Judicaël : Une Doucereuse Sérénade

37 7 17
                                    

|⚠️ Chapitre pas encore réécrit ! Vos yeux vont pleurer du sang tellement c'est nul ⚠️|

Je m'inquiète pour Eidjina.
Je ne suis pas assez aveugle pour ne pas m'être rendu compte que quelque chose n'allait pas lorsque je l'ai retrouvé dans le salon.

Au fond de moi, j'ai peur que ce soit de ma faute. L'aurais-je poussé trop loin ? Aurai-je trop demandé ? Cette mission doit l'éprouver grandement.
J'espère vraiment qu'après s'être reposée elle ira mieux.
En réalité, moi aussi je suis épuisé, devoir chercher sans jamais trouver de réponses commence à m'user, et j'espère grandement que l'enquête ne va pas trop durer.

Mais j'ai perdu espoir bien vite...

***

Une semaine humaine. Cela faisait presque une semaine humaine que nous ne trouvions rien !
Malchance ou stratagème? Je commençais à croire que quelqu'un s'amusait à nous faire tourner en rond. Hélas, le temps nous manquais, fallait-il que nous restions ici indéfiniment ou fallait-il abandonner ? Je ne savais plus dire quel était le meilleur choix : je déteste perdre mais je suis réaliste.

Je décidai de rejoindre l'humaine dans le salon, ayant prit une grande décision. Faire du sur-place n'était plus à envisager.
Je découvris Eidjina, assise sur le canapé, l'esprit ailleurs.
- Mademoiselle. L'interpelai-je.
Elle sursauta en m'entendant l'appeler, sûrement tirée de ses songes. Ses grands yeux noirs semblaient avoir perdu quelque chose lorsqu'elle me regardais. Aurais-je manqué quelque chose ?
- Je pense que nous devrions faire une pause puis rentrer au palais. Il ne sert à rien de s'attarder ici. Lui annonçai-je.
Elle opina du chef, toujours silencieuse. Je ne devrais pas m'inquiéter pour si peu, cependant, une Eidjina Maltarek qui se tait n'augure rien de bon !
Moi-même exténué, je la rejoignis dans la causeuse, me laissant tomber lourdement. Je tournai mon visage vers elle, ce qui la fit détourner le regard.
- Quelque chose ne va pas ? L'interrogeai-je.
- Je suis simplement fatiguée. Me mentit-elle.
- C'est une excuse pitoyable, savez-vous ?
Elle eut un semblant de rire qui me parut forcé.
- Vous inquiéteriez-vous pour moi ? Sourit-elle.
- Je me demande simplement si je dois m'en vouloir. Objectai-je.
- Non. Vous faites un travail extraordinaire, ne croyez pas. M'affirma t-elle.
- Une telle éloge venant de vous est décidément suspect. Déclarai-je. Et vous n'avez même pas crié inutilement une seule fois...
Je plissai les yeux, cherchant à la percer à jour.
- Vous avez fait une bêtise. Conclus-je.
Je la vis tressaillir, prouvant mes dires.
- Alors, qu'avez-vous cassé ? Lui demandai-je.
- Je n'ai rien cassé ! Se défendit-elle en s'exclamant enfin.
Même si je détestait le vacarme, je savais que plus elle faisait du bruit plus elle était en bonne santé.
- Je vais laisser passer pour cette fois, parce que nous sommes tous les deux épuisés. Mais la prochaine fois vous serez doublement puni ! La prévins-je.
- Ce n'est pas vraiment "laisser passer". Me fit-elle remarquer.
- Si vous ne commettez plus d'autres casses, si. Lui rétorquai-je.
Elle rit. Un rire un peu tendu certes, mais tout de même sincère.
-

Alors, qu'allons-nous faire durant cette pause ? M'interrogea t-elle en souriant.
- Lire. Dis-je.
- Oh non, c'est ennuyant ! Se plaignit-elle.
Elle réfléchit, puis brusquement, sauta du canapé en levant le doigt comme si elle avait trouvé une réponse.
- Le piano ! S'écria-t-elle en s'illuminant.
Elle sautilla sur place sous mes yeux vairons.
- Mauvaise idée, mademoiselle ! Vous allez faire un drame ! M'inquiétai-je.
Mais elle ne m'écouta pas, se mettant à courir vers l'escalier et le montant. Je la poursuivis, empruntant les marches avec rapidité. L'humaine ouvrit la porte sous mes protestations et s'engouffra dans la grande pièce, moi à sa suite.

Eidjina s'avança toute heureuse vers le luxueux instrument de musique. Je pris la peine de refermer la porte car ma compagne ne l'avait pas fait dans la précipitation.
En me retournant je vis celle-ci caresser de ses longs doigts le vernis du couvercle obscure. Je n'eus pas le cœur de l'en empêcher, trouvant ce spectacle tout à fait fascinant.
Elle l'ouvrit avec précaution, le calant avec la béquille intérieur.
Je m'approchai lentement d'elle la regardant admirer le piano de ses grands yeux noirs.
Elle me demanda :
- Vous en jouez ?
Décidant de l'impressionner, je lui proposai :
- Voulez-vous que je vous apprenne à en jouer ?
Elle se retourna vers moi, s'adossant à la ceinture du meuble sans complexe. Un petit sourire malicieux courba ses lèvres.
- C'est aimable de votre part, Judicaël, mais j'en fait depuis mes cinq ans.
Je levai un sourcil, étonné.
- Mais j'aimerais bien vous voir en jouer. Me quémenda-t-elle avec des yeux suppliant.
Je ris avec un peu de fierté. Je suis un excellent pianiste, c'est une chose dont je peux me vanter. D'un pas assuré, je partis m'asseoir sur le banc rembourré, soulevant ma queue de pie et remontant mes manches.
- Vous faites le gentleman ? Se moqua-t-elle.
- N'ai-je pas le droit ? Fis-je en souriant.
Et d'un geste mesurément lent, je posai mes mains sur les touches froides en ivoire. Je glissai mon index sur l'une, appréciant la précision avec laquelle le clavier avait été sculpté, et à quelle point les touches étaient lisses. Elles étaient creuses, ainsi extrêmement légère, et malgré mes fins gants de soie blanche je pouvais ressentir la minutie de l'œuvre sous ma pulpe.
Je posai un pieds au-dessus des pédales, cherchant au même moment une mélodie à jouer. Me lancer sur un morceau complexe dans le but de l'ébahir était trop hautain de ma part, il valait mieux user de charme.
Presque par réflexe, mes mains entamèrent les premiers accords d'une sérénade.
Doucement, la pièce se remplit de notes enivrante, gardant toujours un rythme soutenu, presque frustrant.
Le marteau frappait les cordes tendus de la table d'harmonie, faisant chanter leurs voix mélodieuses. Il n'y avait aucune précipitation dans mes gestes, simplement de la fluidité. Un pianiste crispé ne peut exploiter tout le potentiel de son instrument, c'est une règle de base.

Soumis À Leur DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant