Eidjina : Condamnés

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L'Histoire raconte les grands épisodes de l'Univers. Dans ceux-ci naissent des héros, des martyrs, des tyrans, des figures. Dans ceux-ci s'éteignent des symboles, des défenseurs, des despotes.
L'Histoire est une compilation d'allée et de retour, certains émergent quand d'autres disparaissent, et ceux qui sont arrivés finissent par partir.
L'Histoire n'a pas de fin, elle s'écrit au fil du temps sans jamais effacer son passée, elle s'écoule si vite qu'on en oublie parfois d'anciens élites.

L'existence de Lilith, grande Seigneuresse de l'Enfer vient de trouver son point final. Elle n'aura pas de suite, mais sera remplacée par d'autres aventures. C'est ainsi que se déroule la vie. Rien n'est éternel. Un jour, moi aussi j'atteindrai ma dernière page. Serai-je encore avec Judicaël ou nos chemins se seront-ils séparés avant ?

Le seul être capable de lire le Livre Sacré de l'existence est Prêmélas. Il le voit s'écrire, il pose les points et les virgules, sans réellement tenir le crayon.

Depuis l'annonce du décès de Lilith, une grande partie de l'Enfer était en deuil.
J'ai d'abord été étonnée de voir tout le monde en blanc. Ici, c'est le symbole de la mort. Parce que cette couleur représente l'absence totale de teintes. Ce n'est rien que du vide et qu'une perte infinie sans fond.

J'ai suivis le mouvement de la foule, m'habillant de la même manière. Ce fut assez étrange de voir mon compagnon si clair.
- Et maintenant, que va-t-il se passer ? Avais-je demandé au majordome.
- Quelqu'un va prétendre à son titre, Sa Majesté choisira qui est le plus apte à reprendre sa place. Avait déclaré Judicaël.
- Alors... Il va juste la remplacer ? M'étais-je étonnée.
- Que veux-tu faire d'autre ? M'avait-il relancé.
J'avais haussé les épaules. Ici, la disparition des gens ne semblait pas être douloureuse. Certes, la perte de Lilith était embêtante du point de vue politique. Mais personne n'avait pleuré.
- Nous ne nous attachons pas vraiment à nos congénères. M'avait avoué mon coéquipier. En faite, seuls les dirigeants ont droit à des funérailles la plupart du temps. Parce que le peuple les connais et sait qu'ils sont utiles à leur quotidien. Sinon cela ne nous fait pas grand chose.
- C'est horrible ! M'étais-je exclamée. Vous vous côtoyiez pourtant ! C'est comme Orlando, oui, nous n'étions pas amis, mais nous lui avions déjà parlé... C'est important !
- Est-ce que tu pleurais, sur Terre, lorsqu'un inconnu mourrait ? M'avait-il questionné.
- Non.
- Alors c'est pareil puisque les démons sont comme des inconnus entre eux. Avait-il conclut.
J'avais été triste en entendant cette vérité. Mais d'un côté je n'aurais pas du être étonnée. Il n'est écrit nul part que l'Enfer est un lieu de paix et d'amour.

Alors la préoccupation général du moment était le remplacement de Lilith. C'était le défilé des nobles au palais, chacun voulait agrandir son territoire et faire gonfler son titre. Je trouvai cela vraiment honteux. Pour rire j'avais proposé au prince suprême de prendre Judicaël en Seigneur - ne me demandais pas où j'ai eus ce cran - malheureusement il a rejeté ma requête. Lorsque j'avais avoué ma bêtise à mon compagnon, il avait fait un bond de deux mètres au plafond. Je crus ma dernière heure arrivée.
- Tu as osé faire quoi ! Me hurlait-il comme un fou.
- C'était drôle, Judicaël, c'était drôle ! M'étais-je défendue.
À ce moment je n'en menais pas large. Il était vraiment hors de lui, d'après lui j'avais insulté la noblesse en le proposant. Je lui rappelai tout de même que Satan n'avait pas parut choqué plus que de mesure. Il m'avait simplement répondu "Non".

Prêmélas s'était aussi proposé, mais avait fini au cachot pour "tentative de Coup d'État". Apparemment, seuls les démons pouvaient postuler à des titres royaux. L'adolescent avait défendu sa position en exposant le fait que du sang démoniaque coulait dans ses veines. Mais son côté mi-ange est très mal passé, au point qu'il termina derrière les barreaux...

L'élection dura un petit moment, jusqu'à ce que le Diable jette son dévolue sur la demi-soeur du Comte Aaron : la duchesse Khadija.
Quelques aristocrates contestèrent la décision. Ils disparurent des radars.
Je rappele qu'il ne faut jamais être en désaccord avec Lucifer...

Soumis À Leur DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant