52. Nouveaux alliés

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À bord de la navette qui les ramenait vers l'astroport, le doyen des trois Intouchables se leva de son siège sous le regard approbateur de ses deux congénères. Il se dirigea vers le cockpit de l'appareil et posa sa main sur l'épaule du pilote...

Les spectateurs attristés, qui les regardaient toujours s'éloigner par le hublot de la frégate, furent soudain frappés de stupeur ; sans aucune explication, la navette fit demi-tour ! Elle revenait lentement vers eux. L'Amiral se demanda un instant si ce genre d'engin était équipé de missiles, ou d'un armement quelconque, capable de percer la coque de son vaisseau.

Mais cette dernière fut vite rassurée lorsqu'elle entendit son pilote demander la permission de se poser sur le pont. Elle fit immédiatement signe au Second de donner son accord à la tour de contrôle, ne sachant toujours pas ce que les Intouchables avaient bien pu oublier...

L'ascenseur redescendit lentement, ramenant leur engin dans le hangar où les attendaient l'Amiral et son Second, curieux de connaître la raison de ce surprenant demi-tour. Lorsqu'il fut enfin sortit, le chef des Intouchables s'adressa à l'Amiral et à ses compagnons :

— N'ayez crainte, nous revenons en paix. Votre comportement, ainsi que celui des Indésirables, nous a convaincus de la pureté de vos intentions. Ils auraient pu manifester de la colère ou même de la haine envers nous, mais ils n'en ont rien fait... Et vous auriez pu nous faire prisonniers, ou pire : nous prendre en otage... Mais rien de tout cela ne s'est passé. Vous nous avez laissés partir, sans vous y opposer. Vous devez pourtant bien vous douter que ce ne sont pas uniquement ces raisons là qui nous ont convaincus de nous joindre à vous...

— Max ?... demanda l'Amiral d'une voix hésitante.

— C'est bien lui qui est venu s'adresser à nous la nuit dernière ; comme nous avons l'impression qu'il l'a également fait avec vous, précédemment. Nous ne sommes pas revenus ici pour nous racheter. Nous savons pertinemment bien que nos actes, à la solde de Lucifer et ensuite des Anunnaki, sont impardonnables... Ils furent guidés par notre soif de pouvoir et de richesse. Mais nous avons compris que cette situation avait assez duré. Il est temps que nous sortions de cette prison où les Forces de l'Ombre nous tiennent enfermés depuis des millénaires ! En effet, nous n'y sommes pas plus libres que vous ; nous n'étions que de vulgaires pantins, destinés à exécuter leurs viles besognes... Vous aurez besoin de notre aide afin de désactiver la magnétosphère qui empêche les Forces de la Lumière d'entrer en contact avec les habitants de la Terre... et nous sommes prêts à vous y aider, sans aucune condition en contrepartie.

L'Amiral et son Second n'en crurent pas leurs oreilles. Leur plan, qu'ils avaient pensé voir s'échouer lamentablement, semblait finalement sur le point de réussir ! Ils se dirigèrent, à nouveau, vers son bureau où cette dernière convoqua le professeur et le Commandant de l'Escadrille Spatio-Temporelle.

Elle prit la parole, lorsqu'ils y furent tous attablés, en expliquant la mission qu'ils avaient élaborée pour l'équipe du Dragon Rouge. Les trois Intouchables sourirent en apprenant que la seule raison de leur enrôlement dans cette équipe était ces deux petites cornes qu'ils portaient sur le front. Mais ils durent bien admettre que le raisonnement était correct : 1 +1 +1 +1 +2 +2 +2=10. Ce qui donnait sept têtes et dix cornes !

Ils décidèrent d'élaborer un plan d'action qui leur permettrait de se débarrasser, de façon permanente, de la magnétosphère terrestre. Il leur faudrait, pour cela, arriver à détruire l'anneau qui entourait la planète tout entière.

— Mais comment détruire ce gigantesque édifice sans provoquer une catastrophe qui causerait la mort de milliers d'innocents ? demanda l'Amiral.

— Je ne vois qu'une solution, répondit le professeur : il a été construit en orbite géostationnaire et se maintient en parfait équilibre autour de notre planète, faisant corps avec elle grâce aux six faisceaux qui l'y relient. Si nous arrivions à désactiver ces faisceaux, de façon simultanée, et à ensuite couper l'anneau en deux parties égales... celles-ci devraient lentement s'écarter l'une de l'autre !

— Vous voulez dire : comme lorsque nous nous faisons catapulter vers les étoiles ? demanda le Second.

— Exactement, répondit le professeur. Mais pas de façon si violente, car ces deux demi-anneaux sont énormes, comparés à vos minuscules vaisseaux spatiaux ! La force centrifuge les emportera, très doucement, loin de notre planète, dès que leur équilibre sera rompu par ces explosions qui couperont l'anneau en deux.

— Cette manœuvre va sans doute provoquer des milliers de morts, remarqua le CO.

— Et si nous débranchons les six faisceaux, toutes les nacelles et les coupoles qui y transitent vont tomber en chute libre vers leurs dômes ! ajouta le doyen des Intouchable, resté silencieux jusque là.

— C'est exact, répondit l'Amiral. C'est donc pour cela que nous avons besoin de vous... Vous seuls avez l'autorité d'ordonner l'arrêt de tout trafic en provenance des six astroports. Et il n'y a également que vous qui puissiez ordonner la désactivation simultanée des six faisceaux ; en prétextant une opération urgente de maintenance sur leurs générateurs, par exemple. Mais il nous faudra attendre les trente-six heures nécessaires afin de permettre au trafic qui s'y trouve déjà d'atteindre sa destination. Il ne faut donc pas perdre un seul instant !

— Et en ce qui concerne les nombreuses personnes qui se trouvent dans l'anneau ? demanda le gros Intouchable.

— L'anneau est complètement vide, répondit le professeur. Il ne contient aucune partie habitable à l'exception de ses six astroports. Il suffira de le couper entre deux d'entre eux pour éviter de les endommager.

— Et leurs occupants ? demanda le troisième Intouchable. Ils vont inexorablement dériver dans l'espace...

— Ne vous en faites pas pour cela, Excellence. Les astroports abritent assez de vaisseaux à quai pour facilement évacuer l'entièreté de leur personnel. Ils possèdent également une quantité suffisante de barges de sauvetage, destinées à leur évacuation d'urgence, en cas d'incendie ou de collision avec un gros astéroïde.

— Je vois que vous avez pensé à tout, professeur, conclut l'Amiral pleine d'admiration. Ne dormez-vous donc jamais ?

— C'est bien beau tout ça, reprit le doyen. Mais comment allez-vous couper l'anneau planétaire, de façon simultanée, à deux endroits différents ?

L'Amiral le regarda en souriant, imitée par les trois autres membres de son équipage. Elle lui répondit brièvement :

— Ne vous en faites pas pour cela, Excellence ! Prévenez le Centre de Contrôle, ainsi que vos collègues du Conseil Suprême, qu'aucun trafic ne doit plus transiter entre les astroports et leurs dômes à partir de maintenant... Nous nous chargeons du reste !

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant