mensonge

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