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musique à écouter : Stone (Jaymes Young)

"You spend your nights looking at the stars
Thinking your life would be better on mars
Checking your pulse just to feel it beat
Looking for a stone to keep the peace"

Lya

— Ana, tu ne vas pas t'en tirer comme ça !

Je suis à peine rentrée de chez Hope que le cauchemar recommence de plus belle. Je ne sais pas par quel moyen leur faire comprendre que je ne suis pas elle. Ma sœur est partie depuis longtemps maintenant, mais mes parents refusent d'accepter son départ et le fait qu'elle ait choisi de quitter leur vie. Ils la voient en moi. Et lorsqu'ils sont chacun habités par leur vice comment suis-je censée leur faire comprendre qu'elle n'est plus là ?

J'essaye d'éviter la confrontation avec mon père, dont j'entends la voix se rapprocher. Je passe rapidement au travers du salon afin de rejoindre l'escalier.

— À quel moment as-tu été permise de sortir ? Tu as encore ruiné la réputation de cette famille ? Une fois n'était pas suffisante ?!

Je ne suis finalement pas assez rapide. À mi-chemin des marches, je sens une résistance, il vient de s'emparer de ma queue de cheval. Violemment, il me tire vers l'arrière, je dévale l'escalier tout en sentant la douleur résonner dans mon être tout entier. Ma tête heurte brutalement le parquet du rez-de-chaussée, il me faut un instant pour retrouver mes esprits.

— Tu pensais réellement que nous allions accepter cela, ta mère et moi ? Sous notre toit, qui plus est.

Mes yeux ont du mal à s'ouvrir, lorsque j'y parviens, je le distingue s'approcher de nouveau. Mon instinct est de me recroqueviller sur moi-même, ce ne sera ni la première ni la dernière fois que cette situation se produira. Depuis qu'Ana est partie, c'est toujours pareil, c'est mon quotidien.

Les coups de pied de l'homme supposé être mon père viennent s'abattre contre mon dos et mes jambes. Je tente de réprimer mes sanglots un maximum, aucun bruit de douleur ne s'échappe de mes lèvres, mes paupières sont puissamment closes et malgré cela, les larmes qui coulent sont bien présentes.

Je ne dis rien, aucune supplication pour le faire arrêter, ça n'y change rien. Il stoppera au moment où il aura de nouveau besoin de boire un coup. À ce moment, je tente de me couper du moment présent. Mon esprit se rattache à l'excellente soirée que j'ai passé en compagnie de Hope, je repense aux journées avec ma sœur et m'imagine ce moment tant attendu où elle va venir me chercher.

Soudain, le silence. Je patiente avant d'oser me redresser, même si mon corps entier est endolori, il est hors de question que je reste dans cette pièce. J'observe les alentours pour m'assurer qu'il n'est plus dans les parages. Je ne m'éternise pas et prends la direction de ma chambre tout en faisant attention à faire le moins de bruit possible.

La porte se referme derrière moi. Une soudaine vague de fatigue m'envahit, je suis reconnaissante de réussir à me déplacer jusqu'à mon lit. M'allonger attise mes douleurs tout en les soulageant, je n'ose même pas imaginer dans quel état je serais si sa crise avait été plus violente. Malgré tout, je sombre dans le sommeil.

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Lorsque mes yeux s'ouvrent de nouveau, il est à présent deux heures du matin. Dormir m'a permis de ne pas sentir les hématomes se former, les taches bleues sont parfaitement marquées sur mes jambes, je préfère éviter de regarder mon dos dans le miroir. C'est à peine si je parviens à m'asseoir, alors me lever pour rejoindre mon bureau s'avère être un effort important. Mais je ressens ce besoin d'écrire.

Une fois installée, je tire un papier de couleur bleu sur lequel je viens y apposer les vers suivants :

Les marques qui colorent ma peau
Sont destinées à raconter mon histoire.
Je dissimule mes sanglots.
En attendant mon échappatoire.
Bientôt, les jours seront beaux
Je ne dois jamais perdre espoir.

Rapidement, je le glisse auprès des autres. Je suis attristée de voir qu'il y a bien plus de papier bleu que d'une autre couleur. C'est aux réunions que l'on m'a parlé de cettetechnique pour ne pas avoir à garder tous nos ressentis à l'intérieur de nous.Il faut les coucher sur le papier : vert pour les moments de joie et de bonheur, rose pour l'amour,bleu pour nos « mauvaises pensées » c'est comme ça qu'ils en parlent.


Il n'y a qu'une seule personne qui puisse me comprendre. Je décide alors de lui envoyer un texto, même s'il n'est jamais très bavard, nos discussions me font toujours beaucoup de bien. Il veut faire croire au monde entier qu'il ne ressent rien, mais je sais que ce n'est qu'une façade. La façon qu'il a eu de se taire lorsque je lui ai avoué qu'il manquait à sa sœur, a suffi pour trahir toutes les émotions qu'il tente de dissimuler. Cependant, en y repensant, je décide que Hunter ne sera pas le destinataire de mon message. Au fond de moi, mon envie de consolider mon amitié naissante avec Hope se veut grandissante. Rapidement, mes doigts pianotent sur le clavier de mon téléphone, mais avant même d'appuyer sur la touche « Envoyer », comme si nos cerveaux étaient connectés, je reçois un message de sa part.

De Hope :
Salut, j'espère que tu es bien rentrée ! Je me demandais si l'on pouvait discuter de ce que tu as eu l'impression de percevoir en moi par rapport à tu-sais-qui ?

Un sourire s'étend sur mon visage, Hope semble définitivement très douée pour cela. Je sais exactement à quoi elle fait allusion. Depuis toute petite, j'ai toujours eu cette capacité de parvenir à cerner les gens, même sans les connaître. Alors, même si Hope essaie de le nier, je sais ce que j'ai vu hier soir.

À Hope :
En effet, je suis bien rentrée. Et laisse-moi te dire que ton secret est en sécurité avec moi, et je dois avouer que Corey est absolument adorable. Ce qu'il faut que tu comprennes, c'est que Cassi ne le voit que comme un ami, c'est une autre personne qui semble retenir son attention. Et Corey finira par s'en rendre compte. Malheureusement, on ne peut rien me cacher.

Je n'ai jamais réussi à savoir si cette capacité se révélait davantagecomme un don ou une malédiction. Déceler la bassesse d'un individu tandis qu'ilparaît doux et inoffensif n'est jamais une chose aisée. Mais à cet instant, jesuis heureuse de pouvoir partager mes ressentis avec mon amie.

sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)Where stories live. Discover now