Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)

2. La Fleur de Vie

Le lendemain matin, sur Éden, Jean trouva ses compagnons encore profondément endormis. Les réunions qu'ils avaient pris l'habitude d'organiser, durant la pleine lune, étaient devenues de plus en plus longues et animées. Les informations qu'il leur avait communiquées la veille avaient dû les intéresser à tel point qu'ils en discutèrent encore longuement avant de s'endormir...

Je fus le premier à me réveiller ce matin-là... J'aperçus, en me préparant, de gros nuages gris s'accumuler à l'horizon. Nous n'avions pas encore été confrontés aux conditions extrêmes du climat de notre nouveau monde ; bien que nous ayons eu l'occasion de voir, lorsque nous étions en orbite, que de violents ouragans pouvaient parfois le tourmenter.

Je pris la précaution de réveiller Marie pour la prévenir de l'arrivée de l'un d'entre eux, avant de me rendre à mon rendez-vous quotidien avec mon Guide... J'y serais bien à l'abri, dans la grotte ; mais ce ne serait pas le cas de mes compagnons... J'espérais que notre cité résisterait, sans coup férir, à son premier baptême du feu, ou plus précisément du vent et de la pluie !

Mes pensées se dirigèrent, bien vite, vers les sujets que nous allions aborder. De quoi allions-nous pouvoir parler, après avoir étudié l'intérieur de mon corps, avec ses multiples chakras... et ensuite l'extérieur, avec les différentes dimensions qui nous entourent ? Que pouvait-il y avoir d'autre que « l'intérieur » et « l'extérieur »... si ce n'était le « pourquoi », le « comment », ainsi que les règles qui géraient ces deux mondes qui ne représentaient, en définitive, qu'une image, une réflexion, l'un de l'autre à travers notre conscience !

Je me retrouvai bien vite entouré par la myrrhe, après avoir pénétré dans la grotte... sa question habituelle résonna au fond de mon esprit :

— Bonjour, Jean, de quoi allons-nous parler aujourd'hui ?

— Du pourquoi et du comment ?

— C'est bien cela ! Je n'ai plus grand-chose à t'apprendre, me semble-t-il... Je vais tout d'abord t'expliquer comment la Source en est arrivée à créer tout ce qui est, à partir de son propre rayonnement d'Amour-Lumière. La solution de cette énigme réside dans une forme, aux propriétés extraordinaires, qui s'appelle « la Fleur de Vie »... Elle est à l'origine de la « Géométrie Sacrée » : la Géométrie de la Conscience !

— Comment la Source a-t-elle bien pu créer ces formes... à partir de rien ?

— Pas à partir de rien, Jean. À partir des vibrations d'Amour-Lumière qui émanent sans cesse d'elle ! Imagine-toi être cette conscience d'amour infini, concentrée en un seul point, flottant dans le vide absolu. Tu es la Source...

La surface de la myrrhe se mit à former une sphère de lumière autour de moi, continuant d'illustrer les explications que j'étais en train de recevoir.

— Tout ce que tu peux faire à présent est de rayonner cette énergie, dans toutes les directions, jusqu'à ce que tu décides de t'arrêter. Il en résulte une sphère de conscience, toujours bien petite par rapport au vide infini qui t'entoure. Tu es là... heureux et fier, au milieu de la bulle d'Amour que tu viens de créer. 

Un temps très long peut ainsi s'écouler. Mais tu vas sans doute t'en lasser et décider d'explorer les confins de ta création. Tu te dirigeras donc vers la surface de cette bulle pour aller voir ce qu'il y a en dehors. En te rendant compte qu'il n'y a rien d'autre que le vide, à la surface de l'océan d'amour que tu viens de créer, tu voudras faire quelque chose...
Souviens-toi de ce que raconte « la Genèse » de votre Bible :

« L'Esprit de Dieu se mouvait sur la face des eaux. Et immédiatement après, Dieu dit : que la lumière soit »...

— ... et la lumière fut ! répondis-je fièrement.

— C'est exactement ce que la Source a fait, en créant une deuxième bulle d'Amour-Lumière, identique à la première. Cela généra, à l'intersection de ces deux sphères, une zone appelée, en géométrie sacrée, une « Vésica Piscis ». Cette zone, combinant les énergies vibratoires des deux premières sphères, contenait une quantité énorme de lumière et, par conséquent... d'information. Elle avait exactement la forme du cristallin d'un œil ! 

