55. Merlin l'Enchanteur

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Je repris, sans plus attendre, ma conversation avec mon Guide. Ce dernier me confirma, comme l'avait mentionné le Maître Melkisédech, qu'il avait été un jour le fameux « Merlin l'Enchanteur ». Il m'expliqua, en quelques mots, comment il avait réussi à aider le roi « Aurélius » et son armée à transporter les 460 énormes blocs de granit qui constituaient la structure de Stonehenge, vers leur emplacement définitif.

Ces blocs provenaient d'une carrière, située à plus d'une quarantaine de kilomètres du site ! Certaines légendes racontaient que Merlin avait fait appel à un géant afin d'accomplir cette tâche titanesque. Mais il m'apprit qu'en réalité ce furent les soldats du roi qui transportèrent, eux-même, ces gigantesques pierres...

— Et comment y arrivèrent-ils ? lui demandai-je, très intéressé.

— Il m'a suffi de faire vibrer ces énormes blocs, en les touchant de mes mains, pour qu'ils entrent en résonance avec la quatrième dimension. Tout comme cela se passe à chaque fois que vos engins se préparent à effectuer cette rotation de quatre-vingt-dix degrés qui leur permet de se déplacer dans l'espace-temps. C'est également ce qui se produit lorsque nous activons notre Merkhaba : notre véhicule de lumière, qui nous permet de pénétrer les champs de résonances des dimensions supérieures. Les spectateurs qui assistèrent, stupéfaits, à cette scène, relatèrent que j'avais prononcé une formule magique qui rendit les pierres si légères que les soldats n'eurent plus aucun problème à les soulever !

— C'est donc ce que vous comptez faire à présent ?

— Pas moi... c'est TOI qui vas le faire cette fois-ci ! Cela te permettra, peut-être, de devenir le héros d'une nouvelle légende : celle de la libération de la race humaine... pas mal non ?

Je restai bouche bée, après avoir entendu ces divagations. Je me demandais si cet individu était bien le guide qui avait préparé, si longuement et avec tant d'attention, mon incarnation. Le fait d'avoir appris qu'il fut un « enchanteur » dans le passé diminuait fortement la confiance que j'avais en lui... mais je n'eus plus trop le temps d'y penser ; Luc venait de se mettre en vol stationnaire au-dessus de notre objectif.

Marc ordonna aux chasseurs d'entamer leurs cercles, tout en inspectant les environs. Je m'empressai de me harnacher, avec Mathieu, à l'extrémité du filin. Je regardai une dernière fois le Maître Saint-Germain dans les yeux en tentant vainement de comprendre le message qu'il avait essayé de me transmettre. Je n'avais vraiment aucune idée de la façon dont j'arriverais à soulever les pierres, qui emprisonnaient les deux derniers crânes, dans la vase !

Nous descendîmes lentement sous l'eau. Mathieu guidait la navette par radio. Il se souvenait, bien heureusement, de l'emplacement des deux monolithes que les requins géants avaient fait tomber lors de leur sordide balai sous-marin.

Lorsque nous touchâmes le fond, je décidai, à sa grande stupéfaction, de me détacher du filin pour bénéficier d'une plus grande liberté de mouvement. Je me glissai le long de la première pierre, me plaçant contre elle afin de la toucher, de la sentir... vibrer !

Je me mis alors de façon tout à fait instinctive, et inconsciente, à émettre le son « Ohm » que mon Guide m'avait appris à murmurer durant mes méditations. C'était comme si ma Merkhaba venait littéralement fusionner avec celle du rocher que j'étais en train de caresser... Celui-ci se mit doucement à s'élever de la vase, comme s'il avait voulu remonter vers la surface. Mathieu, complètement effaré, se faufila sous lui de façon hésitante. Aidé par sa lampe de poche il réussit, très vite, à retrouver le premier des deux crânes que nous étions venus chercher !

