57. Agharta

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La nuit ne tarda pas à tomber. Comme l'Amiral m'avait prévenu que notre cérémonie ne pourrait avoir lieu qu'au plus tôt le lendemain soir... nous avions une bonne journée devant nous. Mais il nous fallait rester discrets ; je craignais qu'une patrouille de chasseurs de la Fédération n'aperçoive nos engins posés près de la tour.

Le Maître Melkisédech nous proposa alors de nous faire visiter son mystérieux royaume ! Il nous aida à entrer les coordonnées de Shambhalla dans nos centrales spatio-temporelles afin de nous y rendre en un saut, d'à peine quelques secondes, dans le futur. Lui-même, mon Guide et l'Archange Saint-Michel nous y accompagneraient à bord de la navette. Le reste des Maîtres Ascensionés, ainsi que les deux autres Archanges, resteraient cachés ici pour veiller sur nos précieux crânes de cristal.

Le Maître Melkisédech nous expliqua qu'Agartha était un immense royaume souterrain, lié aux différents continents de la Terre par l'intermédiaire d'un vaste réseau de galeries et de tunnels. Sa capitale : Shambhalla, était bâtie sur un énorme cristal contenant, non seulement les anales akashiques de chaque individu ayant vécu sur notre planète, mais également celles de la galaxie tout entière !

Elle conservait au sein de ses nombreuses bibliothèques, les archives du savoir perdu des continents engloutis de la Lémurie et de l'Atlantide, et était peuplée des quelques survivants de ces deux civilisations : des êtres très évolués qui pouvaient vivre des centaines d'années. Ces derniers étaient les véritables gardiens, les dépositaires du savoir de ces anciennes sociétés... bien plus avancées que la nôtre !

Agartha était éclairée par un soleil central : un gigantesque cristal luminescent, tenu en place par deux colonnes de magma en fusion, reliées à chacun des pôles de notre planète. Il n'y avait donc pas de cycle journalier ; la nuit n'existait pas dans ce royaume de lumière ! Les créatures, tant humaines qu'animales, qui l'habitaient n'étaient pas exposées à la dualité du monde extérieur. Il n'y avait pas non plus de contraste de luminosité, ni de température ; cela expliquait, en partie, la grande longévité de ses habitants.

La gravité y était très faible, car uniquement provoquée par la force centrifuge de la Terre tournant autour de son axe. La langue qui y était le plus couramment parlée était le « Solar Maru », qui se traduit par « Langage Solaire ». Ce dernier fut à l'origine de nos langues sacrées telles que le Sanskrit et l'Hébreu.

Un « Conseil des Douze », composé de six hommes et six femmes, tous Maîtres Ascensionnés, y faisait office de gouvernement. Son représentant officiel, également appelé le « Grand Prêtre », était le Maître Adama, que nous allions bientôt rencontrer...

Lorsque tout le monde fut prévenu de nos projets, et que ceux qui allaient faire ce fabuleux voyage furent harnachés dans leurs engins respectifs, nous exécutâmes notre saut ! Quelle ne fut pas notre stupéfaction lorsque nous nous retrouvâmes, en plein jour, au-dessus d'une plateforme suspendue, entourée de jardins fleuris.

Le cristal solaire, dont la lumière n'était nullement éblouissante, trônait à notre verticale, entouré de quelques minces nuages blancs. On ne distinguait presque pas les deux colonnes de magma qui le soutenaient, à cause de son éclat intense.

Les montagnes, à l'horizon, donnaient l'impression de grimper vers le ciel en se perdant dans la brume. Un petit pont reliait la plateforme, sur laquelle nous nous étions posés, à une grandiose cité bâtie en bordure d'une gigantesque falaise. Ses divers bâtiments s'élevaient, comme les tours d'un palais féerique, vers les nuages. La plupart semblaient fait de cristal.

De multiples chutes d'eau se jetaient dans le lac que notre plateforme surplombait. Ce décor fantastique me rappela celui que nous offrit Éden, lors de notre arrivée mouvementée ; j'avais l'impression que celle-ci datait déjà d'une éternité !

Une silhouette en habits dorés, accompagnée d'une créature étrange, se dirigea vers nous en marchant lentement sur le pont. Nous réalisâmes que la pesanteur qui régnait en cet endroit était encore plus faible que celle d'Éden... Nous flottions au-dessus du sol, comme nous l'aurions sans doute fait sur la Lune.

Ceux qui étaient venus à notre rencontre semblaient y être parfaitement habitués. Ils lévitaient, littéralement, à quelques centimètres de hauteur. Leurs pieds les repoussaient gracieusement en l'air tous les deux ou trois mètres.

Il s'agissait d'un individu d'âge mûr qui mesurait près de quatre mètres de haut, accompagné d'une créature, mi-homme, mi-bouc, aussi grande que lui. J'eus l'étrange impression de la reconnaître...

L'homme s'adressa, sans prêter aucune importance à mon air stupéfait, au Maître Melkisédech... avec le plus grand respect.

— Soyez le bienvenu, votre Altesse. Que nous vaut l'honneur de votre retour anticipé ?

— Un léger contretemps, Grand Prêtre « Adama ». Rien de très grave ; mais le Firmament de Lumière va devoir encore attendre quelques heures avant d'être réactivé.

— Que sont quelques heures en comparaison du temps que nous avons passé à attendre son retour ? répondit le Grand Prêtre en souriant.

— C'est exact, répliqua notre guide. Nous en avons profité pour amener nos nouveaux compagnons visiter notre royaume sous-terrain... Mais veuillez excuser mon enthousiasme qui me fait oublier les règles les plus rudimentaires de la bienséance. Permettez-moi de vous présenter Jean, et ses compagnons : l'équipe du « Dragon Bleu » !

Homo Sum 3 : l'éveil de l'humanité (Episode 3 : Libération)Where stories live. Discover now