68. Enfants de la Terre

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L'Amiral se retourna vers le hublot panoramique du hangar, nous faisant comprendre que le spectacle auquel nous assistions était bien plus intéressant que les interminables raisonnements théoriques dans lesquels nous nous étions lancés...

Nous pûmes distinguer la colonne d'Amour-Lumière que nous venions de déclencher sur l'ile d'Avalon. Elle montait vers les étoiles, pareille à un torrent d'énergie. Elle avait pris sa teinte verte, à présent qu'elle était totalement activée.

Nous vîmes également, au nord-est de ce qui restait du vieux continent africain, une autre lumière bleutée qui s'élevait de l'océan. Et plus loin encore, à l'horizon, au sommet des plus hautes montagnes de ce qui devait avoir été le Tibet, une lumière violette faisant de même...

Je compris qu'il s'agissait des différents chakras de Gaïa qui s'activaient, l'un après l'autre ! Je pus alors distinguer les halos lumineux des multiples cités, disséminées à la surface, disparaître, un à un, suite à la désactivation de leurs dômes protecteurs. Les villages qui les entouraient, par contre, baignaient encore dans l'obscurité de la nuit. Leurs habitants devaient s'y être endormis d'un sommeil que j'espérais paisible...

L'Amiral adressa un signe discret au professeur. Ce dernier activa son assistant informatique d'un geste rapide, comme s'il n'avait attendu que cela. Une douce mélodie se fit entendre, inondant le vaisseau. En voyant mon étonnement, elle daigna enfin m'expliquer de quoi il s'agissait :

— Te souviens-tu du code que votre astronaute solitaire a laissé, à la fin de son carnet ? Nous sommes enfin arrivés à le déchiffrer. Les Intouchables ont désactivé les clefs de sécurité du réseau Ethernet qui nous interdisaient l'accès aux banques de données datant d'avant le cataclysme.

— Quel était ce mystérieux message qu'il avait l'intention de nous adresser ? lui répondis-je.

— Comme tu peux t'en rendre compte, il s'agit d'une chanson. Il a dû la faire tourner, en boucle, durant sa longue agonie, avant de s'endormir une toute dernière fois. Nous avons entré son code d'accès sur les anciens moteurs de recherche du 21e siècle... écoute !

Une merveilleuse voix s'éleva, dans les hauts parleurs du vaisseau, sur des octaves incroyables :

« Pourquoi je vis, pourquoi, je meurs ?

Pourquoi je ris, pourquoi je pleure ?

Voici le S.O.S

D'un terrien en détresse

J'ai jamais eu les pieds sur terre

J'aimerais mieux être un oiseau

J'suis mal dans ma peau

J'voudrais voir le monde à l'envers

Si jamais c'était plus beau

Plus beau vu d'en haut

D'en haut

J'ai toujours confondu la vie

Avec les bandes dessinées

J'ai comme des envies de métamorphoses

Je sens quelque chose

Qui m'attire, qui m'attire, qui m'attire vers le haut

Au grand loto de l'univers

J'ai pas tiré l'bon numéro

J'suis mal dans ma peau

J'ai pas envie d'être un robot

Métro boulot dodo

Wou-oh

Ahah

Pourquoi je vis, pourquoi je meurs ?

Pourquoi je crie pourquoi je pleure ?

Je crois capter des ondes

Venues d'un autre monde

J'ai jamais eu les pieds sur terre

J'aimerais mieux être un oiseau

J'suis mal dans ma peau

J'voudrais mieux voir le monde à l'envers

J'aimerais mieux être un oiseau

Dodo l'enfant, do... »

Ce fut alors qu'au plus profond de moi-même, une petite voix eut envie de crier :

« Faites de beaux rêves, Enfants de la Terre ! »...

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant