Eidjina : Le prix de l'égoïsme

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L'être humain est naît égoïste.
Les misères dans lesquelles il se trouve sont toujours de sa faute. Son appétit pour la facilité et son adoration pour sa propre personne lui amène parfois à perdre des choses précieuses dans sa vie.

Mais c'est bien connu : nous ne nous rendons compte de ce que nous avons perdu seulement une fois que nous ne l'avons plus.

Nous nous lamentons, pleurons, cherchons à la récupérer avec désespoir. Mais notre main se referme sur le vide.
L'être humain est pathétique.

J'ai perdu Judicaël.
Mon cœur est seul.

Dans une case froide, noire, sans bruit.
J'ai méritée ma peine :
Le vide.

Je m'entends hurler son nom à travers la salle, c'est comme un film au ralenti. Je le vois disparaître derrière la porte sans se retourner, je m'élance à sa suite comme dans une mauvaise comédie romantique.
Puis une main vient me saisir la manche pour me tordre le bras dans mon dos.
J'hurle d'impuissance, avec l'infime espoir que mes cries parviendront aux oreilles de mon darling.

Le silence me répond.

Mes genoux flanchent, Azazel me force à me mettre au sol. Je vois ses lèvres bouger mais seul un murmure inintelligible me rejoins.

"Tu ne compteras jamais plus qu'eux"

Je tentai de me débattre sans vraiment y croire. Après tout, que vaut mon existence sans Judicaël ?
Je finis par me laissai faire, en désespoir de cause. Je me retrouvai allongée par terre, face contre terre, les mains ligotées.

« Il n'y a pas de "nous"»

Un par un mes rêves tombèrent tel un château de cartes. Je les vis s'effondrer, sans pouvoir en sauver un seul.
J'ai été égoïste. Je n'aurai pas dû faire cela. J'en paie le prix.

Dans un souvenir lointain, je me souviens que le blond m'a relevé, et, sous tous les regards accusateurs, m'a guidé vers la sortie.
Mon regard croisa celui de Prêmélas. Il m'offrit un sourire de vainqueur, celui d'un homme se débarrassant d'un obstacle.
Il passa sa main sous la table, en tentant d'entremêler ses doigts avec Lucifer, mais celui-ci le repoussa sans état d'âme.
Leurs visages disparurent tous de ma vue lorsque la porte se referma

Puis c'est le trou noir. Rien. Aucun souvenir du chemin que j'ai fait. Mon esprit fut comme anesthésié de toutes réflexions. Je sais simplement avoir descendus des marches, sans jamais m'arrêter. Des heures. Des années. Des siècles.
Je ne pensais à rien d'autre qu'au majordome, à ses dernières paroles, à son regard meurtri.

C'est moi qui ai fait ça.

Puis, alors que j'avais le sentiment d'être arrivé au plus bas fond de l'Enfer, Azazel s'arrêta. Il retira mes menottes, ouvrit la porte métallique rouillée d'un cachot humide, sans aucune fenêtre, dont le sol en pierre obscures était rempli d'eau.
Il n'y avait aucun meuble dans cet endroit maudit : ce n'était qu'une prison au plafond voûtée et à l'odeur mortuaire.
Le prince me poussa dedans comme si j'étais un déchet à mettre à la poubelle, puis referma derrière.
Le bruit résonna à l'infini, mes pieds pataugèrent dans les flaques.

Le noir.
Pas une lumière.
Juste le Néant.

Je me laissai tomber dans l'eau, en comprenant que des personnes avaient vécu le même calvaire que j'allais endurer. Et la pire perspective de tout cela était de ne pas pouvoir échapper à ce sort.
Je suis déjà morte.
Je peux bien rester enfermée quelques millénaires ici sans ne jamais entendre une voix autre que la mienne, sans revoir le visage de quelqu'un ou juste la lueur d'une bougie.

Soumis À Leur DestinWhere stories live. Discover now