sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)

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musique à écouter : nowhere (Black Match)

You got a hold on me like, like nicotine
You're runnin' through my lungs
And into my bloodstream
Into my bloodstream

Hunter

Un sursaut me réveille, ma respiration s'accélère. Je sens une goutte couler le long de mon visage, j'ignore depuis combien de temps, je me débats, seul dans mon lit. Comme à chaque fois, il m'est impossible de me remémorer le sujet de mes tourments. Tout ce que je sais, c'est que ces cauchemars ont débuté il y a trois ans, peu de temps après le décès de mon père. Je n'ai jamais pu obtenir justice sur ce qu'il m'a fait subir, ce père qui n'en était pas un, et il m'est impossible de le lui faire savoir. Et, en plus de toute cette rancune accumulée à cause des violences, je sais au fond de moi qu'il s'est passé autre chose. Je vois bien dans le regard de ma mère qu'elle sait, mais elle n'ose pas m'en parler. Un jour, j'espère pouvoir me souvenir de l'accident. Mon putain de cerveau à préférer oublier, obligé de me persuader que je suis complétement brisé.

Immédiatement, ma main vient à la rencontre de mon téléphone, et avant même de pouvoir me concentrer sur l'heure, un message me surprend et retient toute mon attention.

De Hope :
Je vous ai entendue partir, Cassi et toi. J'imagine que tu es au courant qu'elle est privé de sortie. Tu seras toujours égale à toi-même. Quoi qu'il en soit, pour changer, ne fait rien de stupide.

Décidément, ma sœur semble toujours être autant moralisatrice, je déteste ce trait de caractère. Il m'est donc impossible de m'empêcher de lever les yeux au ciel tout en laissant échapper un soupir. Cependant, une partie de moi retient également que c'est la première fois depuis bien longtemps que Hope ne m'avait pas adressé la parole. Comme si Cassiopée était la raison qui l'avait poussé à m'écrire. Comme si Cassiopée – malgré elle – ne pouvait s'empêcher d'apporter des modifications à ma vie depuis son arrivée.

Avant même d'ouvrir les rideaux, je glisse une cigarette entre mes lèvres. Certains ont besoin d'un café, de mon côté, une clope fait amplement l'affaire. La tête en arrière, j'expire la fumée. Je suis tout juste en train de réaliser que je l'ai amené ici, et je ne peux plus faire marche arrière. Qu'est-ce qu'il m'a pris ? De quoi est-ce que je vais bien pouvoir parler avec elle ? Je n'en ai aucune idée.

Cassi

Un spasme me traverse le corps, je me réveille instantanément. J'ai besoin d'un certain temps pour reconnaître la pièce dans laquelle je me trouve. Puis, tout me revient : l'escapade nocturne à moto, cette maison, les dessins de Hunter, ce moment entre nous que je ne saurais qualifier. Il m'est impossible de m'ôter ses profonds yeux bleus de l'esprit, sans un mot, quelque chose semble s'être produit la nuit dernière.

Une certaine prise de conscience s'empare de moi. Je ne devrais même pas être ici, je devrais être à la maison et ne pas sortir comme convenu. Quand elle se rendra compte de mon absence, Linda sera furieuse. Mais il est trop tard, je ne peux plus faire marche arrière. De plus, ma mère m'a toujours incité à ne jamais avoir de regret, si quelque chose se produit, c'est pour une bonne raison. Bien sûr, c'est toujours beaucoup plus simple à dire qu'à faire.

Sans même prendre la peine d'essayer de me rendormir, je prends la décision de me lever. J'enfile un tee-shirt trop grand pour moi en guise de pyjama, tout en prêtant une attention particulière au fait de glisser mes pieds dans une paire de chaussettes. Me remémorant que trop bien la dernière fois où ces derniers se sont retrouvés nus. La poignée de porte s'abaisse sous le poids de ma main, et lorsque le couloir s'ouvre devant moi, je ne peux m'empêcher de laisser s'échapper un cri de surprise.