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— Maman ?
— Oui ?
— On mange bientôt ?
Ma mère regarde l'horloge murale puis sa casserole. Elle hoche négativement la tête en me souriant et elle vient caresser ma barbe que j'ai toujours pas rasé. À vrai dire, vu les événements j'ai pas forcément eu le temps de me retrouver devant mon miroir.
Et c'est même après avoir été témoin de l'accident de la petite sœur de Kenzie que mon crâne s'est mis à chauffer et que j'ai appelé ma mère en furie pour savoir si elle et Léna allaient bien et si on pouvait se retrouver pour dîner aujourd'hui. Je le sais que ma mère a été étonnée mais elle me posera pas forcément la question de pourquoi d'un coup, son fils veut se retrouver autour d'une table, même avec son nouveau mari.
— Non chéri pas encore pourquoi ?
— J'dois appeler quelqu'un, je vais dehors.
J'embrasse sa joue et je récupère mon téléphone avant d'ouvrir la baie vitrée et la refermer juste après. Je m'adosse à la murette du jardin et m'allume une cigarette avant de chercher le numéro de la brune dans mes contacts et de l'appeler.
Je suis toujours en plein choc après la soirée du début de semaine, j'étais tranquillement posé à la maison quand elle m'appelle, et alors que je pensais qu'elle allait me demander qu'on se capte, qu'on aille faire un truc ensemble, je suis tombé de six étages quand je l'ai entendu pleurer, souffler et qu'elle arrivait même pas à prononcer mon prénom.
Mon coeur a raté un battement, puis plusieurs, puis je me suis vu être trop inquiet pour la brune et ressentir des sentiments de fou à l'idée qu'un truc lui soit arrivé. J'ai gardé mon sang froid parce que je pensais qu'à elle mais lorsqu'on s'est couché, qu'elle s'est endormie et que j'ai sentie son souffle s'apaiser, je suis sortie du lit et me suis clairement enfermé dans le balcon pour cogiter et laisser du temps à mon esprit pour enregistrer les faits et relâcher la pression.
J'ai clairement capté que ces choses là peuvent arriver à n'importe qui et ça m'a fait réalisé à quel point je pouvais perdre du temps bêtement à pas voir ma famille assez parce que ma rancoeur me dicte de pas m'ouvrir aux autres.
Puis pour Kenzie, j'ai réalisé, comme si ça avait pas été un truc réel, qu'on avait couché ensemble. Que j'avais succombé à ses charmes d'un naturel déconcertant et que la relation allait prendre logiquement un autre tournant. Sauf qu'on en parle pas et j'ai l'impression qu'on sait tous les deux pas vraiment quoi dire face à ça, parce que j'étais venu clairement sans arrière pensées, noyé dans mon seum et qu'elle avait fini par me donner envie comme si c'était vital.
Je tombe sur sa messagerie et je soupire. Il est pourtant pas tard et je me demande ce qu'elle fait. Je réitère une deuxième fois ma tentative et cette fois-ci, elle répond.
