Judicaël : Un Léger Contretemps

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Je laissai Eidjina rentrer en première dans notre véhicule. Elle me remercia d'un jolie sourire.

Nous étions tous les deux assez anxieux quant à ce retour : je ne ramenais aucun avancement sur notre mission, Orlando nous avait fait faux bond, et Eidjina s'inquiétait pour notre relation.
Je lui avait prévenu que j'étais contre les marques d'affections en publiques, et qu'en plus, nous ferions mieux de garder notre aventure secrète, ce qui ne lui avait pas plût. Mais avions-nous vraiment le choix ?
- Vivons heureux, vivons cachés. M'avait-elle dit.
Apparemment il s'agissait d'une autre maxime humaine.
- Démon tranquille, démon docile. Lui avais-je répondu.
Pourquoi fallait-il que ce ne soit qu'elle qui m'apprenne des dires de sont espèce ?
- Alors comme ça tu m'imites ? Tu vas mal finir mon pauvre ! Avait-elle rit.
Nous nous étions désormais installés à l'intérieur de la diligence, l'un en face de l'autre. Elle avait croisé ses longues jambes galbées, de manière à pouvoir me donner des petits coups de pieds à sa guise.

Il n'y avait plus que nous. C'était peut-être notre dernier moment à deux.

Eidjina s'était faite une tresse en épis de blés avant de partir. Elle avait dormi dans le lit de la chambre alors que j'avais refusé. Après m'avoir forcé à prendre du repos j'avais accepté de m'endormir sur le canapé.
Quel type de démon aurai-je été si j'aurais dormi dans les mêmes draps qu'une femme ?
Bien sûr, elle aimait particulièrement se moquer de ma pudeur, ce qui m'embarrassait beaucoup.
Notre dernier baiser était dans l'encadrement de la porte, avec du recul, ce souvenir me rendait confus. Même si je n'avais pas fait le premier pas, où avais-je trouvais le courage de faire une chose pareille ? Évidemment j'ai apprécié, je ne regrette pas ces instants, mais je me dis que je n'avais pas conscience de l'ampleur de mes actes.
L'âme égarée de son côté ne devait probablement pas s'être posé la question. Elle était tellement moins... Timide, coincée, carrée ? Tout ?

Je reçu un coup de pieds de sa part.
- Mademoiselle. La grondai-je en relevant mes yeux sur son beau visage.
Elle haussa les sourcils, l'air mécontente.
- Tu me jettes déjà ? Fit-elle référence au vouvoiement. Dis-moi, j'espère que tu ne t'es pas laissé faire avec moi juste parce que tu as des pensées perverses ?
J'écarquillai les yeux, choqué et mal à l'aise.
- Comment ? Moi ? Je vous jure que nous !
Soudain, elle éclata de rire.
- Je te taquine, darling ! Se moqua-t-elle.
Je soupirai pour bouder, les joues rougies. Je tournai la tête pour voir l'extérieur.
- Allez, dis mon nom ! Me quémanda-t-elle.
- Tu es impossible Eidjina. La critiquai-je, en accédant toutefois à sa demande.
Je la vis sourire à travers la vitre.
- Et si on faisait des bêtises, ici ? Me titilla-t-elle.
Je me retournai vers son expression diabolique.
- Tu ne t'arrêtes jamais ? Si ça continue je vais croire que tu as des arrières pensées ! M'exclamai-je.
- En parlant de "bêtises" je voulais dire manger une tarte et mettre des miettes sur les sièges bien sûr ! Mentit-elle. Qu'as-tu cru entendre Judicaël ?
- Cesses de me prendre pour un idiot, Eidjina, ça voulais dire ce que ça voulait dire... Répliquai-je.
Elle leva les mains en signe d'innocence.
- Je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que tu comprends. Philosopha-t-elle.
Nous continuâmes à nous prendre la tête inutilement un petit moment. Lorsqu'elle s'y met elle peut être tellement têtue !

Mais elle est tellement désirable ainsi...

Le silence était enfin revenu. Mais par pour longtemps malheureusement. Pourquoi avais-je jeté mon dévolu sur une personne aussi opposé que moi, au faite ?
- Judicaël ! S'écria t-elle inutilement.
- J'aimerais comprendre un jour ce besoin que tu as de crier. Soupirai-je lourdement.
- Que vas-tu dire à Satan pour la mission ? S'inquiéta t-elle.
- La vérité, tout simplement. Lui répondis-je.
- Tu n'as pas peur qu'il soit déçu ou en colère ? Me questionna t-elle.
- Qu'il le soit ou pas ça n'a aucune importance. Je me dois de lui rapporter les nouvelles qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Élucidai-je.
Une lueur peu rassurée traversa ses prunelles obscures. Je tentai de la rassurer :
- Ne t'inquiète pas, je suis sûr que tout va bien se passer.
- Je pense que tu...

Soumis À Leur DestinWhere stories live. Discover now