sans ténèbres, les étoiles ne brillent pas (français)

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musique à écouter : dazed & confused (Ruel)

"Oh, I've been dazed and confused
From the day I met you
Yeah, I lost my head
And I'd do it again"

Cassi

Une fois arrivée à l'extérieur, je suis un peu déçue de remarquer que je ne suis pas seule. Quelques personnes sont réunies et se parlent, des couples s'embrassent et je dirais même que certains font bien plus que s'embrasser. Mais je ne peux pas en être sûre, l'alcool me brouille l'esprit, je n'arrive même pas à rassembler mes idées à leur place. Tout ce que je sais, c'est que j'en ai beaucoup dis. Au moins, je sais maintenant qu'après quelques verres, je deviens une vraie pipelette.

Mon cœur se serre lorsque je repense à la marque sur mon bras. Mon regard se retrouve attiré par elle, mais je ne parviens pas vraiment à la distinguer derrière la manche en dentelle noire de mon haut.

Je lève alors les yeux vers le ciel qui est aussi sombre que de l'encre. Je suis toujours sur la terrasse du jardin, les lumières illuminent intensément, beaucoup trop à mon goût. Lorsque l'environnement est trop lumineux, on ne peut pas voir les étoiles. Et pourtant, c'est exactement de ça dont j'ai besoin. Me perdre dans cet autre monde. Ce monde calme et de toute beauté.

Je me souviens que quand j'étais petite, je pouvais passer des heures à observer les étoiles, allongée dans l'herbe avec mes parents. Le lendemain matin, je me retrouvais dans mon lit. Je pensais que c'était magique, qu'une force supérieure me transportait pendant mon sommeil jusqu'à ma chambre. Et puis, un soir, je me suis légèrement réveillé, mon père me portait dans les escaliers, et puis il me borda en me glissant à l'oreille : Fait de doux rêves, ma petite étoile.

Je donnerais tout ce que j'ai pour revivre un moment comme celui-ci.

Je repère un coin au fond du jardin, où aucune lumière ne semble éclairer. Mes pieds se mettent à avancer un peu maladroitement à cause de l'alcool, mais je parviens à y arriver sans trop d'encombres. Au moins, je ne suis pas tombée.

Il me faut un peu de temps pour que mes yeux s'habituent à l'obscurité. Je m'assieds en tailleur, dos à la maison. Je veux profiter un maximum de ce moment hors du temps. Je savoure chaque seconde où je vois Orion devenir de plus en plus brillante. Dans la mythologie grecque, Orion est un chasseur légendaire qui se vantait de pouvoir tuer n'importe quel animal. Enfin, je crois que c'est Orion, je dois dire que je n'en suis pas vraiment certaine, à cause de l'alcool.

Mais voir les étoiles me réchauffe tout de même le cœur, bien que je n'arrive plus trop à les différencier. J'essaye quand même de trouver Le Cygne. Je devrais être capable de la trouver, même si je suis un peu éméchée.

Je tourne la tête dans l'immensité du ciel. Mais avant que je puisse poser les yeux sur ma constellation favorite, mon regard est attiré par un bruit sur ma droite. Je distingue la forme de l'arbre qui est proche de moi, et je suis persuadée que ce que j'entends viens de par ici. Je plisse les yeux pour tenter de mieux y voir, et c'est à ce moment que je comprends le son qui me parvient aux oreilles.

Il s'agit d'une respiration haletante, à moins que... Non, c'est deux personnes que respirent lourdement, et qui... Oh, oui, j'ai bien compris. Il y a un couple qui est en train de faire l'amour contre cet arbre à quelques mètres de moi.

Je ne sais pas trop comment je dois réagir, ni ce que je dois faire. Est-ce que je m'en vais sans me faire repérer ou est-ce que je glisse un rapide : « Je ne voulais pas vous déranger » avant de partir ? En y pensant, leur parler pendant qu'ils sont en plein acte sexuel me paraît déplacer et surtout gênant.