45. Stonehenge

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Pendant ce temps, l'équipe du Dragon Bleu se préparait à entamer la prochaine étape de sa mission, après avoir passé une nuit de repos au sein de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. La pluie avait cessé et une belle journée ensoleillée s'annonçait...

Nous attendîmes que le soleil se lève pour rejoindre nos appareils, encore trempés par la tempête qui avait fait rage toute la nuit. L'endroit que le Maître Melkisédech nous avait indiqué étant assez proche de notre position actuelle, nous décidâmes de nous y rendre en vol normal, sans effectuer de saut spatio-temporel...

Nous nous élevâmes, au-dessus de la superbe cathédrale, sous les regards admiratifs des Maîtres et des Archanges qui nous y avaient accueillis. Le spectacle de cette incroyable construction, vue d'en haut, était tout simplement fabuleux. Je ne pus m'empêcher de la contourner avant de mettre le cap vers notre prochaine destination : le site englouti de Stonehenge !

Nous frôlâmes une dernière fois le sommet du clocher afin d'y admirer, d'un peu plus près, la statue dorée de l'Archange Saint-Michel terrassant le dragon. Les rayons orangés du soleil levant la faisaient littéralement s'embraser sous nos yeux. Elle était d'un réalisme impressionnant. La hauteur à laquelle elle fut perchée avait dû demander des tonnes d'ingéniosité et de courage à ceux qui l'avaient placée là !

Une fois l'abbaye derrière nous, je piquai vers les flots afin de venir raser l'écume des vagues à grande vitesse. Nous n'avions pas une seconde à perdre et je ne voulais pas attirer l'attention du Centre de Contrôle en volant trop haut. Mon entraînement de pilote m'avait appris que lorsque nous nous déplacions à très basse altitude, les stations radars ne parvenaient plus à nous voir, à cause de la courbure de la Terre. J'appliquai donc cette technique, en espérant qu'elle porte ses fruits.

La sensation de vitesse que nous éprouvâmes était littéralement envoutante. L'indiscipliné de service me fit même la remarque que ce vol était encore plus grisant que lorsqu'ils rasèrent, à peine quelques jours plus tôt, la surface d'Athéna : le vaisseau mère acturien. La navette, contenant mes trois compagnons, avait du mal à nous suivre. Luc me demanda de décélérer...

J'entamai un long virage par la droite pour lui permettre de nous rejoindre. Lorsque nous eûmes effectué un tour complet, la mer se souleva littéralement sous nos appareils ! Deux énormes mâchoires jaillirent de l'écume des vagues, qu'elles firent littéralement exploser en tentant de happer l'un de nos chasseurs.

— C'était quoi ça ? s'écria la fille.

— Mettez les gaz à fond, répondis-je. On remonte à une centaine de mètres au-dessus de la surface ! Luc, Marc, Mathieu, avez-vous vu quelque chose de là où vous étiez avec la navette ?

— On aurait dit la gueule d'un crocodile géant, répondit Luc...

— Un Mosasaure, reprit l'indiscipliné qui semblait s'être intéressé aux dinosaures marins durant son passage dans la pyramide !

— Mosaquoi ? répliquai-je abasourdi par ses connaissances.

— Ces bestioles ont effectivement une gueule de crocodile. Ils peuvent mesurer jusqu'à vingt mètres de long, s'exclama le spécialiste paléontologue de notre équipe ! C'est donc pour ça que ces Maîtres, de mes deux, nous ont fait croire que c'était à nous d'aller chercher leurs mystérieux crânes de cristal... ils n'ont juste pas le courage de venir se mesurer à ce genre de monstres à notre place !

— Qui pourrait les en blâmer ? concluai-je. Ils nous ont bien fait comprendre qu'il nous appartenait de sortir l'humanité de son pétrin !

— Mes senseurs me signalent qu'un radar nous illumine, s'écria Luc à partir de la navette !

— On redescend tout de suite au ras de vagues, repris-je... Luc, tu as le commandement de la formation, c'est toi le plus lent. Tu fonces, vitesse maxi, vers notre destination. Les quatre chasseurs vont venir se mettre en V à tes côtés.

— Quoi ? répondit-il étonné et inquiet. Et ces Mosaqui ? Ils vont nous happer comme des mouches !

— Des mouches qui filent à plus de quatre cent kilomètres-heure ? Cela m'étonnerait, répondis-je. L'un d'eux a failli le faire parce que j'ai été assez stupide pour réduire notre vitesse... et surtout de revenir là où nous venions de passer. Cela ne se reproduira plus. On fonce en ligne droite vers notre but. Plus de zigzag !

Nous continuâmes notre route... Comme je l'avais prévu, plus aucun monstre marin ne vint nous effrayer ni aucun radar nous illuminer. Nous étions à présent bien trop éloignés de toute côte.

J'eus le temps de rêvasser quelques instants, pendant que Luc nous guidait vers notre objectif, en maintenant mon chasseur en formation serrée sur la navette. Nous pûmes apercevoir, çà et là, quelques bâtiments qui venaient effleurer la surface de l'eau. 

Je me demandais à quoi notre monde pouvait bien ressembler avant que le niveau des océans ne s'élève... et surtout avant que ces foutus dinosaures n'y soient réimplantés ! Les êtres humains n'y étaient pas encore élevés en cage, comme du bétail. Ils étaient libres de circuler là où bon leur semblait. Cela devait être merveilleux !

L'océan qui défilait sous nos chasseurs remplissait, à présent, la majeure partie de la planète ; comme c'était le cas sur Éden. Et tout comme sur cette lointaine petite lune, il semblait être peuplé de dangereuses créatures...

Comment allions-nous réussir à récupérer ces douze crânes cachés sous les énormes roches de Stonehenge ? Le Maître Melkisédech nous avait bien indiqué leur emplacement, et nos combinaisons spatiales allaient nous permettre de plonger à une telle profondeur.... mais comment ne pas attirer l'attention d'un, ou de plusieurs, de ces dinosaures, assoiffés de sang ?

Je révisais mentalement le plan que nous avions élaboré... La navette allait se stabiliser à quelques mètres au-dessus de la surface ; juste assez haut pour se tenir à l'abri des monstres marins. Elle laisserait alors descendre l'un de ses passagers, à l'aide de son treuil, au fond de l'océan ; à une dizaine de mètres de profondeur en cet endroit. Tout cela était bien joli... mais je ne voulais pas que cette manœuvre se transforme en une sordide partie de pêche, où l'un de mes fidèles compagnons servirait d'appât, accroché à son hameçon !

Nous arrivâmes enfin à notre but. Le légendaire site de Stonehenge effleurait la surface de l'eau, juste sous nos yeux. J'ordonnai aux chasseurs d'entamer un large virage, à une bonne vingtaine de mètres d'altitude, autour de la position de la navette.

J'avais également décidé de faire descendre, non pas un, mais deux, de mes compagnons suspendus au filin métallique de la navette. Ils pourraient ainsi se protéger l'un l'autre. Les chasseurs, quant à eux, se mirent à voler en file indienne. Ils pourraient ainsi se couvrir mutuellement en cas d'attaque.

Nous ne perdîmes pas de temps, il fallait agir... vite !

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Where stories live. Discover now