Eidjina : L'Ombre du Diable 🥀

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Quand il entra dans cette salle, il y eut quelque chose en moi qui tressaillit de peur, presque comme un instinct primaire susurrant aux oreilles d'un animal sur le point de mourir. La pièce me parut soudainement exiguë, le bruit de mon souffle un sifflement anxiogène, et mon corps un poids énorme entravant une fuite.

Il y avait quelque chose dans son regard. Une étincelle obscure, une flamme maudite, une lueur malsaine... Je ne saurais vous dire exactement ce que mon âme y a vu, mais je devinai sans peine que cet homme aux cheveux de cuivre n'était pas là pour mon bien.

Il avait une démarche inquiétante. Lente, semblable à un serpent tapi dans l'herbe prêt à mordre sa proie. Sa tête haute méprisait mon rang, et son sourire perfide le rendait vicieux. Il s'approcha en prédateur, posant sa main sur le coin de la table, ce qui fit claquer ses ongles pointus. Puis sa paume glissa avec lenteur, imitant une couleuvre rampant sur la verdure...

Ma gorge était anormalement sèche, ma mâchoire ne répondit pas à mes sollicitations, soudée par une force invisible. Ayant l'impression de revivre ma torture je sentis mon cœur battre à un rythme fou, perforant ma cage thoracique.

Où es-tu, Judicaël ?
Et qui est cette personne ?

Un rire cassant lui échappe alors qu'il remarque mon incompréhension doublée d'une terreur évidente. Son costume officiel taillé avec une précision et une élégance notable m'interrogent sur son statut. À mon avis, il ne devait pas s'agir d'un simple démon mais d'un aristocrate gonflé d'un joli titre, ce qui expliquait son dédain.

J'étais debout, stoïque, et le vis s'approcher jusqu'à se trouver devant moi. Il saisit sans scrupules une mèche de mes cheveux noirs et l'examina d'un œil sarcastique, une moue toujours insultante collée au visage.

— Quelle triste invention qu'est l'humanité, se moqua-t-il. Si faible et pathétique, à croire que vous n'êtes nés que pour devenir des héros de tragédies...

Il relâcha sa prise d'un geste méprisant.

— Tss, j'ai l'impression de revoir le même scénario inlassablement. Ça ne vous agace pas, d'ailleurs, de faire autant pitié ? Me questionna-t-il en reprenant ses distances.

Contournant la table, un œil ambré m'observant de loin, il cessa sa pression magique, me laissant me défendre. Un frisson glacé me parcourut l'échine, j'avalai ma salive, ne sachant quoi répondre de politiquement correct.

— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ? Demandai-je finalement d'une voix chevrotante, consciente de prendre moins de risques sur ce terrain-là.

Ses paupières se ferment, il mord sa lèvre inférieure. Peut-être que mon interrogation n'était pas aussi appropriée que je le pensais ? Suite à une profonde inspiration, il cesse tout mouvement.

— Quelle inculte tu fais, misérable mortelle... Je m'emporte pour bien moins que ça à mon habitude mais, soit chanceuse, ma colère ne se dirige pas contre toi, articula-t-il.

Mon intimidateur laissa un silence s'écouler avant de faire les présentations :

— Je suis Ewan, huitième prince de l'Enfer...

Il leva ensuite sa main pour me faire taire alors que je n'avais rien dit.

— Tu ne dois jamais avoir entendu une syllabe de mon prénom, petite ignorante. Cependant, ne crois pas que mon anonymat me rende plus abordable que mes frères. Au contraire : vois-moi comme ton pire cauchemar et crains ma présence comme s'il s'agissait de ta mort prochaine, me menaça-t-il.

— Je suis déjà décédée, lui fis-je remarquer.

— Oh, il y a bien pire, se moqua-t-il en ricanant.

Soumis À Leur DestinWhere stories live. Discover now