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musique à écouter : happy being me (britton)

"And if I try to skip a meal just here or there
I'll fit into those jeans my mom wants me to wear
They're still hanging in my closet
Price tag floating in the air
With the size always reminding me I care"

Victoria

Ce matin, je me réveille avec un goût amer dans la bouche. Hunter a ignoré mon message et je maudis les deux lettres qui s'affichent : « Lu ». J'essaie de ne pas m'emporter, de ne pas imaginer quoi que ce soit, mais c'est plus fort que moi. Je n'ai plus aucune nouvelle depuis l'épisode d'Halloween, il me paraît évident que mon comportement y est pour beaucoup. Mais je n'y suis pour rien s'il est incapable de comprendre que je suis faite pour lui. Pourtant, je le désire si fort, je pourrais donner tout ce que je possède pour qu'il ne soit qu'à moi. Alors, dans une tentative désespérée, je presse une nouvelle fois le bouton « Envoyer ». Hunter est le seul pour qui je ressens une telle chose, ce besoin irrépressible de lui appartenir.

Au même moment, un appel s'affiche sur l'écran de mon téléphone. Je suis à la fois heureuse et surprise, ce n'est pas dans l'habitude de mes parents d'appeler le jour de leur retour. Ils sont partis il y a trois mois pour un voyage de détente en Sicile, juste entre eux, je n'ai pas été convié. Mon cœur se serre en repensant à ce souvenir, j'essaie toujours de comprendre pourquoi, même si ce n'est pas la première fois. Je décroche et les visages de mes parents apparaissent, lorsqu'ils me voient, un sourire forcé étire leurs lèvres.

— Chérie ! C'est maman et papa.

Bien sûr que je sais que c'est eux. J'ai parfois l'impression de ne jamais avoir grandi à leurs yeux. Je suis toujours la petite fille naïve qui passe son temps à attendre le retour de ses parents. Derrière l'image qu'ils me renvoient, je distingue un ciel bleu magnifique. Totalement le contraire de ce que je vois au travers de ma fenêtre. Alors avant même qu'ils n'aient le temps de poursuivre, je les interromps :

— Vous ne rentrez pas, c'est ça ? Ne prenez pas de pincettes avec moi et dites-le, tout simplement.

Ils échangent un regard entendu avant d'ajouter :

— Mais ne soit pas triste ma chérie, nous t'avons fait un petit virement qui devrait être arrivé. Va te faire plaisir au centre commercial, achète-toi quelque chose de joli. Ne fait pas cette tête-là, il faut sourire sinon personne ne pourra profiter de ta beauté. Et surtout, fait attention à ce que tu manges, il ne faudrait pas que tu prennes davantage de poids.

Les paroles de ma mère me feraient presque lever les yeux au ciel, mais ils le remarqueraient. Cette remarque sur mon poids ne passe pas inaperçue à mes oreilles, je sais très bien qu'après avoir raccroché, je vais aller me dévisager dans le miroir. Me questionner sur mon corps qui n'est pas suffisamment maigre pour ma mère. Je fais pourtant attention à ne pas manger de trop, je saute même quelques repas, mais rien ne semble suffire pour obtenir la taille parfaite. Sans attendre, j'esquisse mon plus beau sourire, bien que faux.

— Je promets de ne pas oublier de sourire. Vous devez certainement avoir envie d'y retourner, je ne vous retiens pas plus longtemps.

À peine ai-je prononcé ce dernier mot que l'appel se coupe, sans même un au revoir. Sans plus attendre, la solitude que je ne connais que trop bien est de nouveau la seule à m'accompagner. La notification indiquant que l'argent est arrivé sur mon compte, illumine mon écran. Il semblerait qu'il ne me reste plus qu'une chose à faire : tout dépenser. Qui sait, peut-être que cela me remontera le moral, même si je n'y crois pas une seule seconde.

sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant