Exister... ou pas.

307 25 8
                                    

Un matin, le réveil sonne.

Les nuages s'amassent dans le ciel gris, dans un silence nuancé par le croassement de quelques corbeaux, le brouhaha du vent, et le cliquetis des arbres. D'un pas rapide, vous grimpez sur le toit de la bâtisse qui vous sert de maison, fatigués d'avoir dormi. Les rues sont vides. L'horizon est pale. C'est pourtant une journée d'été, allègre, ou du moins sélectionnée pour l'être.

Mais elle ne l'est pas.

Vous ne l'êtes pas. Vous ne l'avez pas été hier non plus, ni l'avant-veille. Naturellement, vous ne vous attendez pas a l'être le lendemain. Pourquoi? Pourquoi tant de chagrin, tant de tristesse? Pourquoi tant d'appréhension, tant d'angoisse? Tant d'agitation, alors que tout est calme, alors que vous êtes vide. Alors que vous n'êtes... Rien. Vidés de toute pulsion, vidés de toute volonté, vides de toute énergie.

''Mais je veux vivre moi..'', alors qu'en réalité, vous ne vivez pas... vous laissez passer les jours, l'un après l'autre. Un oiseau atterrit a l'autre bout du toit. Puis il s'envole, dans le silence. Le vent ne cesse de caresser délicieusement votre chevelure, de souffler quelques souvenirs sinistres dans vos oreilles, et d'effleurer votre cou tout chaud.

Tout continue. Le vent. L'oiseau. Et pourtant, chaque pas vous coute un monticule d'endurance. Chaque jour a le prix des plus fortes volontés. Mais vous ne vivez pas. Vous faites semblant de le faire, mais au fond, vous le savez. Vous savez que vous vous efforcer de croire que c'est tout ce a quoi vous aurez droit. Vous vous efforcer a continuer. A tolérer le blues, a tolérer le vide, a tolérer les jours, a tolérer les insomnies, a tolérer la tristesse, les larmes, le mal, la solitude, la peur et l'accablement. A taire les cris, les pleurs, la révolte, le soucis, le doute, les regrets , les souvenirs. Vous vous efforcer a accepter le vide, a vivre le vide.

Vous vous efforcer a être le vide, pour ne pas être son opposé, et étouffer.

''Mais je veux vivre moi..''. Mais Vous ne vivez toujours pas. Les jours passent, et vous ne vivez toujours pas! Les pieds suspendus depuis le bord du toit, vous regarder les dalles du trottoir. Pourquoi continuer, si un simple saut rompra votre existence? ''Mais je veux exister''... Vous connaissez la réponse. La plus absurde des réponses. Vous vous redressez et examinez l'horizon de nouveau. Votre cou commence a refroidir. Ouais... La journée a commencé. Le vide s'est réincarné. Les contemplations ne vous ont mené nulle part. Ce n'est pas une nouveauté. Vous allez continuez, même si l'un des maux les plus difficiles a guérir est...

Le mal d'exister.

-M

J'écris, j'écris et j'écris...Onde histórias criam vida. Descubra agora