Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)

33. La capture

Pendant ce temps, dans le hangar de la frégate, les pilotes s'apprêtaient à décoller. Les conditions météo étant devenues favorables, il n'y avait plus une seconde à perdre ! L'Amiral et son Second avaient décidé de mettre une escadrille de douze chasseurs, accompagnés de huit navettes, en charge d'appréhender les Indésirables.

La frégate avait également à son bord un transporteur de classe NXL, capable de contenir environ 500 passagers. Ce dernier viendrait se poser près du campement des insurgés, juste après l'assaut, afin de les y embarquer. Le leader des Blancs avait reçu le commandement de l'opération. Il appela les membres de son escadrille par radio en leur assignant l'ordre de catapultage des différents engins de sa force.

Le transporteur, trop grand pour être éjecté par un des tubes de lancement, fut amené sur le pont d'envol par l'ascenseur conçu à cet effet. Il suivrait la trajectoire des chasseurs et des plus petites navettes pour venir se mettre en position d'attente au-dessus du théâtre des opérations.

Dès que les engins furent expulsés, ils adoptèrent une formation serrée afin d'effectuer leur descente vers Éden. Toute communication radio fut interrompue lorsqu'ils actionnèrent leurs magnétosphères afin de résister au terrible échauffement provoqué par leur entrée dans l'atmosphère.

Le leader les appela, quelques longues minutes plus tard, afin de vérifier si tout le monde avait survécu à la descente. Lorsque leur vitesse eut suffisamment diminué, ils se mirent en conditions de vol atmosphérique. Les chasseurs se déployèrent en formation d'attaque. L'armement qu'ils utiliseraient n'était composé que de petites bombes lacrymogènes, impressionnantes, mais inoffensives...

Leur but serait, non pas de blesser les Indésirables, ni même de les disperser, mais plutôt de les forcer à se réfugier dans leur vaisseau cargo. Les commandos des Forces Spéciales avaient prévenu les autres membres de l'équipage de l'imminence de l'attaque. Ces derniers s'étaient mis à l'abri dans leur tente, en attendant qu'elle soit terminée.

Ils assistèrent au passage à grande vitesse, et à très basse altitude, des chasseurs. Le vacarme de leurs réacteurs allumés à plein régime provoqua la panique dans les rangs des insurgés. Et leurs bombes lacrymogènes finirent de provoquer l'effet escompté.

Les navettes se posèrent ensuite, à espace régulier l'une de l'autre. Elles débarquèrent la centaine de Forces Spéciales qui avait pour mission d'établir un cordon infranchissable autour de Magdala.

Le vacarme de l'énorme transporteur NXL déchira ensuite le silence d'Éden dans un tourbillon de débris et de poussière. Il descendit verticalement, utilisant la grande puissance de ses réacteurs, pointés vers le bas, pour se stabiliser à quelques mètres au-dessus du sol.

Le campement fut littéralement balayé par cette nouvelle tempête provoquée par les jets de gaz brûlants de ses réacteurs. L'énorme engin vint enfin se poser en douceur tout près de la tente abritant les membres de l'équipage de la frégate.

Ses pilotes l'identifièrent aisément, car il n'en restait que des lambeaux. Ils reconnurent les uniformes de leurs équipiers couchés à même le sol !

L'indiscipliné se leva, fou de rage. Il se précipita vers la passerelle qui venait de sortir du ventre du NXL pour y pénétrer. Sa voix résonna à l'intérieur de la soute de l'engin comme du fond d'une cathédrale :

— Êtes-vous tous devenus fous là-haut ? Qu'est-ce qui vous a pris ? Ce n'est tout de même pas l'Amiral qui...

Ses vociférations furent brutalement interrompues par le Second qui le mit KO d'un direct du droit ! Ses compagnons, surpris et médusés, l'installèrent à leurs côtés à l'intérieur de la soute.

Les commandos avaient, entre temps, déjà rassemblé les insurgés. Ils s'apprêtaient à les embarquer, répartis en deux longues et sordides files indiennes, les hommes d'un côté, les femmes et leurs quatre chérubins de l'autre. Leurs visages étaient blêmes, ravagés par la stupeur. Personne n'osait dire mot... Les prisonniers obéissaient aux ordres qui leur étaient donnés, sans aucune résistance.

Ils se retrouvaient, bien malgré eux, à nouveau totalement soumis au joug de la toute puissante Fédération ! Leurs rêves s'effondraient au fond de leurs esprits confus. Le Second ordonna aux chasseurs de s'assurer qu'aucun des insurgés ne se soit échappé du périmètre du campement.

Il enclencha d'un geste sec la fermeture de la porte de l'imposant transporteur qui redécolla en laissant derrière lui un sordide nuage de poussière...

L'Amiral, accompagnée du professeur et du jeune adolescent, les accueillirent à leur retour dans le hangar de la frégate. Elle s'adressa brièvement aux premiers prisonniers qui lui apparurent, flottant dans l'entrebâillement de la soute en train de s'ouvrir.

— Bienvenus à bord du FXL350 ! Nous allons vous ramener vers la Fédération où le Conseil Suprême décidera de votre sort...

Ce fut à l'étonnement général des Indésirables, ainsi que des quelques membres de l'équipage qui avaient eu l'occasion d'entrer en contact avec eux, que les prisonniers furent conduits, manu militari, dans la coupole numéro 1. Ce parcours leur rappela amèrement celui qu'ils effectuèrent lors de leur arrivée dans les entrailles de leur vaisseau cargo... trente longues années auparavant.

Lorsqu'ils se retrouvèrent dans ce paysage familier, abrité par son dôme, ils se laissèrent flotter le long de la cime des arbres pour en inspecter les alentours. Ils purent à nouveau admirer Éden, cette magnifique petite lune bleue, qui se détachait sur la surface gazeuse de l'énorme planète autour de laquelle elle orbitait.

Soudain Marie s'écria :

— Regardez, la deuxième coupole, elle s'est détachée de ses amarres ! Elle semble dériver vers la surface d'Éden...

Ils assistèrent, médusés, au spectacle impressionnant d'une cinquantaine d'étranges volatiles virevoltant à l'intérieur de leur dôme. Quelques taches de sang en coloraient encore, çà et là, la surface transparente.

Mais ils ne purent bientôt plus les distinguer, car la coupole qui les abritait disparut rapidement de leur champ de vision...