Je relâchai mon emprise sur le rocher lorsque je vis mon compagnon, tout souriant, mettre le petit objet luisant dans son sac. Nous nous dirigeâmes alors vers le deuxième mégalithe qui se trouvait à l'autre extrémité du cercle de pierres. J'en profitai pour me rattacher au filin afin de permettre à Luc de nous transporter rapidement jusque là. Ce fut alors que j'entendis Marc hurler ce à quoi je m'attendais :

— Un aileron, là, une centaine de mètres devant nous... à nos dix heures !

Je sentis le filin nous tirer vers le haut. Mais j'avais une autre idée en tête ; j'ordonnai immédiatement à Luc :

— Non, ne nous remontez pas encore... Amenez-nous vite vers l'autre rocher.

Je me détachai lorsque nous fûmes assez proches du deuxième bloc de granit. Mathieu n'en crut pas ses yeux. Il distinguait déjà l'ombre géante entamer ses cercles macabres et menaçants autour de notre position. Je réussis, encore plus vite que la fois précédente, à soulever la pierre pour que mon compagnon puisse se faufiler sous elle. Le temps qu'il mit à chercher le dernier des crânes de cristal me parut interminable...

J'observais le géant des mers effectuer des cercles concentriques en me rendant compte que ceux-ci se rapprochaient sans cesse. Je m'accroupis sous la pierre, tout en gardant mon emprise sur elle, pour voir où en était Mathieu.

Il avait le crâne en main ! Il ne lui restait plus qu'à me rejoindre pour que je puisse me rattacher au filin. Mais il était trop tard... Le requin géant prenait déjà son élan pour se jeter vers nous. Je criai à Luc de remonter immédiatement d'une vingtaine de mètres, afin qu'il puisse sortir Mathieu, et son précieux butin, de l'eau.

Ce dernier lui supplia d'arrêter pour me donner le temps de m'attacher. Mais je ne voulais pas prendre le risque de mettre sa vie, ainsi que nos deux derniers crânes en danger. Je n'avais nullement l'intention d'aller les rechercher plus tard dans le ventre d'un de ces gigantesques monstres marins !

Lorsque mon compagnon fut hors de danger, je décidai de soulever, à nouveau, le rocher. Le nuage de vase qui s'en était dégagé me camouflait encore aux yeux de mon assaillant. Je me faufilai sous l'énorme pierre, tout en la laissant doucement redescendre sur moi.

Le Mégalodon continua quelques instants à tenter de la faire bouger avec son museau. Mais même sa force exceptionnelle n'arriva par à la déplacer d'un millimètre. La navette qui avait réussi à ramener Mathieu à son bord était redescendue près de la surface en attendant de mes nouvelles.

Cette ombre bruyante, qui vint se positionner juste au-dessus de nous, attira l'attention du redoutable prédateur. Il effectua une série de cercles, de plus en plus rapides, afin de prendre son élan. Lorsque sa vitesse fut suffisante, il fonça à la verticale vers notre navette. Luc eut à peine le temps de réagir à mon avertissement en engageant la pleine puissance sur tous ses réacteurs, mais il était trop tard... les mâchoires du monstre se refermaient déjà sur sa nouvelle proie.

Un éclair de lumière rouge jaillit de derrière le requin géant. Marc venait de le décapiter d'une salve de laser mortelle, comme je l'avais fait moi-même avec l'un de ses congénères, lors de leur attaque précédente !

Je m'empressai de me rattacher au filin que Luc fit rapidement redescendre vers moi. Je n'avais aucune intention de rester dans ces eaux, devenues à nouveau rouges de sang... Luc devait être du même avis. Il n'attendit même pas que je sois revenu à bord pour foncer, au ras de l'eau, vers notre prochaine destination : l'île d'Avalon... Je me retrouvai suspendu, durant quelques merveilleux instants, à admirer le spectacle de nos quatre chasseurs m'escortant à quelques mètres à peine au-dessus des vagues !

Lorsque je fus enfin de retour dans la navette Matthieu se jeta sur moi pour m'embrasser. Le Maître Saint-Germain nous observait en silence. Nos regards se croisèrent et un sourire complice vint discrètement nous unir à l'insu de mes compagnons. Ce vieillard frêle et chétif abritait bien l'âme de mon Guide. J'en étais persuadé à présent !

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Where stories live. Discover now