Partie 1 Judicaël : Veni Vidi Vici

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(NDA : Attention, j'ai décidé de couper ce chapitre en deux parties car je le trouvais bien trop long ! Il fait désormais un peu moins de 3000 mots au lieu de 5500 (ça donne mal à la tête 😂). J'espère que cela permettra de rendre le chapitre plus digeste et moins lourd, en vous souhaitant une bonne lecture mes petits démons ! 💜
PS : ne soyez donc pas étonné de voir deux chapitres du point de vue Judicaël se suivre !)

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J'ai honte

J'ai honte d'avoir donné le dossier mortuaire à Eidjina, parce que je m'imagine à quel point elle doit souffrir à l'heure actuelle. Peut-être m'en voudra-t-elle au point de ne pas venir me dire au revoir avant la bataille.

Je veux qu'elle vienne.

J'ai besoin de son soutien avant de partir. Qui sait ce qu'il nous arrivera là-bas ? Les princes sont en plus persuadés qu'une armée nous attend en embuscade pour se débarrasser de nous à la première occasion.

Je veux revenir. Pour elle.

Depuis que j'ai appris qu'Asrarël a soufflé des choses malsaines à l'oreille de ma milady, je ne pense qu'à la punir. De plus, même si je ne nie pas la culpabilité d'Eidjina dans l'affaire, je me sens soulagé. Mon humaine n'était pas si obscure dans le fond : elle avait été influencée.

Mes mains se tenaient mutuellement, pendant que je les regardais. J'avais annoncé l'heure de mon départ à ma compagne, maintenant, je savais qu'il ne s'agissait plus que de sa volonté. Viendrait-elle ?
J'étais debout dans une arrière-cuisine pour être certain de ne pas être dérangé. Je lui avais donné rendez-vous ici, et priais désespérément pour qu'elle vienne.
Lorsque je crus que tout était joué, la porte s'ouvrit, laissant apparaître une Eidjina profondément troublée.

J'eus honte.

Sans dire un mot, elle vint vers moi jusqu'à me serrer dans ses bras. Je restai stone, n'osant faire un geste.
- Merci. Renifla-t-elle.
- Tu aurais plutôt dû m'insulter. Lui fis-je doucement remarquer.
Je passai timidement un bras autour de sa taille.
- Non : merci. Même si c'est dur... Je préfère ne pas être restée dans l'ignorance. Me soutint-elle à travers ses petites larmes.
Elle leva la tête et je découvris ses yeux encore brillants. C'était assez douloureux de la voir ainsi.
Je pris les devants en lui caressant la tête avec maladresse.
- Je suis content que tu sois venue. Lui confiai-je en rougissant.
- Pour rien au monde je ne t'aurais laissé partir sans un adieu. Me dit-elle.
- Ça te rendrai triste, si je ne revenais pas ? L'interrogeai-je sérieusement.
- Tu reviendras, Judicaël. M'affirma-t-elle.
- Tu as beaucoup d'espoir, dis-moi. Lui souris-je.
Elle passa ses bras autour de mon cou et déclara avec passion :
- J'ai toujours cru en toi, et je suis certaine que je ne serai pas déçue cette-fois ci encore.
- Comme c'est mignon. M'amusai-je. Mais dis-moi, n'étions nous pas en froid un peu plus tôt ?
- Tu préfères qu'on se disputent juste avant que tu partes en guerre ? S'étonna-t-elle.
- Bien sûr que non. Mais tout va si vite... Murmurai-je. J'ai l'impression que c'est hier que nous nous sommes embrassés pour la première fois, que c'est ce matin que Prêmélas a annoncé ta trahison, et ensuite en moins de temps qu'il n'en faut le coup d'état à sévi et nous nous sommes à moitié réconciliés... C'est étrange.
- Judicaël qui prononce le mot "embrassés" sans humilité ni déni, ça c'est une première ! Me taquina-t-elle.
Je ris. Ses plaisanteries m'avaient beaucoup trop manqué, j'eus le désir ardent de poser à nouveau mes lèvres sur les siennes.
Cela faisait trop longtemps.

Un peu maladroitement, je penchai mon visage vers elle. Depuis tout ce temps écoulé, je ne savais plus trop comment m'y prendre. Est-ce que c'était vraiment le bon moment ?
Son doigt se posa sur ma bouche pour m'arrêter. Avant que je ne me confonde en excuse pour trouver ma faute, elle sourit.
- Fais moi une promesse. Me demanda-t-elle.
- Quoi donc ? Soufflai-je, crispé.
Elle s'écarta légèrement, et d'un geste sûr, retira la petite chaîne en or qui décorait son cou.
Elle me saisit le poignet et posa son pendentif dans le creux de ma main avant de la refermer.
- Garde-le près de toi. Je veux qu'où que tu ailles, une partie de ma présence t'accompagne. Ainsi, quoi qu'il puisse t'arriver, même si tu sombres dans les ténèbres les plus noirs... Tu ne seras jamais seul. Me déclama-t-elle avec conviction.
Ses paroles me touchèrent en plein cœur.
- Eidjina... Ne t'est-il pas cher ? M'inquiétai-je.
Il était évident qu'il s'agissait d'une relique familiale.
Elle me regarda avec tendresse lorsqu'elle ajouta :
- C'est parce qu'il est inestimable qu'il t'appartient désormais : les étoiles brillent parce qu'elles n'appartiennent pas à un simple humain, mais à l'univers.
- Tu vas m'embarrasser. Bafouillai-je.
- C'est à toi de le faire resplendir, Judicaël. Poursuivit-elle.
Je serrai le bijou si fragile entre mes doigts, essayant de capter l'amour qu'il contenait.
- Je ne veux le revoir qu'autour de ton cou, lorsque tu rentreras vainqueur du combat. Alors seulement, je te permettrai de m'embrasser de nouveau. N'est-ce pas un échange équitable : mon passé contre notre futur ? Me questionna-t-elle.
Je la fixai avec une affection débordante. Comment de si jolis mots pouvaient exister ? Comment parvenait-elle à faire battre mon coeur si vite, en bougeant simplement ses lèvres ? La seule réponse logique que je formulai suite à ses déclarations fut :
- Je t'aime.
Elle sourit.
- Promets-moi de rapporter mon collier.
- Est-ce une manière détournée de me supplier de revenir vivant ? L'interrogeai-je amusé.
- C'est possible. Me taquina-t-elle.
- Je reviendrai, Eidjina. Pour nous. Lui prêtai-je serment
Nos yeux ne parvinrent à se détacher tant ils étaient attirés par l'autre. Elle brisa cet échange en prononçant de façon presque inaudible :
- Va.
Et mût d'un instinct primaire, je m'éloignai d'elle pour partir. Avant de franchir la porte qui la ferait disparaître peut-être pour toujours, je me retournai pour imprimer son visage à tout jamais dans ma mémoire.
Elle fit de même, et en une fraction de seconde, nous nous partagâmes notre passion réciproque.
Cela sans un seul mot.

Soumis À Leur DestinWhere stories live. Discover now