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musique à écouter : hard sometimes (Ruel)

"Oh I
Try to be happy but it's hard sometimes
But life
Just seems to happen right before my eyes"

Cassi

Je n'ai pas réussi à fermer l'œil du week-end, et je ne sais pas ce qui en est la cause. La peur de mes cauchemars ? Toutes les questions qui se bousculent dans ma tête ? Mes pensées incessantes vers ce parfait inconnu qui a ses propres problèmes ? Certainement un mélange de tout ça.

Dehors, la pluie a chassé le beau temps, ça ne durera que quelques heures, mais ça n'aide pas vraiment mon moral. J'essaye d'apercevoir quelques étoiles, mais les nuages sont bien trop présents. Et la musique dans mes oreilles ne m'aide en rien, les douces notes de Hard Sometimes de Ruel berce mon état d'esprit :

Oh I
Try to be happy, but it's hard sometimes
But life
Just seems to happen right before my eyes

Je me demande si Hope accepterait de me parler de ce qu'il se passe au sein de sa famille, mais cette idée fait rapidement marche arrière lorsque je me souviens qu'elle refuse même d'y faire allusion, donc je me doute que je n'obtiendrais aucune réponse.

Par-delà la musique de mes écouteurs, un vrombissement attire mon attention derrière la fenêtre de ma chambre. Est-ce que je dois être étonnée ? Cela ne fait que quelques heures que Mike est reparti pour le travail que le phare d'une moto se rapproche de la maison.

Hunter est de retour.

Il ne me reste plus qu'à savoir s'il est de bonne humeur ou non. J'espère juste qu'il n'est pas alcoolisé, en plus d'être désagréable, ce ne serait pas responsable de sa part de prendre la route ainsi. Mais bon, est-il vraiment responsable ?

Je l'observe descendre de sa moto, il semble plutôt habile, contrairement aux certaines fois où j'ai pu le voir. Un sourire s'esquisse sur mon visage en repensant à la nuit où il s'est écroulé dans le jardin. Il lève les yeux vers la maison. Je suis alors heureuse que l'obscurité me dissimule, il ne faudrait pas qu'il pense que je suis en train de me « rincer l'œil » comme il me l'a déjà dit auparavant.

Mais alors qu'est-ce que je fais ? Je l'observe, oui. Mais dans quel but ? Je pourrais tout aussi bien essayer de retourner au lit, mais non, je ne veux pas, je veux rester là.

Ça fait un peu psychopathe, tu ne trouves pas ?

La voix dans ma tête me fait lever les yeux au ciel.

C'est à peine si je l'entends ouvrir la porte d'entrée, alors, j'en conclu qu'il n'a pas dû boire. Il tente de monter discrètement l'escalier, mais quelques marches craquent à son passage.

Je prends mon courage à deux mains et tourne la poignée de porte dans ma main. Je l'entrouvre à peine qu'il chuchote :

- Qu'est-ce que tu veux ?!

Son ton est exaspéré, ce qui me donne l'impression que je le dérange à chaque fois.

- Je... euh...

Je sors complètement de ma chambre, ainsi nous sommes tous les deux dans le couloir. Je m'approche afin de pouvoir lui parler correctement.

- Tu... je...

- Abrège !

Toujours aussi charmant à ce que je vois.

Dans l'obscurité, je n'arrive pas à capter son regard. Et cela me dérange. J'ai remarqué que beaucoup de choses se passaient dans ses yeux, ils sont très expressifs.

J'avance un peu plus vers lui.

- Tu as laissé un crayon dans ma chambre, et je... je voulais te le rendre.

A peine ai-je terminé de lui tendre l'objet qu'il me l'arrache presque de la main. Puis, il ouvre sa chambre et commence à renter à l'intérieur.

- Sérieusement, c'est tout ? En fait, la politesse, c'est en option chez toi ?

- Il est 4h du mat', t'as rien de mieux à foutre, sérieux ?!

Je décide d'ignorer ces propos.

- Est-ce que tu as dessiné quelque chose pendant que je dormais ? Le crayon, je me demandais.... Est-ce que je peux voir ?

- Tu ne peux pas la fermer cinq minutes ? Tu vois pas que j'ai besoin d'air ! Alors arrêtes avec toutes tes questions inutiles

- La liberté d'expression, tu connais ?

- J'imagine que tu te trouves drôle en plus.

- Tu sais, ce serait agréable que tu arrêtes de faire comme si le monde entier te voulait du mal.

- Tu te crois maline, n'est-ce pas ?

- Si tu n'arrêtes pas de poser des questions, je ne vois pas pourquoi moi, j'arrêterais. Tu te souviens, il y a quelques nuits ? Tu es entré dans ma chambre, c'est toi qui es venu, c'est toi qui as parlé et posé des questions. Je pense que j'ai moi aussi le droit de t'en poser, comme qu'est-ce que tu as dessiné ou encore où étais-tu ce week-end ?

- C'est la meilleure, mais pour qui tu te prends ?! Pourquoi je devrais te répondre ? Je te rappelle que c'est toi qui m'as demandé de rester cette nuit-là. Je n'y suis pour rien si tu as peur de ton propre esprit.

- Mais comment tu fais pour te supporter, putain ?! Je vais te le dire, et en plus, le dire sans alcool dans le sang va me faire le plus grand bien. Tu. Es. Un. Connard. Tu ne vois pas que toute ta famille s'inquiète pour toi ? Tu es aimé, et même soutenu, tout le monde n'a pas cette chance. Mais, sérieux, c'est quoi ton problème ?

Je n'ai même pas terminé ma phrase que quelque chose change en lui. Il devient plus menaçant. Et il se rapproche un peu plus de moi. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

Je ne bouge pas, je veux lui prouver qu'il ne me fait pas peur. Alors je soutiens également son regard, qui à cette distance est plus sombre que je ne l'avais jamais vu.

- Ne t'avise pas de parler de ma famille, c'est quelque chose que tu ne peux pas connaître.

Ses paroles sont cinglantes. Ses mots ont l'effet de couteaux dans mon cœur. Je sens une boule se former dans mon estomac. Ma gorge se serre. Je préfère capituler et retourner dans ma chambre. Avant de fermer la porte, j'ajoute :

- Tu as l'air de prendre du plaisir à faire souffrir le monde qui t'entoure. Personne ne peut rien pour toi. Peu importe les démons qui se sont emparés de toi, j'ai bien peur que tu sois perdu.

Je lui lance cela tout en insistant sur chaque mot. Je le sais, il est déjà bien plus bas que terre, et je continue de l'enfoncer. Je me trouve moi-même blessante dans mes propos. Mais il n'aurait jamais dû insinuer que le fait d'avoir une famille m'était inconnu.

A l'instant même où ma porte se referme, je m'écroule contre cette dernière, explosant en sanglot.

Jusqu'ici, Hunter n'avait jamais eu de parole aussi forte. Et ce qu'il a dit, m'enlève toute envie de l'aider.

Ma main se porte à mon téléphone, et sans vraiment y réfléchir, j'appuie sur la touche envoyer.

A Corey :
Je pense que j'ai besoin d'une glace. Demain après les cours ?

Et il répond presque immédiatement.

De Corey :
Je suis ton homme !

sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)Where stories live. Discover now