Réfléchis... quelle pourrait bien être l'utilité de la lumière si la Source n'avait, dès le début de sa création, inventé la forme de l'œil pour permettre à sa conscience de voir ce qu'elle éclairait ?
C'est notre conscience qui « crée » la matière, comme nous la voyons, l'entendons et la sentons. La Source s'observe en permanence, par l'entremise de cette conscience. Chaque individu contient, de par sa vision du monde qui l'entoure, une version unique de l'univers. Et lorsque cette personne meurt, c'est un univers tout entier qui disparaît !

— Mais la matière qui nous entoure est bien là, non ? Nous pouvons la toucher.

— Nous ne touchons absolument rien ! Ce sont les forces de répulsion électromagnétiques des atomes qui empêchent qu'ils entrent en contact les uns avec les autres. La matière n'est, en fait, composée que d'une infime partie de protons, de neutrons et d'électrons. Tout le reste, plus de 99,99 % de ce qui la compose... c'est du vide !

— Et comment a-t-on découvert que ces objets, qui nous entourent, étaient créés par notre conscience ?

— Une expérience est venue le prouver. Elle fut effectuée par l'un des plus célèbres savants de l'ère moderne : Albert Einstein. On l'appela l'expérience « des deux fentes ».
Elle a démontré, de façon irréfutable, que l'infiniment petit, qu'il s'agisse des photons, des atomes et même des petites molécules, n'existent réellement sous forme de particules que lorsqu'on les observe. En l'absence d'un observateur conscient, les briques qui composent la matière n'existent que sous forme d'ondes... de vibrations. 

Ce n'est que lorsqu'on se met à les regarder que cette multitude de vibrations, prenant une infinité de cheminements différents, s'effondrent subitement en une réalité unique. Einstein a appelé cela « l'effondrement de la Fonction d'Ondes ».
C'est le fait d'être observée qui donne à la matière, qui nous entoure, sa consistance ! Et cette matière ne prend ensuite sa forme définitive qu'à l'intérieur de notre cerveau, par l'entremise de nos sens... créant ainsi notre propre réalité.

— Mais comment cela se passe-t-il ?

— La couleur des objets qui nous entourent n'est que la résultante de leurs différentes fréquences vibratoires qui, en venant frapper nos rétines, enclenchent un stimulus vers notre cerveau, leur donnant une teinte précise. Les objets, que nous voyons autour de nous, n'ont pas réellement de couleur. Ils ont, tout simplement, différents états vibratoires qui les font se distinguer, les uns des autres, dans notre champ de vision.

— Comme pour les chiens, par exemple, qui ne voient le monde qu'en noir et blanc ?

— Exactement... et il en est de même pour les sons que nous entendons et les odeurs que nous sentons. Ce sont nos sens qui transforment ces vibrations, via nos oreilles ou notre nez, en bruit ou en senteurs, à l'intérieur de notre cerveau. Et comme je viens de te le dire, même le toucher n'existe pas vraiment, car, en réalité... nous ne touchons RIEN du tout !

— Tout n'est en fait que vibrations ?

— Exactement... Et c'est notre conscience qui donne naissance à l'aspect matériel de l'univers en l'observant ! Mais pour en revenir à la Vésica Piscis... il s'agit de ce qu'on appela « le premier jour de la création » dans ta Bible : le premier mouvement de la Source au sein de sa bulle de vibration d'Amour-Lumière initiale. 

Et il est bien évident qu'elle n'en resta pas là. Rien ne l'empêcha de continuer à se déplacer, le long de la surface de sa première sphère, jusqu'à ce qu'elle arrive à l'intersection de celle-ci et de la deuxième. En apercevant à nouveau le vide en face d'elle, elle décida de créer une troisième sphère, identique aux deux premières, afin de combler ce nouveau vide... 

Nous sommes au deuxième jour de la création. Dessine ces cercles sur ton carnet et tu t'apercevras qu'il en faudra encore quatre autres pour former une fleur à six pétales. Il s'agit de la première forme géométrique qui compose le centre de la « Fleur de Vie ». On l'appelle la « Graine de Vie ».