43. L'Astroport numéro 1

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Pendant ce temps, la frégate était arrivée à proximité de l'Astroport numéro 1. La plupart des membres de son équipage observaient cette gigantesque construction qui s'approchait lentement de leur vaisseau, tandis que l'équipe de quart effectuait les manœuvres nécessaires à son accostage... Tant de souvenirs refaisaient surface à la vue de ce gigantesque anneau entourant la magnifique planète qui les avait vus naître !

L'Amiral avait contacté le Centre de Contrôle en lui expliquant la raison de leur retour prématuré. Les membres du Conseil Suprême exprimèrent leur extrême contentement en apprenant que le résultat de la mission du FXL350 avait largement excédé leurs espérances...

Ce fut sans aucune difficulté qu'elle arriva à les convaincre de la recevoir, accompagnée de son Second, du professeur et du CO de la toute nouvelle Escadrille Spatio-Temporelle... L'opération Dragon Rouge allait pouvoir commencer, comme prévu !

La frégate se rapprocha lentement de l'énorme construction, fixée à l'anneau planétaire. Une multitude de petites navettes vinrent connecter les amarres qui serviraient à la fixer à l'astroport, en alignant son sas avec celui du dock. Un long sifflement se fit entendre lorsque la manœuvre fut terminée, signalant aux techniciens en charge de l'opération que l'espace entre les deux sas était pressurisé.

L'Amiral et ses trois acolytes se tenaient en face de la porte, attendant que celle-ci affiche le voyant vert de son ouverture imminente. Elle regarda le technicien, qui se tenait juste à ses côtés, d'un air complice afin de le rassurer...

Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Cette attente était interminable. Était-ce un piège ? Peut-être la Fédération était-elle au courant de leur supercherie ? Ce sas représentait, de façon toute symbolique, leur retour vers un monde qu'ils s'apprêtaient à trahir au péril de leurs vies !

Un bruit sourd se fit entendre... La porte s'entrouvrit, laissant se mélanger l'atmosphère de la frégate à celle de l'astroport. Leurs deux mondes, celui de leur passé, de leur enfance, et celui de leur avenir plein d'espérances, se trouvaient à présent réunis !

La silhouette d'un homme trapu, entouré d'imposants gardes en armes, se tenait devant eux. Il était chauve, grassouillet et de petite corpulence. La peau tendue de son crâne et de son double menton arrondi brillait sous l'effet de la transpiration ; mais son regard vif et perçant ne pouvait émaner que d'un esprit éveillé et intelligent. Il portait l'uniforme des fonctionnaires de la Fédération et son grade ne laissait aucun doute quant à sa fonction : il devait être l'un des conseillers principaux des Intouchables. Un sourire éclatant vint éclairer son visage, resté immobile jusqu'à présent... Il prit enfin la parole :

— Bienvenue Amiral, quelle surprise... nous ne vous attendions pas de si tôt ! Votre départ ne date que de quelques semaines,  et vous voici déjà de retour... avec la totalité des mutinés. Les membres du Conseil Suprême meurent d'impatience de vous féliciter personnellement... et d'entendre le récit de vos aventures.

— Merci, monsieur le Commissaire, répondit l'Amiral. Mais comme vous pouvez vous en rendre compte, ce voyage ne nous a pas rajeunis ! Ne perdons pas de temps ; mon équipage et moi-même sommes impatients de sortir de la quarantaine que vous nous avez imposée.

Ils se laissèrent flotter le long des différentes salles et couloirs de l'astroport jusqu'à la plateforme donnant accès au gigantesque ascenseur planétaire. Une luxueuse nacelle les y attendait, prête à les ramener vers le dôme numéro 1 à la surface de la planète. Elle était faite d'un matériel totalement transparent qui permettait à ses passagers de profiter du spectacle grandiose de cette descente, à partir d'une altitude d'environ 36 000 kilomètres !

Le Commissaire, l'Amiral et ses trois compagnons se harnachèrent sur les sièges ergonomiques qui équipaient la cabine. Elle baignait dans la lumière bleutée du faisceau dont la force électromagnétique vibrait tout autour d'eux, semblable à une énorme cascade d'énergie.

Ce fut alors que le pilote de la nacelle enclencha la commande destinée à leur faire entamer leur descente. L'accélération initiale fut telle que leurs membres s'élevèrent à l'unisson vers l'astroport, comme s'ils avaient voulu s'y agripper. Ce dernier devint rapidement si petit qu'il ne se distingua presque plus de l'anneau planétaire.

L'anneau lui-même ne fut plus, très vite, qu'une longue ligne grise, de plus en plus fine, venant couper le firmament étoilé en deux parties égales. Le pilote leur expliqua que la petite bulle qu'ils occupaient descendait à près de mille kilomètres-heure... Cela voulait donc dire que leur descente durerait environ une journée et demie !

Le Commissaire décida de montrer l'exemple en fermant les yeux. Il voulut ainsi leur faire comprendre que, bien qu'ils soient impatients de libérer leur équipage de la quarantaine à laquelle il était assigné, il faudrait qu'ils fassent encore preuve d'un peu de patience...

L'Amiral l'imita immédiatement, donnant ainsi la permission aux trois autres membres de son équipe d'en faire autant. Elle pensa, en s'endormant, à la tâche ingrate du pauvre pilote qui allait devoir rester éveillé durant tout leur trajet.

Celui-ci continua à vérifier le bon fonctionnement des systèmes d'anticollisions et de régulation environnementale de leur habitat. Ils croisèrent, durant leur sommeil, plusieurs autres petites nacelles ainsi qu'une grosse coupole qui remontaient le long du faisceau vers l'astroport.

Lorsque l'Amiral se réveilla d'un court sommeil, elle fut surprise de voir une forme arrondie grandir à ses pieds. Celle-ci atteignit rapidement des proportions énormes. Le pilote actionna ses commandes afin de leur faire éviter, de justesse... une seconde coupole !

Le trafic était très dense le long du faisceau. De nombreux véhicules, en tout genre, s'y croisaient régulièrement en respectant cette simple règle : priorité au trafic montant... En effet, les nacelles qui descendaient pouvaient se permettre de quitter son flux d'énergie, pendant quelques secondes, grâce à la force d'attraction de la planète.

Et... raison plus importante encore : les lourdes coupoles qui l'empruntaient ne faisaient que monter. Leur énorme masse ne leur permettaient pas d'effectuer une quelconque manœuvre d'évitement !

L'Amiral se rendormit, comprenant l'utilité de la présence d'un pilote à leur bord. Elle avait pu admirer le calme olympien dont ce dernier faisait preuve et comprit qu'elle pouvait dormir sur ses deux oreilles...

Ses pensées dérivèrent vers l'instant de leur départ où ils faillirent entrer en collision avec leur propre frégate. Elle se dit que ce pilote aurait bien mieux réagi face à cette situation que ne le fit son équipage... 

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Where stories live. Discover now