« Il y a quelque chose dans tes gestes Qui me fait penser que je ne peux pas vivre sans toi Et ce sentiment me consume toute entière Je veux que tu restes »
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Je fixe la poignée de la porte malgré mes larmes qui rendent ma vue complètement floue. Mes mains tremblent comme jamais auparavant et je renifle une nouvelle fois pour essayer de rattraper l'état de mon visage complètement humide mais c'est déjà trop tard.
Je prie pour que Mathieu ne soit pas à la maison et mes oreilles se bouchent lorsque je tourne la clé dans la serrure, je ferme les yeux et fait un pas en avant sans jamais lever les yeux.
Je sais qu'il est là, son odeur est présente signe qu'il est à la maison et ses chaussures sont rangées n'importe comment à l'entrée. De plus, sa sacoche est posée sur le bar de la cuisine, j'en déduis même qu'il vient de rentrer et qu'il a directement rejoint la salle de bain pour prendre sa douche après être rentré de la boxe.
Je retire mes chaussures, mon manteau et je laisse tomber mon sac avant de me réfugier dans la chambre et fermer la porte le plus discrètement possible.
J'entends Mathieu rapper gaiement sous la douche, l'air totalement heureux et épanoui alors que je suis en pleurs et en panique dans notre chambre en fixant le lit conjugal que l'on partage depuis presque six ans déjà.
Six ans sans encombre durant lesquelles j'ai vu un Mathieu mûrir et devenir plus confiant, un Mathieu ayant réussi dans le rap et étant devenu l'un des plus connus dans le secteur. Un homme ayant tout pour lui et m'aimant plus de jours en jours même autant d'année après.
Pourtant, je sais que ce long fleuve tranquille sur lequel on naviguait vient de rencontrer un courant violent qui risque de briser notre bateau.
— Bébé ? C'est toi ? j'entends dire à travers la porte.
Je n'ai aucune réaction face à sa voix, je fixe notre lit, dans lequel on a passé tant de bons moments, dans lequel j'ai pu passer autant de nuits longues et chaudes que des nuits blanches à sentir le corps de mon copain contre le mien. À l'instant même, j'ai l'impression de regretter que chaque seconde manquées avec lui, je me remémore, comme si c'était la dernière fois, les matins que l'on a passé au lit durant un dimanche pluvieux, même les disputes qui auront mené Mathieu à casser le miroir à gauche de la fenêtre.
Tout ça, j'ai l'impression qu'à cet instant, alors que j'ai réalisé ce qu'il se passait, alors que je me suis rendue compte de ce que j'avais laissé passer et que j'ai brisé la confiance que Mathieu a envers moi, ce que je n'aurai jamais imaginé, même dans les scénarios les plus fous, tout ce que nous avions vécu n'est qu'un bref souvenir qui pourra me faire sourire lorsque mon couple n'aura plus la même passion, lorsque Mathieu et moi ne formerons plus le même portrait.
