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musique à écouter : on fire acoustic (Loïc Nottet)

"There was a little girl
From a broken family
With a silent fantasy
Her head was in the sky
Heart was made of stars
Her skin was made of scars"

Lya

-          Tu fais souffrir notre famille !

-          Parce que toi, tu ne nous fais pas souffrir peut-être ?

Les cris de mes parents me réveillent. Une nuit de plus, qui ne sera pas complète.

-          Ne me suis pas, je vais au bar.

-          Bien sûr, pour changer ! Tu ne pourras pas fuir tes responsabilités éternellement. Je te rappelle que tu as une fille à l'étage !

-          Personne n'aime plus Lya que moi, je suis son père. C'est plutôt toi qui aurais tendance à l'oublier ! Depuis qu'elle est partie, tu as entamé ta descente aux enfers.

-          Ne me parle pas d'elle !

-          J'arrêterai de boire quand tu décideras d'arrêter de te droguer !

Notre porte d'entrée claque violemment. Je sursaute.

Il vient de dire que personne ne m'aimait plus que lui. Si c'est le cas, pourquoi j'ai ce bleu sur la cuisse ? Je ne veux pas être aimé. Pas comme ça.

Mon père vient de partir pour noyer son chagrin dans l'alcool, je préfère cela plutôt qu'il s'en prenne à ma mère. Elle, elle va se piquer pour s'enlever toute culpabilité.

Et moi. Je suis assise contre ma porte. Et les larmes coulent à flots sur mes joues.

A Melody :
J'ai besoin de toi. Je sais qu'il est tard, mais on peut s'appeler ?

J'observe ma chambre. Il y fait beaucoup trop sombre.

Alors, je décide de me réconforter comme je le fais chaque fois. Peu à peu, j'allume toutes les petites guirlandes lumineuses dans ma chambre.

Je craque quelques allumettes, les douces flammes qui dansent sur mes bougies me réchauffe le cœur. Une délicate odeur de sapin vient me chatouiller les narines.

C'est beaucoup mieux ainsi.

Mon regard s'arrête un instant sur ma commode. Là où il y a le plus de lumière.

Le cadre en bois retient toute mon attention. En même temps que je souris, une larme s'échappe.

Nous avons l'air si heureuses sur cette photo. Je me souviens des coups de soleil après cette journée. Ana me manque tellement.

Ma sœur me manque.

Il y a quatre ans, elle est partie de la maison. Mon père était déjà violent envers ma mère. Certaines fois, il l'a été avec Ana, avant de l'être avec moi aujourd'hui. Je comprends maintenant. Mes parents ne voulaient pas qu'elle aille à New York pour ses études. Ils étaient prêts à tout pour l'en empêcher.

Mais ils ne semblent pas comprendre que ses études n'étaient qu'une excuse pour quitter la maison de l'enfer.

Jamais je ne pourrais lui en vouloir.

Ana a toujours été celle qui avait le plus de caractère. Un soir, elle a pris ses affaires et à décider de prendre son destin en main. New York l'attendait.

Je suis fière d'elle et de la décision qu'elle a prise. Mais j'ai besoin de ma grande sœur. C'est vital. Je veux juste que l'on puisse se retrouver. Un jour ou l'autre.

Je m'assieds à mon bureau, sors une feuille et un stylo. Sans y réfléchir, les mots sortent tout seul :

La vie est-elle meilleure où tu es ?
J'aimerais m'envoler, te rejoindre
Mais le poids sur mes épaules m'en empêche
Tout est trop dur ici.
Promets-moi de venir me chercher.
On volera ensemble jusqu'à Venus.

Je n'ai pas d'adresse où écrire. Pas de numéro à appeler. Mes petits mots sont tout ce que j'ai. Avant de plier ce dernier, je dessine des petites étoiles, puis je le glisse dans mon journal.

Dans trois ans, je pourrais rejoindre Ana, je n'attends que ça. Et je sais qu'elle viendra pour moi, elle ne veut juste aucun contact avec nos parents, ce qui est impossible avec moi habitant chez eux.

Je me demande souvent ce qu'elle fait. Est-ce qu'elle pense souvent à moi ? Est-ce qu'elle a trouvé l'amour ?

Je suis réveillé depuis un moment maintenant, et je n'ai toujours pas de nouvelle de ma petite amie.

A Melody :
Tu dois sûrement dormir, je comprends. Je t'aime.

J'ai besoin d'une amie. Bien sûr, j'ai Melody.

Mais ce n'est pas pareil.

:::

-          Je suis désolée pour cette nuit, je dormais vraiment très profondément. Est-ce que tout va bien ?

Melody semble s'en vouloir de ne pas avoir pu être là pour moi. Mais au fond, j'ai peur de n'être qu'un boulet qui a constamment besoin de quelqu'un.

-          Ne t'en fais pas, ce n'est pas grave.

Je ne suis pas sûr de penser ce que je dis. Au fond de moi, je me questionne sur le choix de mes mots.

Elle me dépose un rapide baiser sur les lèvres avant de devoir rejoindre sa classe. Un sourire se dessine sur son visage, puis ses longs cheveux bruns disparaissent avec elle.

Et je suis de nouveau toute seule.

La rentrée a eu lieu il y a un mois et je n'ai toujours pas d'amis. Aller vers les autres n'est pas naturel chez moi. Alors, je m'attends à rester seule un moment.

Je suis perdue dans mes pensées quand j'entre dans la salle, et sans y faire attention, je me heurte à quelqu'un. Nos affaires tombent au sol et nous sommes à présent toutes les deux en train de les ramasser.

-          Je suis désolée !

Ces mots sont sortis de nos deux bouches, en même temps. Ce qui nous fait rire légèrement.

Quand mes yeux se posent sur elle, c'est comme si un rayon de soleil venait de traverser la pièce. Elle semble si chaleureuse. Son immense sourire fait ressortir les taches de rousseur sur ses joues.

Comme je suis toujours perdue dans mes pensées, je ne fais pas vraiment attention au monde qui m'entoure. Elle semble être dans ma classe, mais je ne l'avais encore pas remarqué.

-          J'espère que je ne t'ai pas fait mal ! J'ai tendance à ne pas vraiment faire attention où je vais.

Elle me dit cela avec une voix pleine de douceur.

-          Il n'y a pas de mal. Il m'arrive très souvent de faire la même chose !

Nous rions de nouveau.

-          Mesdemoiselles ! Pourriez-vous vous asseoir, s'il vous plaît ?! Le cours va commencer.

La voix de notre professeure attire notre attention et nous oblige à aller nous installer.

Et, au moment de m'asseoir, cette fille que je viens de bousculer (à moins que ce ne soit elle qui m'ait bousculé ?) s'installe à mes côtés. Je ne m'y attendais absolument pas.

Avant que le cours commence, elle me dit :

-          Ah, et au fait, je m'appelle Hope !

sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)Where stories live. Discover now