Judicaël : La nuit de diamant

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Les vitres volèrent en éclats, des hurlements s'élevèrent dans le château.
Jamais la demeure n'avait été aussi agitée.

Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que quelque chose de grave se produisait, mais il fut plus dure de sortir de ma transe.
J'étais dans ma chambre, en position foetale sur mon lit, toujours en train de me lamenter sur la trahison d'Eidjina lorsque je sentis les murs trembler, et les armes gronder.
La raison de tout se raffut m'apparut comme une évidence : ce n'était pas la première fois que ce genre d'incident arrivait.

J'eus à peine quelque secondes pour passer d'une peine de cœur à un coup d'État : ma porte s'ouvrit à la volée sur une Iris totalement en panique.
- Monsieur ! Aux armes ! Tous le monde au combat, ordre de sa Majesté, il faut défendre la couronne !
Je me levai précipitamment en essuyant les dernières larmes coulant aux coins de mes yeux. Ce n'était plus l'heure de s'apitoyer, la guerre avait été déclarée !
Je me concentrai comme je pus pour sortir mon katana de l'autre dimension, et suivis la domestique déjà armée de six couteaux à l'extérieur de la pièce.

Tout se passait extrêmement vite : des gens courraient dans les couloirs, terrifiés, des parents criaient avec désespoir le nom de leur enfant, des soldats cherchait les princes... La panique s'était emparé du domaine.
- Suivez-moi, nous devons barricader la porte Sud ! Me dit-elle.
J'acquiesçai.
Nous nous retrouvâmes à courir dans la cohue général, à contre-sens de certains. Les lustres au plafond tremblaient, faisant tinter leurs cristaux, donnant un côté encore plus effrayant à la situation.
Les corridors nous parurent beaucoup trop longs et sinueux : impossible d'utiliser ma vitesse surnaturelle car la foule était trop compacte.
Le bruit des marches grinçant sous les pas pressés des nobles et des soldats étaient incessants : une partie montait aux étages, une autre descendait en bas.
Dans cette pagaille confuse dans laquelle je commençais à me perdre, je reconnus le souverain de la Géhenne se dépêchant de traverser le château, accompagné du comte Aaron et un perturbateur non loin derrière.
- Majesté ! Criai-je pour qu'il m'entende.
Il se tourna vers moi et m'aperçut.
- Protège la porte Sud avec les autres domestique, si tu vois Électima, descends cette trainée ! M'ordonna t-il.
- Que se passe-t-il exactement ? Le questionnai-je au passage.
- Nous sommes encerclés par les traîtres... Commença-t-il.
- Mon frère ! S'écria Méphistophélès sorti de nul part. La porte Nord a cédé !
- Je m'en occupe, déclara Aaron, allez préparer la défense, mon ami.
Il assura au monarque qu'il serait capable de gérer la situation de ce côté-ci et s'empressa de rejoindre son poste.

Le Diable retourna vivement son visage vers son bras-droit, ce qui fit voler ses longs cheveux. Il était apostrophé de toute part.
- Trouve les généraux et dis leur de poster la moitié des hommes en attaques et l'autre en défense. Exigea le chef.
- J'y vais tout de suite. S'exécuta Méphistophélès.
Il disparut lui aussi dans la marée.
- Judicaël, as-tu vu Azazel, je le cherche partout ? M'interrogea t-il brusquement.
Iris avait décidé de prendre les devants et de partir en première au Sud.
- Je regrette, il y a tant de monde que je peine à reconnaître des visages familiers. M'excusai-je.
- Ce n'est rien. Fit-il.
Alors qu'il allait reprendre sa route il aperçut un de ses cadets au bout du couloir.
- Dispater ! Hurla-t-il pour se faire entendre.
Quelques démons dans le couloir se retournèrent, surpris par ce cri puissant comme du tonnerre. Ledit prince s'arrêta net.
- Ne prends pas de risque inconsidérés, souviens-toi que nous sommes les cibles ! Le mit en garde l'aîné.
- Je ne mourrai pas, mon frère ! Lui promit l'autre en se remettant à courir.
Il disparut dans le tournant.
- Puisse le les flammes de l'Enfer vous apporter la victoire. L'encourageai-je.
- Hé, les gars, c'est cool votre vie, mais j'ai perdu mon sandwich dans la pagaille, vous ne voudriez pas m'aider un peu ? S'énerva Prêmélas.
Il reçut un regard noir de la part du démon majeur.
- Va jouer à la dînette, petit, j'ai un royaume à sauver.
C'est ainsi qu'il planta l'adolescent, et qu'il reparti à la recherche de sa fratrie.
Je me tournai vers le perturbateur en question :
- Je vais prier pour ta mort. Lui dis-je avec un sourire cruel.
- Dommage pour toi, domestique, mais mon heure n'est pas encore venu. Répliqua t-il.
- Avec un peu de chance tu te feras écrasé par la foule tellement tu es insignifiant. L'attaquai-je.
Je me retournai et m'éloignai.
- Eidjina est dans les cachots ! Ça pourrait être utile dans peu de temps ! Me lança-t-il lorsque je fut au bout du corridor.
Je décidai d'ignorer ses paroles pour descendre rejoindre Iris.

Soumis À Leur DestinWhere stories live. Discover now