sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)

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musique à écouter : the half (Ruben)

"You've got your opinion, but you don't know my past
You don't know my reason
You don't know the half"

Hunter

Le temps qu'il me faut pour rentrer me paraît interminable. Je dois être en train de marcher depuis une dizaine de minutes et en apercevant la vieille boîte aux lettres verte, je sais que j'ai parcouru la moitié du chemin. Une vive douleur s'est installée dans ma mâchoire, je sens déjà s'installer l'ecchymose. Un goût de sang survient lorsque ma langue passe sur la fraîche coupure de ma lèvre inférieure. En repensant à mon altercation avec cet inconnu, la résignation dont j'ai fait preuve m'apparaît comme de la faiblesse. Même si je l'ai fait dans le but de ne pas contrarier Cassiopée. La façon dont elle m'a regardé tout en insistant sur le fait qu'il était hors de question que je touche à un seul cheveu de l'homme m'a suffi à ne pas aller plus loin.

La réaction rapide qu'elle a eue de plonger vers lui lorsque cette espèce de crise d'angoisse l'a frappé, me fait ressentir au creux de moi, un sentiment que je ne parviens pas à déchiffrer. Et la manière dont elle la prit entre ses bras dans le but de le calmer, me revient. Rapidement, et sans m'en rendre compte, je secoue la tête de droite à gauche, comme pour essayer de me dire d'arrêter d'y penser. Il semblerait que cela soit plus simple à dire qu'à faire.

Un peu avant que cet « Adam » ne s'en prenne à moi, elle a évoqué sa volonté de ne pas venir avec moi la prochaine fois que je partirai. Les mots de Victoria sont parvenus à effacer les quelques progrès de la soirée. Mais est-ce que Cassiopée pensait réellement ce refus ou était-elle tout simplement blessée ? Rien qu' l'évocation à cette possibilité, une pointe apparaît au creux de ma poitrine, alors je préfère m'en tenir à la seconde option.

En arrivant devant la maison, je remarque que la lumière de la cuisine est allumée. J'hésite alors entre rentrer ou non, mais cette soirée m'a vidé de toute énergie. Même si je n'ai aucune envie d'affronter ma mère ou Hope cette nuit, mon désir de dormir est plus fort. Cependant, il faut croire qu'il ne s'agit ni de l'une ni de l'autre. Tandis que j'essaie de faire le moins de bruit possible en ouvrant la porte d'entrée, une chevelure rousse apparaît depuis le salon.

— Minuit et demi ? Tu es malade pour rentrer si...

Ses mots se stoppent à la vue de ma mâchoire gonflée.

— C'est rien de grave, ne t'en fait pas.

— Tu ne veux pas en parler, c'est ton choix. Mais bois au moins un verre d'eau avec moi, alors.

— De l'eau ? Je sais qu'il y a plus fort dans cette maison.

— Hunter.

— Lya.

La façon que j'ai de prononcer son prénom lui décroche un sourire. Ce qui m'empêche de ne pas en esquisser un également. Ce dernier s'avère être de courte durée, lorsque je me remémore un détail.

— Cassiopée va avoir des ennuis pour ne pas avoir veillé sur vous comme elle l'avait promis ?

— Comment tu es au courant qu'elle devait nous surveiller ?

— Je sais tout, ma chère.

Lya lève les yeux au ciel afin de souligner mon arrogance.

— Si tu veux vraiment tout savoir, et bien, ta mère m'a semblé fâché mais je sais qu'elle ne sera pas sévère avec Cassi. Elle sera privée de sortir pendant une ou deux semaines tout au plus. Et étant donné que Mike rentre le week-end qui arrive, je pencherai davantage vers une seule semaine. Selon Hope, elle peut s'avérer être très persuasive avec son père. Il en parlera avec ta mère, et le tour sera joué.