17. La pleine lune

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Jean fut réveillé par sa compagne lorsque l'ombre d'Éden commença son lent cheminement à la surface de Luna. Ils avaient décidé d'offrir à leurs visiteurs une démonstration des chants et des danses qu'ils prirent l'habitude d'exécuter  durant leur long voyage... Ils s'étaient maquillés et avaient revêtu leurs merveilleux vêtements multicolores. Les danseurs s'en donnèrent à cœur joie dans la faible pesanteur d'Éden autour de l'énorme feu qu'ils venaient d'allumer. Les musiciens n'avaient rien perdu de leurs talents et Marie Madeleine, accompagnée de ses chérubins, virevoltait de façon impressionnante au-dessus de l'assemblée.

L'Amiral et son équipe furent réveillés par leur musique envoûtante. Ils vinrent s'assoir à côté du feu en les regardant pleins d'admiration. L'indiscipliné commença même à frapper dans ses mains au rythme des musiciens. Son CO lui fit signe de s'arrêter, sous le regard complice et souriant de l'Amiral... Jean prit alors place à ses côtés, s'intégrant tout symboliquement à leur groupe. Ils attendaient tous avec impatience d'entendre ce qu'il avait à leur dire, y compris les membres des Forces Spéciales qui enregistraient cette réunion à distance.

Jean se leva en écartant les bras d'un air solennel. Les musiciens et les danseurs s'arrêtèrent d'un commun accord. Un silence pesant s'installa au sein de l'assemblée. Seuls les crépitements du feu l'interrompaient encore, de temps à autre.

— Bonsoir à tous et à toutes, entama Jean. Nous voici à nouveau réunis pour notre cérémonie quotidienne de la pleine lune. Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos visiteurs ; et encore plus chaleureusement à vous, Amiral, qui avez fait preuve d'une grande confiance en m'accompagnant au fond de cette sombre grotte !

— Merci à toi, Jean, répondit-elle. Ne changez surtout rien à votre façon de faire. Nous sommes ici en tant que spectateurs silencieux, curieux d'entendre ce que tu as à nous dire. Je n'ai encore rien divulgué de ce que nous avons appris à mon équipe ; ils sont donc pendus à tes lèvres !

Jean se mit alors à relater ce que son Guide leur avait enseigné l'après-midi précédente. Il raconta l'histoire de leur planète, en essayant de n'omettre aucun détail... Au fur et à mesure qu'ils découvrirent les événements qui parsemèrent le passé de l'humanité, les spectateurs se regardèrent, de plus en plus étonnés. Cela entrait complètement en contradiction avec ce qu'on leur avait enseigné lors de leur séjour dans la pyramide. Les membres de l'équipage de la frégate éprouvaient beaucoup de difficultés à comprendre ces notions de dimensions, habitées par différentes sortes d'êtres plus ou moins bien intentionnés.

À la fin de son récit, Jean leur fit un récapitulatif succinct de ce qui lui avait été enseigné par son Guide lors de ses rencontres précédentes... Il parla ensuite du Maître, du rôle qu'il avait joué lors de leur évasion, ainsi que de cette race d'êtres humains ailés qu'il avait créée et de l'espoir que celle-ci représentait pour eux. Il conclut enfin en s'adressant aux membres de l'équipage de la frégate :

— Je vous remercie de la confiance et de la compréhension dont vous avez fait preuve envers nous. J'espère que mes explications ont été assez claires pour vous faire ne fut-ce qu'entrevoir l'incroyable complexité de la réalité qui nous entoure. Nous avons encore tellement de choses à apprendre et à comprendre. J'ose espérer que cette première journée, que nous avons passée ensemble ici sur Éden, sera le premier pas d'un long cheminement qui arrivera à nous unir dans un seul et unique but : l'épanouissement de notre humanité dans le bonheur, la paix et la liberté !

Un des deux gardes du corps de l'Amiral leva la main... Jean le regarda en lui faisant signe de prendre la parole :

— Ce que vous nous avez raconté est bien difficile à comprendre. Qu'est-ce qui nous prouve que toutes ces histoires sont vraies ?

L'Amiral ne laissa pas le temps à Jean de répondre. Elle posa sa main sur l'épaule du garde en s'adressant directement aux membres de son escadrille.

— Nous n'avons aucun moyen de vérifier ce qui vient de nous être révélé... Mais l'énorme sphère que nous avons rencontrée il y a quelques jours dans l'espace intersidéral semble bien avoir été l'un de ces vaisseaux Acturiens, dont le Guide nous a parlé. Et la description que nous avons reçue des douze crânes de cristal doit également avoir été correcte, car le dénommé Max s'est adressé à moi... durant mon sommeil !

— Les cités de cristal des Lémuriens existent bien, elles aussi, reprit le Commandant d'escadrille en regardant les trois autres pilotes de chasseurs. Nous avons rencontré leurs habitants durant certains de nos sauts dans l'espace-temps...

Cette dernière remarque venant de leur Chef d'escadrille persuada les derniers indécis de son équipe. Jean, satisfait de la tournure que prenaient les événements, sauta sur l'occasion pour reprendre la parole en guise de conclusion.

— Notre pleine lune touche à sa fin. Vous comprenez tous, à présent, ce que cela signifie... Allez vite vous reposer dans vos tentes. N'oubliez pas que c'est lorsque vous dormez que vous vous rapprochez du domaine de la quatrième dimension... celle où toutes les autres se rejoignent. C'est précisément là, durant nos rêves les plus profonds, que nous recevons parfois des messages venant des êtres qui habitent les dimensions supérieures. Ceux qui nous les envoient ne sont en fait que d'autres versions de nous-mêmes qui nous observent et nous guident avec amour et compassion !

L'audience se dispersa lentement dans la pénombre qui s'installait à nouveau. L'Amiral attendit que tout le monde soit parti pour s'adresser à Jean, resté à ses côtés.

— Je suppose que nous allons retourner dans la grotte demain ? Je meurs d'impatience d'apprendre ce qu'il s'est passé durant ces 13 000 dernières années !

— Vous n'êtes pas la seule Amiral. Ce dernier âge d'Ombre va certainement nous dévoiler les raisons de notre situation actuelle. Mais ce qui importe le plus, à mes yeux, est de nous concentrer sur les actions que nous avons à entreprendre pour accompagner Gaïa dans le nouvel âge d'Or qui nous arrive !

— Bien sûr, mais ne nous laissons pas emporter. Nous avons toujours, mon équipage et moi-même, nos responsabilités envers la Fédération ! Rien ne nous prouve que nos dirigeants soient mal intentionnés. Ce ne sont pas ces petits lézards volants que nous avons découverts dans l'une de nos coupoles qui vont me faire changer d'avis... Il pourrait bien s'agir là d'une expérience génétique qui aurait mal tournée. Nous ne pouvons hélas plus entrer en contact avec le Conseil Suprême. Disons que cela vous fait, temporairement du moins, jouir de ce qu'on appellera : le bénéfice du doute !

— Tout à fait d'accord avec votre raisonnement, Amiral. Nous sommes néanmoins très heureux d'avoir appris votre décision de ne pas envoyer cette coupole sur notre lune. Je n'ai pas l'impression que nous aurions fait bon ménage avec ces nouveaux visiteurs !

Ils s'en allèrent tous deux rejoindre les leurs dans leur tente respective. Celle de l'Amiral était encore animée par des relents de discussions relatives aux dernières informations qui venaient de leur être divulguées. Elle s'empressa d'y mettre fin en faisant mine de n'y prêter aucune attention...

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Where stories live. Discover now